Province d’Égypte, en Haute-Égypte.
Histoire
Le Fayoum est, dans le désert occidental égyptien, une dépression du plateau libyque. Proche du Nil, celle-ci en reçoit les eaux, notamment lors de la crue annuelle, par un bras du fleuve, le Bahr Youssef. Un vaste lac en remplissait le fond, appelé par les Grecs Mœris, de l’égyptien ancien Mer-Our, « grand lac ». Le mot Fayoum reproduit de son côté l’égyptien ancien pa-iôm (devenu en copte Phiôm), « le (pays) de la mer ». Aux époques les plus reculées, le gibier et le poisson y abondaient, et le crocodile apparaissait déjà comme le dieu de la contrée, sous le nom de Sobek (ou Sebek). Au début du IIe millénaire av. J.-C., les pharaons de la XIIe dynastie, dont certains fixèrent dans le Fayoum leur capitale, y entreprirent des travaux considérables : une écluse et un système complet de canaux en firent l’endroit le plus fertile de l’Égypte et, à l’entrée du Bahr Youssef dans le Fayoum, un barrage transforma le lac en réservoir pour régulariser la crue. Amenemhat III choisit le site d’Hawara pour y faire élever sa pyramide et un palais, qui n’est autre que le Labyrinthe célébré par les Grecs.
Sous les Ptolémées, le lac fut en grande partie asséché, et Ptolémée II Philadelphe (309/8-246 av. J.-C.) installa sur ses bords des soldats macédoniens qui adoptèrent le culte de Sobek. Les ruines qui avoisinent la capitale, Médinet-Madi, ont livré de nombreux papyrus où figurent des fragments de classiques grecs. Les vétérans romains y suivirent les Grecs, soit en garnison dans la forteresse de Kasr-Karoun, soit comme colons, et empruntèrent aux Égyptiens leur mode de sépulture.
Dès le début du iiie s., le christianisme y eut un siège épiscopal, un des premiers après Alexandrie. La vie monastique y fleurissait. Selon Abū Ṣāliḥ (fin xiie s.), il y aurait eu trente-cinq monastères ; Maḳrīzī, au milieu du xve s., donne le chiffre de cinquante-six églises détruites par les Mamelouks. Sous la domination musulmane, comme ailleurs en Égypte, la population copte se réduit à une minorité.
Œuvres d’art
La région est surtout connue par les portraits funéraires romano-égyptiens dits « du Fayoum », bien qu’il y en ait ailleurs en Égypte. Ce sont des tablettes de bois où le défunt est peint en buste. Elles étaient glissées à la tête du sarcophage, sous des bandelettes, et remplaçaient le masque sculpté qui, jusque-là, faisait partie du couvercle. Bien qu’utilisé par quelques Égyptiens, ce changement semble avoir été surtout le fait des vétérans romains et de leurs familles. La facture des portraits s’apparente à celle des peintures de Pompéi. Le regard intense y reflète en particulier une angoisse de l’au-delà caractéristique de l’époque. Ces portraits s’étagent de la fin du ier au ive s.
La civilisation pharaonique, indépendamment des ouvrages d’art et des pyramides de la XIIe dynastie, a laissé sa marque à la même époque à Médinet-Madi, par un petit temple dédié à la déesse-cobra, nourricière des moissons.
La période copte*, en dehors d’un nombre assez important de tissus, a laissé peu de traces.
Une catégorie de tissus musulmans du xe s. (ṭirāz) viennent d’ateliers du Fayoum. On les reconnaît à la toile bleu foncé du fond et aux deux bandes superposées qui les traversent horizontalement. Ces bandes sont en tapisserie et présentent respectivement, sur fond rouge, une procession d’animaux et une inscription en caractères coufiques.
Proche de l’Égypte centrale, le Fayoum participe ainsi à la vie de celle-ci tout au long de son histoire.
P. du B.
E. Coche de La Ferté, les Portraits romano-égyptiens du Louvre (Éd. des musées nationaux, 1953). / K. Parlasca, Mumienporträts und verwandte Denkmäler (Wiesbaden, 1966).