Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Ferry (Jules) (suite)

Le 21 mars 1884 est votée la loi sur les associations élaborée par Waldeck-Rousseau* et qui est le fondement du syndicalisme français. Quelques mois plus tard, malgré la résistance du Sénat, Alfred Naquet (1834-1916) obtient qu’on rétablisse le divorce (27 juill. 1884). Cette même année 1884 voit se multiplier les actes de laïcisation, telle la suppression des prières publiques à l’ouverture des sessions. Un projet de révision de la Constitution, mis sur pied par J. Ferry, est partiellement entériné par le Congrès : l’Assemblée interdit notamment qu’on propose la révision de la forme républicaine du gouvernement et qu’on élise à la présidence de la République un membre des anciennes familles régnantes ; en outre, l’inamovibilité de certains sièges sénatoriaux est abolie.


« Le Tonkinois »

Le 20 novembre 1883, J. Ferry passe le portefeuille de l’Instruction publique à Armand Fallières pour prendre celui des Affaires étrangères. Protagoniste de l’expansion coloniale, il croit y trouver un moyen de renforcer le prestige politique de la France et de ménager son avenir économique. Assuré de l’indifférence de Bismarck à l’égard du partage du monde, il complète l’œuvre commencée durant son premier passage au pouvoir (protectorat français sur la Tunisie établi par le traité du Bardo du 12 mai 1881). En 1883, il fait occuper Tamatave et Diégo-Suarez pour assurer la défense des intérêts français à Madagascar. Grâce à lui, la France se rend maîtresse du bas Congo et obtient de Léopold II un droit de préemption sur le Congo (avr. 1884). La pénétration française reprend depuis le Sénégal en direction du Niger.

Après l’assassinat du commandant Rivière (19 mai 1884), Jules Ferry obtient du Parlement le vote des crédits nécessaires à la conquête du Tonkin (29 déc.). Mais l’extension du conflit à la Chine, en l’obligeant à multiplier les envois de renforts et les demandes de crédits, déclenche contre lui une furieuse opposition, orchestrée par Clemenceau. Une dépêche du général L. A. Brière de l’Isle ayant annoncé que l’armée française avait dû évacuer Lang Son (29 mars 1885), l’opinion publique s’émeut exagérément. La séance du 30 mars à la Chambre est terrible : une demande de mise en accusation est déposée contre Jules Ferry, qui, n’ayant pu rallier la majorité, démissionne au milieu des cris hostiles.

Si les experts se calment, l’impopularité de Ferry reste intacte auprès de ses adversaires ; elle s’enfle même quand, courageusement, le député des Vosges se pose en ennemi décidé de Boulanger et du boulangisme*. Lors des élections présidentielles qui suivent la démission de Grévy (2 déc. 1887), Ferry n’obtient que 212 voix et doit se désister au second tour ; le 10 décembre, il est l’objet d’une tentative d’assassinat de la part d’un déséquilibré. Pis : lors des élections législatives de 1889, Ferry est battu en son fief de Saint-Dié par le candidat boulangiste. Cette amère déception est partiellement adoucie par l’obtention d’un siège de sénateur (Vosges), en janvier 1891.

Il vient d’être élu président de la Haute Assemblée (24 févr. 1893) et ses amis voient là le début d’une seconde carrière, quand la mort l’emporte brutalement (17 mars).

P. M. et P. P.

➙ Empire colonial français / Indochine française / République (IIIe).

 M. Reclus, Jules Ferry (Flammarion, 1947). / L. Legrand, l’Influence du positivisme dans l’œuvre scolaire de Jules Ferry (Rivière, 1961). / F. Pisani-Ferry, Jules Ferry et le partage du monde (Grasset, 1962).

fertilité

Appliqué aux sols cultivés, ce terme signifie qu’il s’agit d’un sol, d’un terroir, d’une contrée fertiles. Dans chacun de ces cas, la notion de fertilité correspond à une production agricole abondante : la fertilité, c’est la puissance productrice du sol. Fertilité s’oppose, dans ce sens, à pauvreté, à faible production.


La fertilité est une qualité « relative », car elle se manifeste avec plus ou moins d’intensité suivant les opérations de production que l’agriculteur applique au sol qu’il travaille afin de le mettre en mesure de produire.

Variable suivant les sites géographiques, la fertilité peut également être sous la dépendance d’événements d’origine naturelle ou d’origine humaine, qui modifient son importance : c’est ainsi que la fertilité peut correspondre à une période de l’histoire d’une région. Elle peut être, à cet égard, de longue ou de courte durée suivant les opérations pratiquées : l’irrigation d’une région sèche y amène la fertilité, mais, pratiquée sans maîtrise de l’évacuation des eaux mises en œuvre, la stérilité peut en résulter, une période stérile succédant à une période fertile.

L’homme se préoccupe de la fertilité des terroirs soit pour exploiter, soit pour maintenir et exploiter, ou encore pour améliorer dans la mesure où il lui est possible d’intervenir à cet égard.

Il convient de distinguer entre fertilité « naturelle » et fertilité « artificielle » ou « acquise », ce qui signifie : « créée par l’initiative humaine ».

Les études ayant trait à la fertilité des sols forment un chapitre important de ce que l’on appelait, au xixe s., la chimie agricole, car elles furent, à l’origine, entreprises par les chimistes étudiant les phénomènes de croissance des végétaux et analysant, en particulier par les méthodes de la chimie minérale, les sols, les végétaux, les animaux et leurs interrelations éventuelles.

Ce furent, à l’origine, essentiellement les Européens — tels que Jean-Baptiste Boussingault et Justus von Liebig — qui, étudiant les sols d’Europe occidentale, sous climat tempéré, traitèrent de cet aspect du problème : « fertilité et analyse minérale ».