Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

femme (suite)

 F. Engels, Der Ursprung der Familie, des Privateigentums und des Staates (Zurich, 1884 ; trad. fr. l’Origine de la famille, de la propriété et de l’État, Éd. sociales, 1955). / S. Freud, Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (Vienne, 1905 ; trad. fr. Trois Essais sur la théorie de la sexualité, Payot, 1946). / H. Deutsch, The Psychology of Women (New York, 1944-45 ; 2 vol. ; trad. fr. la Psychologie des femmes. Étude psychanalytique, P. U. F., 1953-1955 ; 2 vol.). / S. de Beauvoir, le Deuxième Sexe (Gallimard, 1949 ; nouv. éd., 1968 ; 2 vol.). / P. Chombart de Lauwe (sous la dir. de), Famille et habitation (C. N. R. S., 1959-60 ; 2 vol.). / M. Mead, Male and Female (New York, 1959 ; trad. fr. l’Un et l’Autre Sexe, Gonthier, 1966). / E. Mourgues, les Problèmes intimes de la femme (Debusse, 1961). / W. G. Goode, World Revolution and Family Patterns (New York, 1963). / E. Sullerot, la Presse féminine (A. Colin, coll. « Kiosque », 1963) ; Histoire et sociologie du travail féminin (Gonthier, 1968). / La Femme dans la société. Son image dans les différents milieux sociaux (C. N. R. S., 1963). / A. Michel et G. Texier, la Condition de la Française d’aujourd’hui (Gonthier, 1964 ; 2 vol.). / A. M. Rocheblave-Spenlé, les Rôles masculin et féminin (P. U. F., 1964). / M. Guilbert, les Fonctions des femmes dans l’industrie (Mouton, 1966) ; les Femmes et l’organisation syndicale avant 1914 (C. N. R. S., 1967). / J. Lacan, Écrits (Éd. du Seuil, 1966 ; nouv. éd., 1970-71 ; 2 vol.). / P. Vachet, la Femme, cette énigme (Grasset, 1967). / H. Touzard, Enquête psychosociologique sur les rôles conjugaux et la structure familiale (C. N. R. S., 1968). / G. Greer, The Female Eunuch (Londres, 1970 ; trad. fr. la Femme eunuque, Laffont, 1971). / K. Millett, Sexual Politics (New York, 1970 ; trad. fr. la Politique du mâle, Stock, 1971). / A. Michel, la Sociologie de la famille (Mouton, 1971). / F. d’Eaubonne, le Féminisme (A. Moreau, 1972).

Fénelon (François de Salignac de La Mothe-)

Écrivain et prélat français (château de Fénelon, Périgord, 1651 - Cambrai 1715), archevêque de Cambrai (1695).


Fénelon, dans le panthéon des classiques, reste l’auteur le plus admiré et le moins lu. Qui lit encore Télémaque ? Pendant au moins deux siècles, et spécialement dans l’enseignement des Jésuites, ce fut le livre de chevet des écoliers. Comme le duc de Bourgogne, pour qui Fénelon l’a écrit, ils y trouvaient des leçons de mythologie, d’histoire, de morale et de savoir-vivre. On ne le cite plus aujourd’hui que comme exemple de l’œuvre la plus artificielle et composite, avec son antiquité parée de couleurs trop riantes, ses intentions voilées, ses théories révolutionnaires où le libéralisme du xviiie s. se combine avec le système le plus aristocratique et féodal, celui du parti des ducs (« Réglez les conditions par la naissance, mettez au premier rang ceux qui ont une noblesse plus ancienne et plus éclatante... »), sa morale chrétienne mais affublée d’une chlamyde.

Les Fables (1700) n’ont été écrites que pour guérir le jeune duc de ses défauts qui, si l’on en croit Saint-Simon, étaient nombreux et criants ; les Dialogues des morts (1700), que pour l’introduire auprès des grands esprits, lui inspirer de hautes idées, le convaincre de la vanité des choses de ce monde et principalement de celles dont Louis XIV tirait sa gloire : palais, fêtes, courtisaneries...

La fameuse Lettre à l’Académie (1714, publiée en 1716) n’est plus qu’une mine de sujets de devoirs pour les lycéens, qui, depuis une dizaine de générations, commentent de telles pensées : « La poésie est plus sérieuse et plus utile que le vulgaire ne le croit » ; « La religion a consacré la Poésie à son usage dès l’origine du genre humain... » ; « Notre versification perd plus, si je ne me trompe, qu’elle ne gagne par les rimes » ; « Il faut observer le vrai et peindre d’après nature... » ; « Je veux un sublime si familier, si doux et si simple que chacun soit d’abord tenté de croire qu’il l’aurait trouvé sans peine... » ; « Je préfère l’aimable au surprenant et au merveilleux... »

Le Traité de l’éducation des filles (1687) a sa place dans l’histoire de la pédagogie. On s’accorde à lui trouver un certain esprit « Montessori » par la liberté qu’il tend à accorder aux enfants et l’exercice autour des « centres d’intérêt », jusqu’alors méconnus.

Quant aux pages religieuses de Fénelon, on ne cite son Traité de l’existence de Dieu (1713) que pour le fameux passage de la première partie qui paraît annoncer Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand : « Tantôt nous voyons un azur sombre où les feux les plus purs étincellent ; tantôt nous voyons dans un ciel tempéré les plus douces couleurs, avec des nuances que la peinture ne peut imiter... » Ses Maximes des saints (1697) ne trouvent leur sens que dans le contexte de l’affaire quiétiste.

Œuvre donc en grande partie délaissée, et cependant il se trouve que son créateur est toujours présent, vivant et sympathique, du côté de l’avenir et, pour parler le langage du jour, jouant, à ses risques, qui n’étaient pas petits, le rôle du contestataire. Qu’on se souvienne de sa fameuse Lettre à Louis XIV, qui atteste chez son auteur un singulier courage. Si elle n’arriva pas sans doute jusqu’à son destinataire, elle fut lue, en tout cas, par Mme de Maintenon, redoutable « embastilleuse ». Dans l’affaire du quiétisme, le soutien inconditionnel qu’il apporte à Mme Guyon (1648-1717) est encore à son honneur. On convient volontiers aujourd’hui que, dans ce procès, la vérité et la charité chrétienne furent plus souvent de son côté que de celui de Bossuet.

L’homme Fénelon n’a pas cessé de nous retenir, de nous intriguer et de se laisser découvrir. On connaît le portrait — l’un de ses meilleurs — que traça de lui Saint-Simon : « Un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l’esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n’en ai point vue qui lui ressemblât et qui ne se pourrait oublier quand on ne l’aurait vue qu’une fois. Elle rassemblait tout et les contraires ne s’y combattaient point. Elle avait de la gravité et de la galanterie, du sérieux et de la gaîté ; elle sentait également le docteur, l’évêque et le grand seigneur, et ce qui y surnageait, ainsi que dans sa personne, c’étaient la finesse, l’esprit, les grâces, la décence et surtout la noblesse. Il fallait faire effort pour cesser de le regarder... »