Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

four (suite)

Fours à plâtre

Après son extraction, le gypse, ou pierre à plâtre, est soumis à la cuisson, mais à des températures très inférieures à celles qui sont utilisées pour les ciments ou même pour les chaux : la température idéale est de 250 °C, sauf pour le « plâtre à plancher » (anhydrite SO4Ca, anhydre soluble, cuit à 1 000 °C et utilisé surtout en Allemagne). Le plus ancien four, encore parfois utilisé, est le four-culée, formé de trois murs d’équerre, où les blocs sont entassés au-dessus d’un foyer grossier, chauffé au bois ou au coke durant vingt à trente heures. Les fours verticaux à plâtre ressemblent aux fours à chaux, à cette différence, toutefois, que les blocs sont chauffés par foyer et non mélangés au combustible. Les fours mécaniques rotatifs, qui se développent de plus en plus depuis trente ans, sont à fonctionnement discontinu ou continu.


Fours à briques (ou fours à terre cuite)

Le séchage moderne des briques crues (briques de glaise) se fait dans des fours-tunnels, qui donnent une dessiccation rapide, mais, en outre, régulière et homogène. La circulation des gaz de chauffage se fait à contre-courant de celle des produits à cuire. Dans les installations modernes, on utilise pour la cuisson des fours à chargement et à déchargement continus ; le type est le four Hoffmann circulaire : les briques sont immobiles, et c’est le four qui se déplace ; il y a une douzaine de compartiments disposés en anneau autour de la partie centrale, qui servent tour à tour à l’enfournage et au défournage. Des fours de type plus récent sont en zigzag. Il existe aussi des fours tournants, dits « fours-tunnels de cuisson », qu’il ne faut pas confondre avec les fours-tunnels de séchage : le feu, alimenté par du gaz pauvre de gazogène, y est immobile, et ce sont les briques qui se déplacent.

R. Le R., I. P., A.-H. S. et M. D.

➙ Acier / Élaboration / Électrométallurgie / Fonderie / Fonte / Traitement / Verrerie.

 V. A. Paschkis, Industrial Electric Furnaces and Appliances (New York, 1945-1948 ; 2 vol. ; trad. fr. les Fours électriques industriels, Dunod, 1952). / P. Lebeau, les Hautes Températures en chimie (Masson, 1950 ; 2 vol.). / W. Trinks, Industrial Furnaces (New York, 1954 ; 2 vol. ; trad. fr. les Fours industriels, Dunod, 1957 ; 2 vol.). / R. Boutigny et G. Danielou, « Les Fours à arcs modernes », dans Métallurgie, t. IV (Techniques de l’ingénieur, 1956). / R. Henrion, « les Fours de traitements thermiques », dans Métallurgie, t. III (Techniques de l’ingénieur, 1956). / H. Bourdon, Aciéristes et fondeurs, le four électrique basique (Dunod, 1957). / D. Warburton-Brown, la Pratique du chauffage par induction (Eyrolles, 1959). / M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; nouv. éd., 1971 ; 3 vol.). / H. Lecompte, Cours d’aciérie (Éd. de la Revue de métallurgie, 1963). / M. A. Glinkov, Fondement de la théorie générale du fonctionnement des fours (trad. du russe, Masson, 1971).

Fourier (Charles)

Théoricien socialiste français (Besançon 1772 - Paris 1837).



L’ennemi juré du commerce

Dernier-né et seul fils d’un marchand de drap (qui se fit ensuite épicier et que ses collègues chargèrent des fonctions de premier juge consulaire) et d’une mère issue, elle aussi, d’une famille de commerçants, Charles Fourier fut, dit-il, bouleversé dans son enfance de voir qu’on trichait constamment sur le poids et sur la qualité. « Je fis à sept ans, rapportera-t-il plus tard, le serment que fit Hannibal, à neuf ans, contre Rome ; je jurai une haine éternelle au commerce. »

Son père meurt alors qu’il n’a que neuf ans. Charles peut, cependant, poursuivre ses études. Il aurait souhaité être ingénieur militaire, mais, sous l’Ancien Régime, le corps n’était pas accessible aux roturiers. D’autre part, son père lui a interdit de disposer de l’héritage avant d’avoir atteint trente ans s’il ne se voue pas au commerce. Sa mère essaie de le décider à suivre la volonté paternelle. À diverses reprises, il semble avoir « déserté » l’emploi qui lui a été attribué. En 1793, à Lyon finalement, il cède. Il sera commis-voyageur en étoffes dans diverses villes ; il vivra à Paris ses dix dernières années. Mais sa haine du commerce ne désarme pas pour autant. Pour lui, les commerçants sont des parasites ; ils ne produisent rien, ils vivent au détriment des paysans et des manufacturiers d’un côté, des consommateurs de l’autre.


L’ennemi de la violence

Il semble bien, cependant, qu’à un moment au moins de sa vie Fourier ait été tenté par la spéculation, mais l’heure était mal choisie. En 1793, avec une partie de l’héritage de son père, il achète à Marseille diverses denrées coloniales et les fait envoyer à Lyon ; elles y parviennent au moment de l’insurrection royaliste et sont réquisitionnées. Quand les Montagnards l’emportent, il n’est pas question d’exiger d’eux une indemnité. Tout au contraire, Fourier est arrêté, menacé de l’échafaud, mais finalement relâché ; demeuré sur les listes de suspects, il est enrôlé dans l’armée révolutionnaire. Quand il est libéré, on lui rend ce qui reste de sa fortune en assignats dépréciés, ce qui le condamne à revenir provisoirement au commerce.

Est-ce le souvenir de ces années difficiles ? Fourier conservera la haine des pouvoirs dictatoriaux et de la violence. Il se réjouit des insurrections lyonnaises de 1831 et de 1834, mais n’y participe pas. Pour lui, le principe de toute morale, c’est de suivre ses passions et d’utiliser même celles qui, jusqu’ici, ont été officiellement réprouvées par la société : « Ma théorie se borne à [...] utiliser les passions réprouvées, telles que la nature les donne et sans y rien changer. »


Pour un travail attrayant

Ennemi du commerce, Fourier l’est aussi du salariat, dont il critique tous les aspects — l’exploitation, l’insécurité, les risques, l’oppression — et dont il dénonce toutes les conséquences. Rien d’étonnant, pense-t-il, à ce que le travail ait toujours été considéré comme une souillure ou comme une malédiction. Mais il n’est pas fatal qu’il en soit ainsi. Le travail peut être attrayant s’il est aménagé de manière à satisfaire toutes les passions. Car Fourier va à contre-courant de la morale traditionnelle qui « envisage la duplicité d’action comme état essentiel et destin immuable de l’homme ».