Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Félidés (suite)

Le Chat sauvage d’Europe se rencontre partout en Europe, de la Grande-Bretagne à l’Asie Mineure. Haut de 35 cm, il peut peser jusqu’à 10 et même 14 kg. Les femelles sont plus petites. Ce Chat est gris-fauve avec des raies noires peu visibles. Sa queue est plus courte que celle du Chat domestique, épaisse, très velue, avec sept huit anneaux noirâtres, le dernier, plus large, enveloppant l’extrémité, mais les jeunes ont la queue mince et pointue. Ce Félidé a le nez rose, la moustache blanche et les yeux d’or. Il fréquente les grandes forêts et les futaies françaises : Bourgogne, (Yonne, Côte-d’Or), Lorraine, Auvergne et Pyrénées. Il ne faut pas le confondre avec le Chat « haret », Chat redevenu sauvage et à queue plus longue. Le Chat sauvage, quand on l’approche, souffle, crache, gronde et gonfle ses poils. Il détruit beaucoup de Rongeurs nuisibles et quelques Oiseaux, parfois du gibier, mais il paraît plus utile que nuisible. Il chasse à l’affût sur des branches basses, d’où il se laisse tomber sur ses proies.

Le Chat ganté est l’ancêtre de nos Chats domestiques ; on le rencontre en Afrique, en Arabie, en Asie Mineure. Ce Chat était un animal sacré dans l’ancienne Égypte, car on a retrouvé d’énormes quantités de momies de ces animaux. Il serait lui-même issu du Chat fauve, ou Chat sauvage africain ou encore Chat de Nubie. Il a le dos fauve jaunâtre avec huit raies foncées longitudinales. Son tronc porte des raies transversales. Le corps est moucheté de noir ; la queue, de couleur fauve, a trois anneaux et se termine par une pointe noire.


Le genre Acinonyx

Le troisième genre de Félidés ne comprend qu’une espèce : le Guépard.

Alors que les Lions, les Tigres, les Panthères et les Chats ont une forme générale en rapport avec la chasse à l’affût, le Guépard est conformé par une poursuite rapide. Il est bâti comme un Chien, avec de longues pattes munies de griffes non rétractiles. Il mesure 0,75 m à l’épaule ; corps et queue mesurent 1,40 m et il peut peser jusqu’à 40 kg.

Il a un pelage fauve ocre parsemé de petites taches brunes sur tout le corps et la queue, qui, à son extrémité, est ornée d’anneaux bruns. Le ventre et la face interne des cuisses sont blancs. La tête, ronde comme celle d’un Chat, porte des traînées brunes à la commissure interne des yeux, ce qui lui donne un aspect particulier. Le Guépard a la voix plus profonde et plus puissante que celle du Chat domestique, mais, quand il est repu et satisfait, il ronronne comme un gros Chat domestique.

Il habite une large bande de territoire qui va de la Mauritanie jusqu’à l’Inde en passant par le Soudan et l’Arabie. C’est l’hôte des régions sahéliennes et soudaniennes. Ses proies favorites sont des Oiseaux, des petites Antilopes, des Gazelles, qu’il chasse à l’affût ; rampant par terre pour s’approcher le plus près possible de ces proies sans être vu, il bondit lorsqu’il en est à une dizaine de mètres seulement, puis, dans un démarrage foudroyant, il effectue quelques bonds formidables qui lui permettent d’atteindre une vitesse de 110 km/h. Si la victime est rapidement rejointe, elle est saisie par l’encolure ; bousculée et renversée, elle est immédiatement égorgée.

Cette agilité et cette souplesse, ainsi que la facilité de son apprivoisement ont fait employer autrefois ce Félidé pour la chasse. Les Égyptiens, les premiers, l’avaient dressé pour chasser des Lièvres et des Gazelles. Les chroniqueurs des croisades ont rapporté des récits de chasse en Syrie et en Palestine. Mais ce fut surtout en Italie que cette chasse eut le plus de succès, à la maison d’Este et chez les ducs Sforza. François Ier et Henri II, comme le prouvent les dessins et tapisseries de l’époque, étaient des passionnés de la chasse au Guépard, totalement abandonnée aujourd’hui.

P. B.

Fellini (Federico)

Metteur en scène italien (Rimini 1920).


L’œuvre de Fellini doit beaucoup aux souvenirs d’enfance et d’adolescence du réalisateur. Les éléments autobiographiques, déformés par l’imagination, ont peu à peu donné vie à une légende où Fellini lui-même ne semble plus distinguer la part de la réalité et celle de l’imagination. Moderne Cagliostro du spectacle, il crée un monde fabuleux de souvenirs et de mystification dans lequel il évolue comme un personnage parmi ses personnages.

Issu d’une famille de la moyenne bourgeoisie de Rimini où son père est représentant de commerce, il passe quelque temps dans un collège religieux de Fano et ses vacances d’été à Gambettola, dans la maison de campagne de sa grand-mère. Les impressions de cette période resurgiront dans Huit et demi. Le tumulte de sa vie d’étudiant conditionne l’avenir de son œuvre. Et ce sont les « quatre cents coups » de son séjour à Rimini, qu’il décrit dans les Vitelloni. Lassé de cette vie provinciale, il s’installe à Florence en 1938 et à Rome l’année suivante, où il dessine pour les journaux humoristiques et crée des sketches pour la radio. Il rencontre alors l’acteur Aldo Fabrizi. Avec lui, il se passionne pour le music-hall et les variétés, qui, avec le cirque, serviront de toile de fond à de nombreux films. À l’automne 1943, il épouse Giulietta Masina, qui interprète à la radio l’un de ses sketches. À la libération de Rome, il se lie d’amitié avec Roberto Rossellini et collabore à Rome, ville ouverte (Roma, città aperta, 1945), avec Aldo Fabrizi comme tête d’affiche. Devenu l’un des principaux théoriciens du néo-réalisme, il écrit des scénarios pour Rossellini (Paisa, 1946 ; le Miracle [Il Miracolo, 1947] ; Onze Fioretti de saint François d’Assise [Francesco, giullare di Dio, 1950]) ; pour Alberto Lattuada (Sans pitié [Senza pieta, 1947]) et pour Pietro Germi (Au nom de la loi [In nome della legge, 1948), le Chemin de l’espérance [Il Cammino della speranza, 1950]). Il fonde en 1950 une coopérative de production et réalise, en collaboration avec A. Lattuada, sa première mise en scène : Feux du music-hall (Luci del varieta), où débute Giulietta Masina, un film très mélancolique qui sera un désastre financier. Il tourne en 1951, seul cette fois, le Cheik blanc (ou Courrier du cœur) [Lo Sceicco bianco], intelligente satire du roman-photo écrite en collaboration avec M. Antonioni. C’est un nouvel échec. Les temps ont changé : le néo-réalisme est en crise, et son « objectivité » est dépassée. À la froide description de la réalité quotidienne, Fellini tente de substituer une transposition subjective où la réalité, par l’analyse d’états d’âme filtrés en images symboliquement exaspérées, deviendra poésie. C’est ainsi que le « figurativisme » fait sa première apparition dans les Vitelloni (1953), film qui connaît par son ton sarcastique un vif succès.