Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Europe (suite)

Les institutions comprennent un Conseil et un secrétaire général, qui ont la responsabilité de la réalisation des tâches conférées à l’Organisation ; le Conseil est composé de deux délégués par État membre, assistés de conseillers. Deux comités (le comité financier et le comité scientifique et technique) rendent compte au Conseil de leurs travaux. Le secrétaire général est assisté d’un secrétariat international dont l’effectif est d’environ 350 agents.

L’Organisation dispose de deux bases de lancement : à Woomera en Australie et à Kourou en Guyane française. Elle a mis au point et construit les premiers lanceurs européens, Europa I et Europa II (à la suite de l’échec d’Europa II, le Royaume-Uni a décidé d’abandonner sa qualité de membre pour n’être plus qu’un observateur), de même qu’un programme de construction de ces deux lanceurs, qui seront utilisés pour mettre en orbite le satellite de télécommunication franco-allemand Symphonie. Un lanceur Europa III est également prévu, de même qu’une participation de l’Europe au programme post-Apollo. (V. aéronautique et aérospatiale [industrie].)

La défense de l’Europe occidentale

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe, dévastée, profondément traumatisée par l’aventure hitlérienne, divisée en zones d’influence américaine et soviétique, se trouve aux prises avec de graves problèmes humains, sociaux et économiques. La hantise d’un relèvement allemand maintient quelque temps l’entente des anciens alliés, mais l’attitude expansionniste de l’U. R. S. S. fait bientôt naître la crainte d’une agression soviétique contre l’Europe occidentale. La défense de celle-ci, axée initialement contre un éventuel retour du danger allemand, sera désormais orientée, avec l’appui des États-Unis, face à la menace soviétique.

Premières tentatives d’organisation de la défense

Dès 1945, les démocraties occidentales procèdent à une démobilisation massive, tandis que l’U. R. S. S. maintient plus de 4 millions d’hommes sous les armes. Les gouvernements restent inquiets du militarisme allemand, et, le 4 mars 1947, à Dunkerque, la France et le Royaume-Uni signent un traité « d’alliance et d’assistance mutuelle » face à une éventuelle agression allemande. Mais, au même moment, les Soviétiques constituent à leur frontière occidentale un glacis d’États satellites qui enracinent leur puissance au cœur de l’Europe, désormais coupée en deux, et exercent leur pression sur la Grèce et la Turquie. Enfin, l’agitation sociale se développant en France et en Italie, l’Europe entière semble alors à la merci de l’U. R. S. S., et les Occidentaux estiment indispensable de mettre sur pied un système de défense efficace. Au plan Marshall de relèvement européen (juin 1947), l’U. R. S. S. riposte par la création du Kominform (oct. 1947), puis met la main sur Prague (févr. 1948). Le 17 mars, par le traité de Bruxelles, la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni se promettent assistance mutuelle face à toute politique d’agression, allemande ou autre. Le 24 juin suivant, les Soviétiques commencent le blocus de Berlin. Présidé par le maréchal Montgomery, assisté du général de Lattre de Tassigny, le Comité militaire du traité de Bruxelles (installé à Fontainebleau) constate l’extrême faiblesse des forces de l’Union occidentale et la nécessité d’un soutien américain, notamment nucléaire. Pour se défendre à l’est du Rhin, comme le préconise de Lattre, il faudrait accroître considérablement la contribution des pays membres — ce qui est incompatible avec leur situation économique — ou admettre une participation militaire allemande, ce qui pose des problèmes politiques particulièrement délicats.

L’Alliance atlantique et le réarmement allemand

C’est en 1948 que l’idée d’un système occidental de défense s’impose aux États-Unis. Il se traduit le 4 avril 1949 par la signature du traité de l’Atlantique* Nord, qui apporte aux cinq de Bruxelles — auxquels se joignent sept autres États, puis, en 1952, la Grèce et la Turquie — le poids de la puissance américaine. Les seuls pays hors du pacte, à l’ouest du rideau de fer, sont les neutres (Autriche, Irlande, Suède, Suisse et Finlande), les pays communistes (Albanie, Yougoslavie) et l’Espagne, maintenue à l’écart par les démocraties occidentales mais qui signera un accord particulier avec les États-Unis en 1953. À l’origine, la stratégie de l’O. T. A. N. est fondée sur le concept dissuasif de représailles nucléaires américaines. Mais l’instrument de représailles puissantes n’existant pas encore, il est nécessaire de pousser « le plus à l’est possible » un système défensif classique, ce qui suppose la participation militaire allemande. Ce réarmement heurte profondément les sentiments de tous les peuples européens. En Allemagne même, où la république fédérale est instaurée par la loi fondamentale du 23 mai 1949, l’opinion est très réservée, mais, en juin 1950, la guerre de Corée accroît la crainte d’une agression soviétique, et, en septembre, le Conseil de l’Atlantique admet le principe de la contribution allemande. Le 24 octobre, la France présente le « plan Pleven » d’armée européenne, visant, par une intégration poussée des unités, à interdire la renaissance d’une nouvelle Wehrmacht. Le traité instituant la Communauté européenne de défense (C. E. D.) est signé à Paris le 27 mai 1952 par la Belgique, le Luxembourg, la France, l’Italie, les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne, la Grande-Bretagne s’étant abstenue ; Belgique et Pays-Bas ratifient le traité. En France, la C. E. D. se heurte à l’opposition des communistes et de ceux qui ne veulent pas renoncer au caractère national de leurs forces. Le traité ayant été repoussé le 30 août 1954 par l’Assemblée nationale, le problème du réarmement allemand est repris sur de nouvelles bases. Les pourparlers aboutissent le 23 octobre 1954 aux accords de Paris : la République fédérale d’Allemagne, reconnue comme État souverain, accède avec l’Italie à l’Union de l’Europe occidentale (U. E. O.), après modification du traité de Bruxelles ; elle est invitée à adhérer à l’O. T. A. N. et s’engage à ne fabriquer aucune arme atomique, chimique ou biologique. À l’entrée de l’Allemagne de l’Ouest dans l’O. T. A. N., le 5 mai 1955, l’U. R. S. S. riposte le 14 mai en signant avec les républiques populaires d’Europe orientale le pacte de Varsovie*, auquel la République démocratique allemande apportera sa contribution à partir du 28 janvier 1956.