Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Finlande (suite)

L’histoire


Antiquité et haut Moyen Âge

Les premiers habitants semblent avoir été des Lapons, puis des peuplades d’agriculteurs venus vraisemblablement du centre de l’Europe, mais qui disparurent vers le début de notre ère.

C’est Tacite qui nous parle pour la première fois des Finnois, qu’il appelle des Fennes.

Mais il s’agit là des Finnois de Lituanie et d’Estonie, qui s’installent peu à peu dans les immenses forêts de la Finlande, où ils trouvent des ressources, principalement des fourrures, qu’ils revendent aux autres peuples de la Germanie, intermédiaires commerciaux avec le monde musulman. Ainsi, par le sud-ouest progressent ces Fennes qui sont avant tout des chasseurs et des pêcheurs, mais, sur leurs pas, les défrichements gagnent aussi de proche en proche.

Les Finnois ne semblent avoir entretenu de relations un peu suivies qu’avec les Vikings venus de Suède, sous le double aspect de contacts guerriers et d’échanges économiques, dont témoigne la découverte de monnaies, les fourrures constituant l’essentiel du trafic.


La colonisation suédoise et la conversion au christianisme

C’est au xiie s. que le pays entre dans la sphère d’influence suédoise. Le roi de Suède Erik IX Jedvardsson, dit Erik le Saint (1156-1160), conduit une croisade contre la Finlande en 1157. Depuis longtemps, en effet, des Suédois se sont installés dans les régions côtières du Sud-Ouest : c’est à cet endroit que le bras de mer séparant les deux pays est le plus étroit et tout parsemé d’îles (Åland) qui ont dû faciliter le passage. Il est probable que cette croisade revêt aussi l’aspect d’une guerre contre les pirates finnois qui écumaient la mer Baltique. En tout cas, peu à peu l’influence du christianisme s’étend sur la Finlande grâce à l’action des missionnaires suédois, anglais et allemands.

Durant les xiie et xiiie s., le pays est l’enjeu de rivalités diverses : Russes de Novgorod, Danois et Suédois. En Carélie, les Russes propagent la religion orthodoxe : ailleurs, des tribus païennes harcèlent la population chrétienne. Le pape Innocent IV s’émeut de cet apostolat et de ces sévices : il incite Birger Jarl († 1266), fondateur de la dynastie suédoise des Folkung, à intervenir. En 1249, celui-ci passe en Finlande, s’empare de la région du Tavastland (auj. Hämeenmaa), où il enracine la domination suédoise par un système de forteresses ; il repousse les Russes d’Alexandre Nevski et fonde une nouvelle province (Nyland) [auj. Uusimaa], qu’il peuple de Suédois ; un diocèse est bientôt créé à Åbo (auj. Turku).

La plus grande partie de la Finlande entre alors dans l’attraction culturelle de l’Occident chrétien et s’imprègne de culture suédoise, mais ce n’est que sous le règne de Magnus VII (1319-1363) que la Russie, par le traité de Pähkinäsaari (auj. Petrokrepost) [1323], reconnaît la Finlande à la Suède, qui en fera un duché en 1353 et y introduira sa législation et ses institutions. La longue guerre de Carélie est terminée.

En 1362, la Finlande obtient le droit de participer à l’élection du roi et aux états généraux. Le duc est un prince de la famille royale suédoise : il réside dans le pays. Une noblesse finlandaise se forme et s’approprie la moitié des terres ; elle affirme sa force en profitant de l’affaiblissement du gouvernement central. C’est l’époque de l’Union de Kalmar, qui voit la réunion du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de la Finlande sous la même couronne. La difficulté d’administrer d’aussi vastes territoires explique la faiblesse de l’Union et son peu de durée.

L’urbanisation progresse en Finlande ainsi que la vie économique, et cela sous l’influence de marchands allemands installés dans le pays qui participent à l’important trafic de la Hanse. La Finlande exporte alors principalement des fourrures. Des sortes de trappeurs vont les chercher jusque sur l’océan Arctique, dans le pays des Lapons.


L’époque moderne

À la fin du Moyen Âge, de nouveaux conflits éclatent en Carélie entre Russes et Suédois ; mais l’événement le plus important est le mouvement de Réforme au début du xvie s. Les évêques d’Åbo sont les chefs de l’Église locale, et leur influence est grande : c’est grâce à l’un d’entre eux, Pietari Särkilahti, que la Réforme s’établit en Finlande (1520). L’évêque Mikael Agricola († 1557), formé à Wittenberg, y sera l’organisateur du luthéranisme ; il publie en finnois les écrits de Luther et la Bible (1548-1552).

Gustave Ier Vasa (roi de 1523 à 1560) fonde Helsinki en 1550 et donne le duché à l’un de ses fils, Jean. Ce dernier, sous le règne de son frère aîné, Erik XIV (1560-1568), projette de créer un royaume finno-baltanique indépendant. Découvert et emprisonné, il ne peut mener à bien son dessein. Cependant, devenu roi sous le nom de Jean III (1568-1592), il élèvera la Finlande au rang de grand-duché en 1581.

La fin du xvie s. est marquée par des révoltes des paysans contre la noblesse et par la reprise des guerres de la Suède contre la Russie à partir de 1570. En 1595, la paix de Täyssinä fixe les frontières orientales de la Finlande. Mais le pays, qui a participé aux luttes internes entre les divers prétendants royaux, voit son autonomie réduite sous le règne de Charles IX (1607-1611). Le grand-duché est supprimé, et sa noblesse affaiblie.

En 1617, Gustave II Adolphe agrandit la province de l’Ingrie et centralise fortement l’Administration : la Finlande bénéficie alors de la puissance militaire suédoise. Sous Christine (1632-1654), le sage gouvernement de Per Brahe (1602-1680) est bénéfique au pays. Il fonde une florissante université à Turku, construit des routes et organise le service postal. L’économie finlandaise s’oriente alors vers l’exportation du goudron et de la poix, de plus en plus demandés par les grandes puissances maritimes, principalement l’Angleterre et les Pays-Bas.

Le déclin suédois et, par conséquent, finlandais commence au début du xviiie s. : après l’effondrement de Charles XII (1697-1718), la Finlande est ravagée par Pierre le Grand de 1710 à 1721. Il s’ensuit un sensible abaissement démographique. À la paix de Nystad (auj. Uusikaupunki) [1721], la Finlande perd l’Ingrie et la Carélie avec sa puissante ligne de forteresses, ce qui laisse sa frontière orientale à la merci d’une invasion russe. Une nouvelle guerre avec la Russie emporte de nouveau quelques morceaux de territoire lors de la paix d’Åbo en 1743.