Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Floride

En angl. Florida. État du sud-est des États-Unis ; 151 670 km2 ; 6 790 000 hab. Capit. Tallahassee.



La géographie

Responsable d’une agriculture prospère et d’une grande activité touristique, le climat subtropical de la Floride est considéré comme sa principale richesse naturelle, malgré certains aspects défavorables. Habituellement, l’hiver est doux, surtout dans la partie sud (12,6 °C à Jacksonville en janvier, 19,5 °C à Miami, avec des minimums moyens respectifs de 7 et 14,5 °C). Le Sud échappe aux vagues de froid, comme celles des hivers 1894-95 et 1898-99, qui éliminèrent la culture des agrumes du nord de l’État. Les températures de l’été sont modérées pour la latitude (28 °C en juillet et en août sur la côte orientale) ; les maximums moyens sont, cependant, plus élevés dans le Nord que dans la région de Miami, où l’influence des eaux du large l’emporte sur celle des eaux continentales grâce à l’étroitesse de la plate-forme sous-marine. Les pluies, abondantes surtout dans le Sud (1 500 mm à Miami), tombent pendant la saison chaude (75 p. 100 de mai à octobre à Miami). Une partie des précipitations d’été est imputable aux typhons, qui détruisent parfois constructions et cultures, surtout près des côtes, où les vents sont les plus violents.

Les forêts, souvent remaniées par l’exploitation ou dégradées en fourrés, comprennent des espèces subtropicales de pins, mêlées de chênes et de noyers dans le Nord, de cyprès dans le Sud. Divers palmiers ornent les dunes des cordons littoraux, tandis que la mangrove occupe les côtes marécageuses du Sud-Ouest. Les crêtes sableuses de la partie centrale intérieure ne portent, à l’état naturel, que des steppes ou des broussailles. Au sud du lac Okeechobee s’étendent les Everglades, immenses marais couvrant 1 150 000 ha, célèbres par une faune (ibis, aigrettes, alligators) en voie de disparition depuis que des travaux (canaux, routes, aéroports) ont mis fin au déversement naturel du lac dans les marais.

Stimulée par les avantages du climat et les moyens de transport modernes, la colonisation agricole a exigé de coûteux travaux d’aménagement : la Floride étant un bas plateau karstifié dont les cavités sont occupées par des lacs (on en compte 30 000) qui débordent à la saison des pluies, on a dû drainer les terres amphibies et les protéger des inondations, tandis que les crêtes de sable stériles étaient amendées et engraissées. Après l’échec de la culture des agrumes, la région septentrionale s’est tournée vers l’élevage bovin et porcin, la culture du maïs et de l’arachide. La région centrale est devenue le domaine des agrumes ; pour des raisons microclimatiques, les vergers sont situés de préférence sur des pentes (circulation de l’air), au sud et au sud-est des lacs (adoucissement des vents froids d’hiver). Les 200 000 ha de plantations livrent 60 p. 100 de la production américaine d’agrumes (75 p. 100 des oranges, 20 p. 100 des pamplemousses, 5 p. 100 des mandarines). La plupart des vergers ont en moyenne 20 ha ; aussi leur gestion est-elle confiée à des entreprises qui peuvent employer les techniques les plus modernes sur des plantations groupées couvrant des centaines d’hectares ; elles se chargent même parfois de la commercialisation ; le propriétaire paie les frais d’exploitation ou, s’il réside en ville, reçoit une part du bénéfice. L’élevage bovin s’est développé dans cette région centrale grâce à la constitution des ranches (par défrichement et amendement), à l’emploi des résidus d’agrumes comme aliment du bétail et surtout à la création d’une race brahmane (par croisement avec le zébu de l’Inde) adaptée au climat. Le sud de la Floride produit légumes d’hiver et primeurs ; le climat y permet quatre récoltes par an ; la culture de la canne à sucre y connaît une expansion considérable depuis l’arrivée de Cubains. Au treizième rang des États pour l’ensemble de la production agricole, la Floride se place au sixième pour le revenu des cultures proprement dites.

Grâce à son climat, la côte atlantique est devenue la grande région de tourisme d’hiver pour l’est des États-Unis. Depuis peu, cette activité se développe au sud de Tampa et à l’ouest de Panama City. Saint Petersburg est surtout une ville de retraités : le tiers de la population y a plus de soixante-cinq ans.

Colonisation agricole et tourisme ont provoqué une expansion démographique remarquable. Au trente-troisième rang avec 753 000 habitants en 1910, la Floride est passée au neuvième avec 6 790 000 en 1970. Le taux d’accroissement a été le plus élevé entre 1950 et 1960 : 78,7 p. 100. La Floride, qui voulait rester un État blanc, compte aujourd’hui 18 p. 100 de Noirs.

Les trois quarts de la population se rassemblent dans les villes. Les principales agglomérations sont : Miami (1 270 000 hab.), grand centre économique et touristique : la région métropolitaine de Tampa - Saint Petersburg (1 013 000 hab. ; Tampa, troisième port du Golfe après La Nouvelle-Orléans et Houston, reçoit les bananes d’Amérique centrale et exporte des phosphates) ; Fort Lauderdale (620 000 hab.) ; Jacksonville (530 000 hab.).

La Floride a peu de ressources minérales, à l’exception des phosphates exploités à ciel ouvert dans la région de Tampa (70 p. 100 de la production des États-Unis). Sans sources d’énergie, mais important du gaz naturel du Texas, elle a multiplié par 8,5 la capacité de ses centrales thermiques depuis 1950, se haussant ainsi au dixième rang pour la production d’électricité. Parmi les industries, celle de l’alimentation occupe toujours la première place : ce sont surtout la fabrication des jus d’orange et de pamplemousse ainsi que le conditionnement des fruits et légumes (région centrale, district au sud du lac Okeechobee). Le Nord a une importante industrie du bois : résines et dérivés (un quart de la production nationale), pâte et papier, ameublement. L’industrie chimique s’est fixée à Pensacola, la construction mécanique et électrique, ainsi que l’électronique, à Tampa, à Saint Petersburg, à Jacksonville, la confection à Miami, l’industrie aérospatiale au cap Kennedy.

P. B.