Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

En 1959, l’Alaska et Hawaii ont été incorporés dans l’Union, mais leur million d’habitants ne représente qu’une contribution négligeable à l’accroissement constaté entre 1950 et 1960. Au cours de cette période, comme auparavant, l’accroissement de population résulte de deux facteurs, d’importance variable selon les époques, l’immigration et la démographie. De 1820 à 1973, il est entré 46,3 millions de personnes aux États-Unis, avec un maximum décennal de 8 795 000 entre 1901 et 1910. Les lois de 1921 et 1924 ont réduit l’immigration à moins de 50 000 par an à la veille de la Seconde Guerre mondiale ; la loi de 1952 relève le nombre des admissions à 200 000, afin d’accorder asile aux personnes déracinées par la guerre et ses conséquences.

L’importance de l’immigration ne doit pas faire sous-estimer la vitalité démographique. L’excédent annuel des naissances sur les décès a été très important à la fin du xixe s. et au début du xxe (env. 15 p. 1 000). On a observé ensuite le phénomène général du déclin de la mortalité et de la natalité ; au lendemain de la Première Guerre mondiale, les deux courbes cessent d’être parallèles, la natalité diminuant plus vite que la mortalité. Ce phénomène se poursuit actuellement, malgré une interruption remarquable entre 1945 et 1960 ; au cours du baby boom consécutif à la guerre, l’excédent démographique a été comparable à celui du début du xxe s. C’est la cause principale de l’accroissement d’environ 50 millions d’habitants depuis la guerre. La chute de la natalité a été plus importante chez les Blancs que dans la population de couleur (14,8 contre 21,6 p. 1 000 en 1972) ; en revanche, la mortalité infantile est plus élevée dans celle-ci que chez ceux-là (le double) ; il en est de même de la mortalité maternelle à la suite d’accouchement (55,9 pour 100 000 naissances vivantes chez les femmes noires contre 14,4 chez les Blanches en 1970).


Composition de la population

Une proportion de 87 p. 100 de la population américaine est constituée par les descendants des colons et immigrants européens. L’immigration concerne presque uniquement des Britanniques protestants jusqu’en 1846, date de la grande famine d’Irlande, qui marque le début de l’immigration irlandaise catholique. De 1850 à 1880, l’expansion industrielle et l’ouverture des Prairies à la colonisation provoquent une nouvelle vague d’immigration qui ne concerne plus seulement les Britanniques, mais aussi les Allemands, les Scandinaves et les Canadiens français. Au cours de la troisième vague, de 1880 à 1900, l’apport de l’Europe centrale (Tchèques, Slovaques, Hongrois) devient de plus en plus important. Enfin, de 1900 à la guerre de 1914, les immigrants viennent surtout de l’Europe orientale (Polonais, Russes, Ukrainiens) et méditerranéenne (Portugais, Espagnols, Grecs et surtout Italiens). Après la guerre, le gouvernement fixa des quotas au prorata de la contribution des diverses nationalités au peuplement des États-Unis, soit 3 p. 100 de leur part respective en 1910 (loi de 1921), puis 2 p. 100 de leur effectif de 1890 (loi de 1924) afin de limiter l’immigration slave et méditerranéenne (le quota italien, par exemple, est tombé de 42 000 à 3 850). On compte dans la population blanche un élément ethnique, représenté surtout dans le Sud-Ouest, composé de descendants d’Hispano-Mexicains autochtones et constamment renforcé par l’immigration de Mexicains (plus ou moins métissés d’Indiens).

Les Noirs américains (22,5 millions) sont les descendants des esclaves amenés du xvie au xixe s. Par suite de l’exode rural, ils ont perdu la majorité dans maints comtés du Sud (ils ne l’ont plus dans aucun État d’ailleurs) ; la Floride, certaines régions côtières, presque tout le Texas sont restés en majorité blancs ou le sont devenus. La vallée inférieure du Mississippi et une zone allant de celle-ci à l’Atlantique forment les derniers bastions noirs. En dehors de ceux-ci, les Coloured détiennent la majorité dans le nord de la Virginie et surtout dans le district de Columbia, et leurs effectifs s’accroissent dans les villes du Nord.

Les Chinois et Japonais sont peu nombreux (1,2 million) ; les premiers résident en Californie et dans les villes des autres États, les seconds dans le Nord-Ouest et à Hawaii.

La race indienne, fonds originel de la population, ne compte plus que 600 000 membres, installés dans les réserves de l’Est (Carolines, New York) et surtout dans les régions arides du Sud-Ouest (Oklahoma, Nouveau-Mexique, Arizona). On assiste à une renaissance économique et démographique de certains groupes (comme les Navahos [ou Navajos], passés de 9 500 à 57 000 depuis 1860).


Répartition de la population

Le lait que l’immigration européenne ait abordé les États-Unis par la côte atlantique avant de gagner les plaines intérieures et que l’Ouest, aride dans sa majeure partie, ait isolé longtemps la côte pacifique explique que la moitié est soit plus peuplée que la moitié ouest (respectivement plus de 10 et moins de 2 habitants au kilomètre carré, sauf dans la région pacifique). De véritables densités européennes s’observent dans l’Est : 267 dans le Massachusetts, 335 dans le Rhode Island, 366 dans le New Jersey, 5 120 dans le district de Columbia. Inversement, il y a souvent plusieurs kilomètres carrés par habitant dans les plateaux et montagnes de l’Ouest ; le Wyoming n’a que 0,12 habitant au kilomètre carré. La densité moyenne de 25,7 pour l’ensemble des 48 États a donc peu de signification.

La population tend cependant à se redistribuer sur son territoire à la faveur d’une grande mobilité : tous les ans, 6 à 7 millions d’Américains changent d’État. Trois types de migrations intérieures, plus ou moins anciennes, s’observent actuellement. D’abord, l’exode rural se poursuit. Il a affecté toutes les régions rurales et notamment le Sud (où le nombre des agriculteurs noirs est tombé de 680 000 en 1940 à 184 500 en 1964). Mais il se tarit peu à peu aujourd’hui, en raison du faible effectif actuel de la population agricole. Ensuite, depuis la Première Guerre mondiale, l’afflux des Noirs vers les villes du Nord représente un véritable déplacement de population à l’intérieur des États-Unis ; 1 600 000 Noirs ont quitté le Sud entre 1940 et 1950, 1 500 000 entre 1950 et 1960. Aujourd’hui, il y a plus de Noirs dans le New York (2 169 000) que dans tout autre État, même du Sud ; l’Illinois en a autant que les États les plus noirs du Sud ; on en compte plus de 500 000 à Baltimore, Philadelphie, Detroit, Los Angeles, Washington. Enfin, outre le courant général vers l’Ouest intérieur et la côte pacifique, on note un mouvement croissant de population blanche en faveur du Sud-Ouest ensoleillé, toujours vers la Californie, mais aussi le Nevada (gain de 80 p. 100 entre 1950 et 1960), l’Arizona (75 p. 100), le Nouveau-Mexique, le Texas. La Floride représente un cas particulier dans le Vieux Sud : elle est passée de 1,3 million en 1940 à 6,8 en 1970, surtout par immigration blanche.