Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Ford (John) (suite)

« Trouver l’exceptionnel dans le quelconque, l’héroïsme dans le quotidien, voilà le ressort dramatique qui me convient. Comme de trouver le comique dans la tragédie. » Cette profession de foi dépeint parfaitement un metteur en scène qui, dans de très nombreux films, s’est fait le défenseur d’un groupe ou d’une minorité menacés dans leur stabilité même — qu’elle soit physique ou morale — par un danger extérieur. John Ford apparaît comme un idéaliste généreux, chantre du petit peuple et des communautés opprimées, particulièrement à son aise quand il s’agit d’exalter certaines vertus : le courage, l’amitié virile, l’esprit de justice et de fraternité. Mais cette philosophie, en laquelle on peut aisément reconnaître toute une tradition de libéralisme américain héritée d’Abraham Lincoln, loin de tomber dans la mièvrerie ou l’emphase, se développe bien au contraire dans un climat de tonicité à toute épreuve. C’est que cet humaniste prend toujours le parti de la vie, de l’action, du mouvement. Fier de ses origines irlandaises, John Ford se sent attiré par le mélange — parfois explosif — du burlesque et du tragique : on retrouve ce perpétuel balancement du récit non seulement dans ses principaux westerns, dont certains sont devenus de véritables archétypes, mais aussi dans plusieurs comédies hautes en couleur (comme l’Homme tranquille par exemple). D’un côté la force, la détermination, la rusticité, l’apparente brutalité ; de l’autre le calme, la puissance de persuasion, l’obstination résolue du héros qui lutte pour que la justice soit faite. L’œuvre de John Ford ressemble ainsi à une vaste saga, l’une des rares sagas cinématographiques de l’Amérique du xixe et du xxe s.

J.-L. P.

 J. Mitry, John Ford (Éd. universitaires, 1954 ; 2 vol. ; 2e éd. en 1 vol., 1964). / T. Kezich, John Ford (Parme, 1958). / John Ford, numéro spécial de Présence du cinéma (mars 1965). / P. Haudiquet, John Ford (Seghers, 1966 ; nouv. éd., 1974). / P. Bogdanovich, John Ford (Londres, 1968). / J. Baxter, Cinema of John Ford (Londres, 1971). / C. Beylie et J.-L. Rieupeyrout, John Ford (l’Avant-scène, 1975).

forêt

Formation végétale caractérisée par les arbres, qui y forment un peuplement quasi contenu.


La forêt est une formation végétale composée principalement d’arbres, mais aussi d’arbustes et d’arbrisseaux, aux branches desquels grimpent parfois des lianes. À cet ensemble s’ajoute tout un cortège de végétaux et d’animaux qui individualisent les divers groupements forestiers. Ces associations d’êtres vivants agissent sur le climat local et le sol et déterminent le « milieu forestier ».


Facteurs physico-chimiques du milieu forestier

La température dans les strates inférieures des forêts varie nettement moins qu’à l’extérieur. L’humidité de l’air est d’autre part plus forte en forêt ; elle varie beaucoup suivant le niveau, augmentant de la cime au sol, où elle est presque toujours à saturation. Mais c’est la lumière qui joue le rôle le plus important dans le repeuplement des coupes et clairières comme des espaces libérés par la mort d’un arbre. En effet, c’est elle qui sélectionne les espèces et qui conditionne leur forme. On distingue ainsi des plantes d’ombre, telles que le Sapin et le Hêtre, qui ne peuvent germer, puis se développer pendant leur jeunesse que sous un faible éclairement, et, à l’opposé, des plantes de lumière (le Chêne, le Pin sylvestre), qui doivent obligatoirement recevoir une lumière non atténuée pour germer. À l’état adulte, tous les arbres de nos régions ont besoin de beaucoup de lumière à leur sommet pour acquérir un développement normal ; c’est aussi à la faible intensité lumineuse des sous-bois que sont dus le faible développement et la mort rapide des branches basses. Le vent a une action importante sur la forêt en limitant son extension, les vents forts intervenant dans la morphologie des arbres, qui prennent une forme en drapeau ; le dessèchement de certains bourgeons empêche alors la croissance. Les sols forestiers sont, dans les régions de vieille civilisation, le plus souvent assez pauvres, les sols de bonne qualité étant réservés aux cultures, mais la productivité est fonction de la valeur des terrains. Ces sols, acides et meubles le plus souvent, ont une profondeur variable qui détermine le couvert végétal ; ainsi, lorsqu’ils sont très minces, c’est-à-dire de 30 cm ou moins au-dessus de la roche mère, on trouve des Bouleaux, des Trembles, des Pins et des Aulnes ; s’ils sont assez épais, 60-70 cm, les Hêtres, les Charmes et les Epicéas sont les plus fréquents, les sols profonds étant colonisés par des Châtaigniers, les Sapins et les Mélèzes ; les Chênes demandent pour bien se développer plus de 1,30 m de terre arable.

Suivant les conditions écologiques, et aussi en fonction des traitements subis par la forêt, on distingue divers types de couverts arborescents ; à l’état naturel, ces grands types forestiers sont surtout liés aux climats régionaux.


Grands types forestiers mondiaux


La forêt équatoriale de plaine (forêt dense équatoriale)

Elle s’épanouit surtout au Zaïre, en Insulinde, à Ceylan et en Amazonie ; elle subit un climat assez uniforme toute l’année, avec des températures élevées (26 °C environ de moyenne) et des pluies abondantes (dépassant 1 500 mm annuellement) qui créent un climat chaud et humide continu. C’est une forêt sans Conifères, dont les feuilles sont persistantes, dont les fleurs apparaissent toute l’année et dont le bois ne présente pas de couches annuelles distinctes. Ordinairement non travaillée par l’Homme (forêt vierge), elle est dense et possède de très nombreuses espèces différentes (près d’un millier). Sa physionomie est bien typique, car elle possède habituellement quatre ou cinq niveaux (contre au plus deux ou trois dans les forêts européennes) ; c’est ainsi que certains grands arbres isolés (parfois plus de 50 m de haut et un tronc de plus de 2 m de diamètre) émergent de la voûte continue, qui se situe vers 35-40 m de haut. Certaines de ces espèces (Fromagers par exemple) présentent à la base de leur tronc de puissants contreforts qui consolident l’enracinement, assuré aussi par de nombreuses racines qui partent parfois de branches élevées et qui descendent directement vers le sol (Figuier-Banian). Au-dessous de ces arbres se trouvent des espèces de taille plus réduite, et parfois même des arbustes (Dracœna), mais également de très nombreuses lianes, qui sont présentes à tous les niveaux et peuvent atteindre parfois plusieurs centaines de mètres de longueur : on peut citer les Palmiers grimpants (Rotangs) et les Figuiers étrangleurs. Ces différentes strates de végétation font que la lumière arrivant au sol est faible et que le couvert herbacé est très réduit (plantes parasites : Rafflesia). En outre, les épiphytes abondent : Orchidées, Fougères, Aracées et Broméliacées, ces dernières en Amérique. La faune des forêts denses tropicales est variée et a permis la persistance de groupes primitifs comme les Péripates. Cette forêt, formée naturellement, est fragile. En effet, si elle est défrichée ou brûlée, elle n’est pas remplacée de sitôt ; c’est d’abord une « forêt secondaire » qui se constitue à sa place, avec tout un lot d’espèces différentes fournissant ordinairement des bois de qualité médiocre. Auguste Chevalier pensait que la régénération de la forêt primitive demanderait au moins plusieurs siècles, mais d’autres auteurs sont persuadés que « la forêt équatoriale, une fois détruite, ne se reconstitue pas ». De nombreux types de forêts denses existent suivant les stations ; on distingue les forêts ombrophiles, de montagne, de transition, marécageuses, littorales...