fluidique (suite)
Principes de base
On utilise en fluidique des écoulements sensibilisés à une action extérieure par leur nature ou par leur interaction avec les parois qui les bordent. Ainsi, un jet principal, dit « jet de puissance », perturbé par l’action d’un jet de commande donne un écoulement variable dans un récepteur.
Les principaux effets utilisés sont le passage provoqué du régime laminaire au régime turbulent produisant l’éclatement du jet, la déviation de la direction d’un jet par un jet transversal de plus faible puissance, la commande de l’attachement spontané d’un jet à une paroi inclinée ou courbe, la création d’une dépression dans un écoulement rendu tourbillonnaire, le modelage de la figure d’écoulement formé par l’impact de deux jets opposés...
Les composants des circuits fluidiques, dits « modules élémentaires », réalisent des fonctions simples, logiques ou analogiques selon que l’écoulement dans les canaux de sortie change brusquement d’état ou varie graduellement sous l’effet de la commande. On distingue les composants actifs, pourvus d’une alimentation continue en fluide sous pression, capables d’amplifier un signal, des composants passifs, qui ne combinent que des signaux de commande.
Les composants à pièces mobiles sont réalisés à l’aide de petites membranes, de clapets différentiels ou de tiroirs.
Historique
Les phénomènes de mécanique des fluides utilisés en fluidique sont connus depuis fort longtemps. L’effet d’attachement a été décrit par Thomas Young (1800 et expérimenté par Henri Maxime Bouasse (1932), avant d’être employé par Henri Coandă. Des descriptions de composants fluidiques remontent à 1927 (R. E. Hall). La première application industrielle connue, faite en France en 1954, concerne l’inversion de la poussée des turboréacteurs (Raymond Marchal, Jean Bertin). Une équipe dirigée par Billy M. Horton aux États-Unis créa les premiers composants des circuits de traitement de l’information à partir de 1960 et contribua fortement à l’essor de la technique fluidique.
Techniques de réalisation emploi
Les composants fluidiques sans pièces mobiles sont constitués de fins canaux rectangulaires ou cylindriques obtenus par gravure dans les plaques de matériaux divers (plastique, métal, verre, céramique) ou par assemblage de tubes. Ils sont connectés à l’aide de tubes ou de canaux gravés (circuits intégrés). Bien que beaucoup moins rapides que les composants électroniques, ils remplissent les mêmes fonctions et restent utilisables dans des conditions d’environnement sévères (températures très basses ou très élevées, radiations nucléaires). Ils trouvent naturellement leur emploi dans l’automatisation des processus intéressant les fluides.
C. P.