Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

La population étrangère est très inégalement répartie sur le territoire. Près de 350 000 étrangers, de nationalités fort variées, vivent dans la Région parisienne, vers laquelle par ailleurs les plus forts contingents d’immigrants ont convergé ces dernières années. Malgré les difficultés économiques récentes, les étrangers sont encore nombreux dans le Nord (Polonais, Nord-Africains) et dans la Lorraine sidérurgique (Italiens, Nord-Africains) : la Moselle est un des départements où les étrangers sont proportionnellement les plus nombreux. Très fortes aussi sont les colonies étrangères de la région lyonnaise et des Alpes du Nord (Italiens et Nord-Africains entre autres), des pays méditerranéens (Italiens en Provence, Espagnols en Languedoc et en Roussillon) et du Sud-Ouest (Espagnols et Portugais surtout) : c’est au sud d’une ligne tirée de Bordeaux à Toulouse et à Briançon que les étrangers sont, proportionnellement à la population totale, les plus nombreux. Si des étrangers travaillent dans l’agriculture, notamment dans le sud de la France, et d’autres comme gens de maison, la plupart d’entre eux sont employés dans l’industrie, essentiellement comme manœuvres : la carte de la population étrangère en France se calque en grande partie sur celle de la population urbaine et sur celle des centres industriels. Les étrangers sont par contre peu nombreux dans le sud et l’ouest du Massif central, ainsi qu’à l’ouest d’une ligne Bordeaux-Tours-Le Havre.


La répartition spatiale des actifs par secteurs

Environ 40 p. 100 des Français exerçaient une activité en 1968 : soit un peu plus de 20 millions. Les travailleurs de l’agriculture, dont le nombre ne cesse de décroître, sont environ 3 millions (soit 15 p. 100 de la population active totale). Parmi eux, on compte 500 000 salariés seulement, employés surtout dans les régions de grande culture du nord de la France et dans la région méditerranéenne. Le nombre des travailleurs de l’industrie (bâtiment et travaux publics inclus), en progrès constants, approche les 8 millions, soit près de 40 p. 100 de la population active : la très grosse majorité est, dans ce secteur, constituée de salariés. Plus rapide encore est le développement des emplois tertiaires : près de 9,2 millions de personnes, soit 45 p. 100 de la population active, travaillent dans ce secteur, aux activités de plus en plus diversifiées.

Dans les régions situées à l’ouest d’une ligne allant du Havre à Dijon et au delta du Rhône, les agriculteurs sont encore très nombreux. Ils constituent la majorité de la population active dans les régions faiblement urbanisées (Ouest armoricain, Massif central et Aquitaine intérieure) ; ils sont aussi nombreux que les travailleurs de l’industrie et du secteur tertiaire dans les régions et départements à taux d’urbanisation croissant (Basse-Loire et Loire moyenne, Charentes, Bas-Languedoc, piémont pyrénéen et surtout Gironde et Haute-Garonne). Dans la partie orientale du pays, seuls les pays de la Saône et le Jura d’une part, la Champagne, la Lorraine occidentale et la Picardie d’autre part gardent une forte teinte agricole. Les régions frontalières de la Belgique (de Sedan à la mer), le Nord-Est, la Loire et l’Isère ont une population en majorité industrielle ; les activités tertiaires l’emportent dans la Basse-Seine, l’Alsace du Nord, la Provence et la Côte d’Azur. Secteurs secondaire et tertiaire s’équilibrent à peu près dans l’agglomération parisienne.


Un siècle d’évolution


Un renouveau démographique qui semble s’achever

Du milieu du xixe s. à la Seconde Guerre mondiale, le rythme d’accroissement naturel de la population n’avait cessé de diminuer. Si la mortalité régressait, la natalité baissait encore plus vite. L’excédent naturel annuel diminua alors assez régulièrement. Légèrement remonté après 1918, il retomba vite et, de 1935 à 1939, les décès furent chaque année plus nombreux que les naissances, dont la fréquence annuelle pour 1 000 habitants tomba aux environs de 13. C’est une France très affaiblie démographiquement, et continuant à s’affaiblir, que frappèrent les deux guerres mondiales. De 1914 à 1918, 1 500 000 hommes furent tués et près de 1 million, mutilés. On enregistra par ailleurs une chute brutale de la natalité qui se répercuta vingt ans plus tard sur la nuptialité et la natalité (d’autant plus que cela correspondait à une période de graves difficultés économiques) : de là le déficit des naissances enregistré à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci causa à son tour la perte d’environ 600 000 vies humaines, mais de personnes d’âges et de sexes différents.

Depuis 1945, la France a connu un vigoureux renouveau démographique, donnant un croît naturel de plus de 300 000 personnes (soit de 7 à 8 p. 1 000 en moyenne) par an, tout au moins jusqu’en 1967. L’excédent provient en partie d’une diminution de la mortalité, encore que, compte tenu du fort pourcentage de personnes âgées, le taux de mortalité (qui était, il est vrai, supérieur à 15 p. 1 000 avant 1939) n’a pu être ramené au-dessous de 11 p. 1 000. Les taux les plus élevés sont enregistrés dans le centre de la France (Limousin, Auvergne, Bourgogne) et dans la moitié méridionale du pays. Le déclin de la mortalité reflète du reste très largement celui de la mortalité infantile, ramenée, elle, de 160 p. 1 000 au début du xxe s. à 65 p. 1 000 de 1946 à 1950, à 20 p. 1 000 de 1960 à 1965 et à 17 p. 1 000 actuellement.

Mais le renouveau démographique a été essentiellement lié à une reprise fort vigoureuse de la natalité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et au début des années 50 (taux de natalité supérieur à 20 p. 1 000, soit de 800 000 à 900 000 naissances par an). Ce taux s’est affaissé au cours de la décennie 1960-1970 au point de se rapprocher d’un niveau voisin de celui d’avant-guerre (16 p. 1 000 environ). Il reste que, la population étant aujourd’hui plus nombreuse, on enregistre encore plus de 800 000 naissances par an (contre 600 000 avant 1939) ; cette natalité est par ailleurs plus forte dans les régions situées au nord des lignes La Rochelle-Orléans-Genève que dans les régions méridionales, où le vieillissement de la population est plus marqué. Cette évolution reflète d’abord la forte reprise de natalité, liée aux mariages différés, dans les années qui ont suivi la guerre ; elle traduit aussi un abaissement de l’âge moyen du mariage et une moyenne plus élevée d’enfants par famille. Ce renouveau fut favorisé par la politique nataliste des gouvernements français depuis la guerre : en votant en 1939 le Code de la famille, le Parlement inaugura une politique qui trouva sa pleine application à la Libération. Néanmoins, depuis 1965, le taux de natalité s’est sensiblement affaissé, et la fécondité a beaucoup diminué, sans qu’on puisse encore dire quelle est l’importance du développement des pratiques anticonceptionnelles dans cette nouvelle évolution.