Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

étuvage (suite)

Cette technique est faite soit pour faciliter certaines opérations (déroulage de grumes, cintrage ou courbage), soit pour donner aux bois des caractéristiques particulières (étuvage de bois humides à l’état de sciage), ou encore pour stériliser les bois attaqués par des organismes destructeurs (champignons ou insectes). En pratique, le terme d’étuvage est souvent utilisé, mais à tort, pour désigner le séchage artificiel des bois.


Étuvage des grumes en vue du déroulage

Le déroulage impose au bois des efforts particuliers au moment de la coupe pour l’obtention d’un placage de qualité. Quelques essences de densité faible (peuplier, tilleul) présentent des qualités requises pour réaliser l’opération à froid, mais, en général, la plupart des essences doivent être préalablement plastifiées par la chaleur pour obtenir des placages utilisables avec une dépense d’énergie relativement faible. L’étuvage des grumes s’effectue dans des cuves ou des fosses en béton de 10 à 15 m de long et de 3 à 4 m de largeur et de profondeur, dans lesquelles les grumes écorcées et humides sont soumises à l’action directe de la vapeur détendue à la pression atmosphérique. Les grumes sont ainsi chauffées dans de l’air humide entre 65 et 85 °C suivant les essences, les moins denses à plus faible température. La durée de cette opération dépend des essences et varie proportionnellement au carré du diamètre des grumes. C’est ainsi qu’une grume d’okoumé à 60 p. 100 d’humidité et de 0,80 m de diamètre exige une durée d’étuvage de trois jours à une température moyenne de 65 °C et nécessite 60 kg de vapeur par mètre cube de grume.


Étuvage des bois pour le cintrage

Les essences utilisées pour l’opération de cintrage (frêne, orme, chêne, hêtre, etc.) doivent être traitées à la vapeur pour les rendre plus plastiques. Cette plastification est temporaire ; il faut donc cintrer les bois lorsqu’ils sont chauds et les maintenir en forme au moins jusqu’au refroidissement. L’étuvage s’effectue dans de petites cuves bien isolées thermique-ment, dans lesquelles les bois introduits sont soumis à l’action de la vapeur détendue à la pression atmosphérique. La meilleure technique consiste à chauffer le bois en une seule fois jusqu’à 100 °C et à le maintenir à cette température de quinze à vingt minutes par centimètre d’épaisseur ; la prolongation de la durée de réchauffage n’apporte aucune amélioration. L’humidité des bois peut être très élevée, mais, la plupart du temps, on utilise des bois mi-secs, à 25 p. 100 d’humidité, ce qui permet d’obtenir de faibles rayons de courbure, une durée de séchage et de durcissement plus réduite ainsi qu’un retrait moindre des pièces.


Étuvage des bois sciés humides

Pratiquée préalablement au séchage sur des bois qui viennent d’être sciés, cette opération, appelée également dessévage, consiste à exposer ces sciages à l’action de la vapeur à 100 °C ou, plus communément, à celle de l’air saturé à une température de 60 à 80 °C. Cette méthode est particulièrement employée dans l’est de la France sur le chêne et le hêtre. Pour cela, les bois sont empilés dans une chambre en maçonnerie très étanche et bien calorifugée, dans laquelle on introduit de la vapeur détendue. La durée de l’opération est variable suivant l’épaisseur ; on compte en moyenne dix-huit heures par centimètre d’épaisseur. Les bois sont ensuite séchés soit à l’air, soit au séchoir. Les avantages de ce procédé sont nombreux :
— Stérilisation des bois. Sous l’action de l’air humide aux températures utilisées, tout organisme vivant (champignons ou insectes) est en effet détruit ;
— Changement de coloration. Le chêne devient plus grisâtre, et le hêtre prend une couleur qui peut varier du rose au rouge acajou suivant les conditions ;
— Stabilisation des bois. Dans la pratique, on dit que le dessévage tue le nerf du bois. Les retraits ou les gonflements du bois ne sont nullement modifiés au point de vue dimensionnel ; toutefois, on diminue fortement les pressions avec lesquelles se font ces retraits ou gonflements.


Stérilisation des bois

Tout organisme vivant (champignons ou insectes) est tué par l’étuvage. Dans le cas des bois humides, les conditions de l’étuvage sont les mêmes que celles pour le dessévage, seule la durée varie : de cinq à six heures à partir du moment où les conditions requises pour l’air ambiant sont atteintes. Dans le cas des bois secs, les conditions de température et de durée sont les mêmes, mais on fait varier la valeur de l’état hygrométrique de l’air (de 60 à 80 p. 100) suivant l’humidité des bois.

A. V.

étymologie

Recherche de l’origine des mots et établissement des étapes successives de leur évolution. (Le terme désigne aussi la forme la plus ancienne des mots ou bien la racine ou le radical auxquels on les rattache.)



Naissance et développement de l’étymologie

Née des spéculations des philosophes grecs sur l’etumologia, « recherche de l’etumon, ou sens fondamental des mots », et appliquée uniquement alors à la langue grecque, la recherche étymologique se fondait à l’origine sur des rapprochements de forme qui pouvaient être purement accidentels ou lointains, et postulait implicitement l’origine onomatopéique du langage. Par la suite, elle s’est développée à partir de la croyance à la monogenèse des langues issues, pensait-on, d’une langue commune, le plus souvent l’hébreu. Fondées sur des hypothèses fragiles, ces réflexions n’ont, en général, en commun avec les recherches étymologiques actuelles que leur objectif. Toutefois, pour des raisons diverses, elles ont parfois proposé des filiations exactes (le français rattaché au latin par exemple) et ont pu obtenir des résultats dignes d’attention. C’est le cas des travaux de G. Ménage (1613-1692) ; mais celui-ci s’en est tenu à la forme écrite du langage et a, en outre, voulu prouver que le français remontait au grec et à l’hébreu par le latin.


Étymologie et grammaire comparée

La première définition de l’étymologie comme recherche rigoureuse remonte à l’article de Turgot dans l’Encyclopédie. Dans la pratique, il a fallu que la grammaire comparée établisse l’origine commune, ou parenté génétique, des langues dites « indo-européennes » avec F. Bopp, J. Grimm et J. K. Zeuss et des langues romanes avec F. Raynouard et F. Diez.