Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allemande (République démocratique) (suite)

La production est devenue plus intensive. Les rendements en céréales approchent 40 q à l’hectare sur des sols pourtant pauvres ; les céréales secondaires, seigle et avoine, ont reculé devant les blés d’hiver et de printemps, les cultures oléagineuses (notamment le colza, qui s’est beaucoup répandu) et celles des plantes fourragères permettant d’entretenir un troupeau bovin plus important qu’avant la guerre.

Mais, malgré ces progrès, l’agriculture reste déficitaire, alors que, sur les mêmes territoires, la production était excédentaire en 1939. Le secteur agricole, qui occupe 15 p. 100 de la population active, n’assure que 11 p. 100 du revenu national ; les importations alimentaires représentent le quart de la valeur des importations globales (elles consistent en céréales, en pommes de terre et en produits animaux). En revanche, il est important de signaler que l’exploitation mécanisée de la forêt en vue d’un emploi industriel et la pêche dans la mer Baltique ont réalisé de grands progrès.


Panorama de la production industrielle

Le secteur énergétique et minier demeure important. L’extraction de houille, peu importante, est localisée dans le bassin de Zwickau. La production de lignite, exploité à ciel ouvert dans les couches tertiaires, place la R. D. A. au premier plan mondial. L’« or brun » assure 83 p. 100 des ressources en chauffage et 85 p. 100 de la production totale d’électricité. Les plus grosses centrales thermiques d’Europe ont été construites par la R. D. A. : en Lusace, Lübbenau fournit plus de 9 TWh par an.

Le minerai de fer (provenant surtout du Harz) est peu abondant et pauvre. On doit à la R. D. A. l’application des procédés d’enrichissement des minerais à faible teneur, traités dans les batteries de bas fourneaux de Calbe. L’extraction du cuivre à Mansfeld, du plomb et du zinc à Freiberg reste insuffisante pour satisfaire les besoins du pays, qui recourt à l’importation dans ce domaine. Les minerais d’uranium, abondants dans les monts Métallifères, sont exploités, en grande partie, au profit de l’U. R. S. S. La R. D. A. vient au troisième rang mondial pour l’extraction de la potasse, autre matière première chimique.

L’industrie lourde est représentée par la sidérurgie et la chimie. Jusqu’en 1970, Calbe a traité le fer du Harz et le coke de lignite en provenance de Lauchhammer et de Schwarze Pumpe, formant le « combinat de l’Ouest ». Eisenhüttenstadt, le « combinat de l’Est », est alimenté en majeure partie par des importations de coke et de fer. La production d’acier reste inférieure à celle des grandes puissances de l’Est comme de l’Ouest. La chimie lourde livre des produits de synthèse, tradition inaugurée sous le régime autarcique du IIIe Reich, développée par l’utilisation du lignite et du pétrole. Aux environs de Merseburg, les usines Leuna livrent de l’essence synthétique, Buna du caoutchouc synthétique, des engrais, des produits pharmaceutiques et des textiles synthétiques. Les produits de la chimie représentent près du cinquième de la valeur de la production industrielle.

Les industries d’équipement, métallurgie lourde et légère, assurent le tiers de cette valeur (et la moitié des exportations) : machines-outils, équipement lourd pour l’industrie extractive, matériel de transport, tubes pour canalisations, etc. La construction automobile reste, comme dans tous les pays de l’Est, fort en retard. La R. D. A. a renoncé, dans le cadre du Comecon, à la fabrication d’autocars, mais elle produit près de 130 000 voitures de tourisme (marques Trabant et Wartburg, respectivement dans les usines de Zwickau et d’Eisenach).

Enfin, le groupe des industries légères (textiles et alimentation) représente un peu plus du cinquième de la valeur de la production industrielle globale. Elles se disséminent dans toutes les villes moyennes et aussi dans les gros foyers d’industrie lourde.


La R. D. A. et le monde

Le commerce extérieur est une nécessité vitale pour la R. D. A. Le volume total des produits échangés représente presque le tiers de celui de l’U. R. S. S., quatorze fois plus peuplée. L’avance prise sur les autres pays de l’Est s’est encore accrue au cours de la décennie 1960-1970. Le camp socialiste reste le partenaire privilégié, et sa part s’accroît en même temps que la valeur du solde positif de la R. D. A. à l’égard de ces pays. Ainsi, la R. D. A. vend ses machines dans toute l’Europe du Sud-Est, livre des usines « clés en main » et participe activement à l’effort de modernisation des transports. Elle a fourni en dix ans plus du quart de l’équipement industriel de l’U. R. S. S. En revanche, elle dépend des livraisons soviétiques dans les proportions de 99 p. 100 pour la fonte et les phosphates, de 95 p. 100 pour les hydrocarbures, de 93 p. 100 pour le minerai de fer, de 66 p. 100 pour le charbon. L’U. R. S. S. équipe les premières centrales nucléaires de Dresde et du Brandebourg. Les liens commerciaux privilégiés avec les pays du Comecon représentent un avantage, mais ils obéissent à une nécessité et parfois à une contrainte.

La part des pays occidentaux a plutôt diminué en pourcentage mais elle s’est accrue en volume, et le nombre de fournisseurs et de clients a augmenté : le commerce avec les États-Unis reste très faible, mais il s’est notablement accru avec les pays européens, Royaume-Uni, Finlande, Autriche (membres de l’Association européenne de libre-échange), Italie et France (membres du Marché commun), avec laquelle la R. D. A. souhaite intensifier ses échanges. La moitié du volume du commerce avec l’Europe occidentale est représentée par les échanges dits « interzones », c’est-à-dire avec la République fédérale, à laquelle la R. D. A. livre des briquettes de lignite et des textiles, et de laquelle elle reçoit des produits sidérurgiques et du matériel d’équipement. Les échanges avec le tiers monde, encore faibles, marquent la volonté de la R. D. A. de s’imposer comme grande puissance mondiale auprès des pays sous-développés. Le commerce intéresse les pays africains considérés parmi les plus progressistes (Égypte, Ghāna, Mali, Guinée), le Moyen-Orient et l’Inde, à laquelle est fournie une aide à la fois financière et technique.