Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Finlande (suite)

La vitalité de la population s’est signalée depuis près de trois siècles par une remarquable expansion démographique, avec l’occupation de nouvelles terres et la fondation de nouveaux centres de peuplement. La population est passée de 420 000 personnes en 1749 à 900 000 en 1808, à 2 millions en 1880, à 3 millions en 1908 et à 4 711 000 en 1970. En 1970, la moitié nord-est du territoire national rassemblait 10 p. 100 de la population, contre 4 p. 100 en 1880 et 1 p. 100 en 1750. La population de Laponie est passée de 40 000 personnes en 1880 (2 p. 100 de la population nationale) à 200 000 en 1970, représentant plus de 4 p. 100 des Finlandais ; la densité moyenne est de 15 habitants au kilomètre carré, avec 2,3 habitants en Laponie contre 7,3 sur les côtes de la baie de Botnie, dans la région d’Oulu, 16 dans la région des lacs, au sud-est, autour de Kuopio, et plus de 100 dans le département d’Uusimaa, où se trouve Helsinki.

La colonisation du territoire fut surtout rurale. Le nombre des exploitations est passé de 128 500 en 1895 à 207 200 en 1915, à 332 100 en 1924, à 481 000 en 1930 et à 774 000 en 1953. Après la guerre de 1941-1944, 420 000 personnes en provenance des territoires cédés à l’U. R. S. S. durent être réinstallées.

Le peuplement rural originel aggloméré prédomine dans le sud-ouest du pays, tandis qu’au nord l’habitat dispersé, n’excluant pas les villages, caractérise des régions de colonisation récente. En 1880, 9,3 p. 100 de la population vivaient dans les villes, alors qu’on en comptait 42 p. 100 en 1950 et 55 p. 100 en 1968. La plupart des villes se trouvent dans le Sud-Ouest. En dehors de la capitale, Helsinki*, on y trouve deux grandes villes. Turku (en suédois Åbo), capitale de la Finlande jusqu’en 1812, est le meilleur port du pays, accessible toute l’année, même par les hivers les plus rigoureux. Les chantiers navals, les constructions mécaniques et l’industrie alimentaire forment les secteurs industriels les plus développés. Tampere, plus à l’intérieur, est aussi une grande ville, spécialisée surtout dans les textiles, la chaussure et les machines.


L’économie


L’agriculture

En 1974, la population agricole représentait 16 p. 100 de la population active. N’occupant que 8,5 p. 100 de la superficie du pays, l’agriculture se développe dans un milieu naturel peu favorable, avec des étés trop courts et des hivers longs et rigoureux.

Depuis plus d’un siècle, le nombre des exploitants agricoles indépendants ne cesse d’augmenter avec la disparition presque complète du fermage. L’émancipation des fermiers et la nécessité de recaser les réfugiés de Carélie ont entraîné la diminution de la taille des exploitations. La superficie moyenne des exploitations agricoles de plus de 2 ha est passée de 10,9 ha en 1910 à 8,9 ha en 1959, tandis que leur nombre croissait de 166 000 à 289 000. La baisse a surtout affecté les grandes exploitations de plus de 25 ha, dont la part est tombée de 8,5 p. 100 du total national des exploitations en 1910 à 3,7 p. 100 en 1959. Les grands domaines de plus de 100 ha sont passés de 900 à 230, et la superficie de terres labourables qu’ils représentaient est tombée de 11 p. 100 de la superficie nationale cultivée en 1910 à 1,6 p. 100 en 1959. La diminution de la taille moyenne des exploitations est compensée par l’utilisation croissante des engrais, des semences plus résistantes, à germination rapide, et des moyens mécaniques de culture. Le nombre des tracteurs s’est élevé de 2 000 en 1930 à 14 000 en 1950 et à 160 000 en 1965.

L’importance de l’autoconsommation a obligé de tout temps les cultivateurs à travailler pour des récoltes incertaines et à pousser le plus loin possible vers le nord les limites de culture. Prairies artificielles et champs en céréales alternent sur l’ensemble du pays et se partagent à peu près également la superficie cultivable : 27 580 km2.

Le blé d’hiver et le blé de printemps ne sont cultivés que dans le Sud-Ouest, pour assurer le ravitaillement en pain des agglomérations urbaines. La production d’avoine a progressé avec le développement de l’élevage. La pomme de terre est cultivée partout, et la betterave à sucre dans le Sud-Ouest seulement.

Pour beaucoup de petites exploitations, les cultures maraîchères aux abords des villes sont une source de revenu appréciable. Le quart des serres (la presque totalité des serres spécialisées dans les tomates) sont localisées dans le sud de l’Ostrobotnie, région de parler suédois. Les oignons et les concombres sont cultivés dans les petits archipels côtiers du Sud-Ouest et dans celui d’Ahvenanmaa.

L’élevage laitier est devenu l’activité principale de la plupart des exploitations agricoles. Cette spécialisation est une vieille tradition. Depuis des siècles, les régions littorales exportaient leur beurre vers la Suède ou la Russie. La production de lait, qui procure du travail toute l’année et un revenu stable, est surtout l’affaire des petites exploitations, qui possèdent 77 p. 100 des vaches. La production moyenne annuelle de lait par animal est de 4 000 kg. La plupart des laiteries sont dans le Sud, quoique leur importance relative croisse vers le nord, où sont installées les plus récentes. Une bonne part d’entre elles dépendent de la grande organisation coopérative laitière « Valio », qui a ses bureaux et son centre de recherche à Helsinki. Une organisation identique, « Enigheten », regroupe les producteurs de langue suédoise. En 1968, on comptait 177 000 rennes, dont la majorité appartenait à des fermiers finnois dans les forêts de Laponie et non aux Lapons, comme c’est le cas en Suède et en Norvège. L’élevage des animaux à fourrure porte surtout sur celui des visons, dont la majorité de la production est exportée vers les États-Unis. Il se pratique dans la région côtière du golfe de Botnie, près de Vaasa.

L’agriculture est marginale et ne peut guère produire davantage. Dans la plupart des cas, les agriculteurs sont aussi des forestiers, équilibrant leur budget grâce à l’exploitation de la forêt au milieu de laquelle ils vivent. Pour les petites exploitations de 2 à 5 ha de terre arable, la forêt procure même le revenu principal. Le sciage, y compris le transport, représente 36 p. 100 du revenu des fermes finlandaises.