Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

flûte (suite)

Répertoire des solistes

Le répertoire des solistes est si riche qu’il nous faut établir une sévère sélection. Pour la musique ancienne, les recherches musicologiques, liées à l’effort des éditeurs, apportent sans cesse de nouvelles œuvres. Quant à la musique moderne, son catalogue s’accroît de jour en jour. Parmi ces pages musicales, citons, pour le xviiie s., les nombreuses sonates de J.-B. Loeillet pour flûte et basse continue, de J. C. Pepusch et de Vivaldi, auteur de concertos pour flûte ou piccolo avec orchestre à cordes, les douze sonates pour flûte et basse continue de J. Mattheson, les nombreuses sonates et les concertos pour flûte à bec et flûte traversière de Telemann, les sept sonates pour flûte et clavecin et la sonate en la mineur pour flûte seule de J.-S. Bach, les sonates de Händel, de A. Marcello et de L. Vinci, les sonates et le concerto pour flûte et orchestre de Jean-Marie Leclair, les nombreuses sonates pour une ou plusieurs flûtes et les concertos de J. J. Quantz, les six sonates et le concerto de M. Blavet, le concerto de J.-B. Pergolèse, les sonates des fils de Bach (Friedemann, Emanuel, Christoph, Christian), le concerto de Gluck, la sonate de Haydn, le concerto de A. M. Grétry, le concerto pour 2 flûtes et orchestre de D. Cimarosa, les concertos en sol et pour flûte et orchestre, le concerto pour flûte, harpe et orchestre, et l’andante pour flûte et orchestre de Mozart, la sonate en si bémol de Beethoven.

Pour la période romantique, on peut citer le concerto pour flûte et orchestre de K. Reinecke. Grâce à Gabriel Fauré, qui, sur la demande de Paul Taffanel, écrit la Fantaisie pour flûte et piano, s’ouvre une nouvelle période, marquée par des œuvres pour flûte seule ou avec piano, harpe ou orchestre. Parmi les compositeurs inspirés par la flûte, il faut citer Saint-Saëns, H. Busser, C. M. Widor, G. Hüe, C. Chaminade, C. Kœchlin, A. Roussel, F. Schmitt, P. Gaubert, J. Ibert, F. Martin, B. Martinů, G. Migot, S. Prokofiev, A. Honegger, D. Milhaud, G. Dandelot, J. Rivier, A. Tansman, H. Tomasi, C. Arrieu, A. Jolivet, I. Matsudaira, J. Françaix, H. Dutilleux, J. M. Damase, M. Bitsch, P. Sancan, P. Hindemith, T. Harsányi, M. Thiriet, S. Nigg, E. Varese, P. Boulez, P. Arma, etc.


Les grands solistes d’autrefois

Les ménestrels du Moyen Âge donnaient des concerts en jouant de la flûte accompagnée par le luth. Le plus ancien de ces flûtistes est probablement Chenenudy vers 1400 ; mais c’est à Versailles, quelque deux cents ans plus tard, que la flûte fut véritablement l’instrument favori des rois et des reines, et l’on doit citer en premier lieu les flûtistes célèbres de la cour de Louis XIV : Philibert Rebillé dit Philibert, René Pignon des Coteaux, Hotteterre le Romain (v. 1684 - v. 1760), auteur des Principes de la flûte traversière.

Citons encore : Jean-Baptiste Lœillet (né à Gand en 1688) ; Johann Joachim Quantz (1697-1773), célèbre par son important Essai, par ses nombreuses œuvres et par la place qu’il occupa à la cour de Frédéric II le Grand, devenu son disciple ; Michel Blavet (1700-1768), qui tenait sa flûte à gauche ; Johann George Tromlitz (1725-1805) ; Johann Baptist Wendling (1723-1797), flûtiste de la chapelle à Mannheim, très lié à Mozart ; François Devienne (1759-1803), qui fonda la première classe de flûte au Conservatoire de Paris (1795) auteur d’une méthode ; l’Anglais George G. Rudall (1781-1871), virtuose et facteur ; T. Berbiguier (1782-1838), musicien très cultivé, remarquable pédagogue, auteur d’une méthode et d’études renommées ; Friedrich Kuhlau (1786-1832), ami intime de Beethoven, compositeur pour la flûte ; Jean-Louis Tulou (1786-1865), soliste à l’Opéra, professeur au Conservatoire de Paris et qui, ennemi acharné de la flûte de Böhm, inventa avec Nonon un autre système et composa de nombreuses œuvres et études ; Anton Bernhard Fürstenau (1792-1852), flûtiste à la chapelle de Dresde, dont les études restent célèbres ; Louis Drouet (1792-1873), protégé de Napoléon Ier, ami de Mendelssohn ; l’Anglais Charles Nicholson (1795-1837) ; Theobald Böhm (ou Boehm, 1794-1881), qui révolutionna vers 1830 l’art de la flûte non seulement par son invention, mais aussi par sa virtuosité et par la pédagogie qu’il montra dans ses études et caprices ; l’Allemand H. Soussmann (1796-1848) ; Vincent Dorus (1812-1896), grand-père d’Henri Rabaud, inventeur d’une clé fermée sur la flûte Böhm, instrument qu’il introduisit au Conservatoire de Paris lorsqu’il succéda à Tulou ; Giulio Briccialdi (1818-1881), qui laissa de brillantes compositions, inventeur de la clé de si bémol ajoutée à la flûte de Böhm ; Joseph-Henri Altès (1826-1895), successeur de Dorus au Conservatoire et qui écrivit une méthode ; Paul Taffanel (1844-1908), dont le nom restera lié à l’évolution du style français ; le Danois Joachim Andersen (1847-1909), célèbre par sa virtuosité et ses études ; citons enfin Adolphe Hennebains (1862-1914), Léopold Lafleurance (1865-1953), Georges Barrère, Louis Fleury (1878-1926), Philippe Gaubert (1879-1941), Gaston Blanquart (1877-1962).


La flûte à l’orchestre

Sans remonter à l’Antiquité, qui nous révèle le rôle important des diverses sortes de flûtes, nous savons qu’au Moyen Âge les flûtes à bec doublaient ou remplaçaient les voix dans les ensembles. Un témoignage de 1534 nous apprend que, dans un concert « avec cinq dessus et une basse-contre, il y avait une épinette, un joueur de luth, dessus de viole et une fleute-traverse ». En ce xvie s., il existait des concerts de flûtes dont les familles étaient employées pour des intermèdes, tel celui du Ballet comique de la Reyne (1582). Le père Mersenne cite un concert à 4 parties pour les flûtes à bec et un air de cour pour 4 flûtes traversières.

Le rôle des flûtes à l’orchestre est encore confus à l’époque de Lully, qui marquait une préférence pour les flûtes à bec. Elles servaient à renforcer les cordes ou se joignaient aux instruments de timbre doux : le hautbois par exemple. Dans Persée, Lully n’écrit qu’une partie pour les deux instruments, mais, dans un de ses ballets, on trouve un exemple d’écriture à 4 parties pour les flûtes. Il faut attendre le xviiie s. aussi pour trouver un emploi plus caractéristique de la flûte, qui fut qualifiée rossignol de l’orchestre. Quittant le caractère pastoral des airs de bergers et de rossignols, la flûte deviendra pathétique chez Gluck, qui lui demandera une grande force d’expression. Grâce à son timbre, que l’on ne peut confondre avec aucun autre instrument, Haydn, Mozart et Beethoven lui donneront un rôle important dans leurs symphonies. Mendelssohn fut un précurseur des accords éthérés confiés aux flûtes, dont Wagner devait aussi faire un grand usage. Puis Bizet, Debussy, Ravel, Roussel, R. Strauss donnèrent une large importance à la flûte, ainsi que les compositeurs allemands, russes et tous les compositeurs du xxe s., qui continuent à lui donner une large place. Au piccolo et à la glande flûte en ut s’ajoute quelquefois la flûte en sol, que Rimski-Korsakov appelait flûte alto, utilisée notamment par Ravel et Stravinski et dont le timbre mélancolique est du plus heureux effet dans la coloration orchestrale.