Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (guerre civile d’) (suite)

L’apport italien fut beaucoup plus important puisqu’il atteignit en 1937 l’effectif de 50 000 hommes, des chemises noires commandées par le général Mario Roatta (1887-1968). En 1941, l’ensemble des livraisons fut chiffré par les Italiens à 763 avions, 2 000 canons, 10 000 mitrailleuses, 7 600 véhicules, etc., l’aide globale étant évaluée à 7,5 milliards de lires.

L’aide du Portugal se traduisit par l’envoi de 20 000 volontaires dans une légion dite « de Viriathe ».

Aide au parti républicain

Elle comprit l’envoi direct d’argent ou de matériel aux républicains, notamment par la France (200 avions et des armes), le Mexique (2 millions de dollars de matériels) et l’U. R. S. S. ; elle aboutit surtout à la création des brigades internationales.

Constituées à l’instigation du Komintern par des antifascistes de tous pays volontaires pour combattre aux côtés de l’armée républicaine, celles-ci furent organisées à partir d’octobre 1936 avec le soutien de l’U. R. S. S. par le parti communiste français. Des bureaux de recrutement s’ouvrirent en France, et un camp d’instruction fut installé à Albacete (Murcie) sous la direction d’André Marty, André Malraux dirigeant l’aide aérienne. Les brigades rassembleront environ 35 000 volontaires, en majorité communistes, de 50 nations : 10 000 Français et Belges, 5 000 Allemands, 3 400 Italiens, 2 800 Américains, 2 000 Anglais, 1 200 Yougoslaves, 1 000 Hongrois, des Arabes, des Africains, etc. Elles permirent l’engagement au front de 5 groupements (11e à 15e brigade) de 3 ou 4 bataillons. Parmi ces combattants se rencontreront de nombreux futurs grands résistants de la Seconde Guerre mondiale, les Italiens P. Nenni et P. Togliatti, l’Allemand W. Ulbricht, le Tchèque K. Gottwald, le Croate Tito, les Français A. Malraux, F. Billoux, H. Rol Tanguy, etc. L’armement des brigades internationales fut fourni surtout par l’U. R. S. S. ; la contribution globale soviétique à la guerre d’Espagne est estimée à 81 millions de livres sterling (dont 63 ont été fournis par la réserve d’or de la banque d’État espagnole, transférée en U. R. S. S. à l’automne de 1936).


Les opérations de 1937

L’année débute par un brillant succès de Franco, qui, résorbant la poche de Málaga (pris le 8 févr.), dispose désormais d’un port méditerranéen par où transitera l’aide italienne ; 1937 se solde cependant par un échec de ses offensives répétées sur Madrid, compensé en partie par la liquidation du front des Asturies.


Les batailles pour Madrid

Le 7 novembre 1936, une première attaque dirigée par les nationalistes sur la banlieue ouest de Madrid était venue mourir devant la résistance acharnée de la cité universitaire. En décembre, l’affaire avait été reprise dans le secteur de Brunete, mais avait également échoué après un mois de durs combats. En 1937, la lutte continue, opiniâtre, sur tout le front de la capitale, vigoureusement défendu par le général Miaja : en février, c’est, au sud, la bataille de la Jarama ; en mars, celle de Guadalajara, où les unités motorisées italiennes essuient un cuisant échec du fait de l’aviation républicaine ; en juillet, nouvelle bataille de Brunete, qui est repris par les républicains. Le 15 décembre, enfin, s’ouvre en Aragon, par une contre-offensive républicaine, la grande bataille de Teruel. Après trois semaines d’une lutte acharnée, la ville est reconquise le 8 janvier 1938 par les républicains ; les nationalistes contre-attaquent à leur tour et reprennent Teruel en ruine le 22 février, mais Madrid tient toujours.


La bataille de Biscaye et des Asturies

Elle se déroule de mars à octobre 1937 et sera l’une des plus rudes de la guerre. Pour Franco, il s’agit de conquérir la zone industrielle de Bilbao et d’éliminer la résistance du gouvernement basque, présidé par José Antonio Aguirre (1903-1960), qui, moyennant reconnaissance de son autonomie le 1er octobre 1936, reste fidèle aux républicains. L’épisode le plus dramatique est, le 26 avril 1937, le bombardement aérien par les Heinkel 111 allemands de la légion Condor du centre de Guernica, ville sainte du Pays basque, où 2 000 civils trouvent la mort. Le 28, les nationalistes entrent à Guernica, et, le 11 juin, commence l’assaut contre la fameuse ceinture fortifiée qui, sur 70 km, protège Bilbao ; la ville tombe le 19. La conquête de la Biscaye, où la guérilla des mineurs et des Basques se prolonge plusieurs mois, entraîne la chute de tout le front nord : les troupes de Franco entrent à Santander le 26 août et à Gijón et Oviedo le 21 octobre.


1938, course à la mer et offensives finales

Sûr de ses arrières, Franco déclenche le 9 mars 1938 en Aragon une action dont l’objectif est la côte méditerranéenne. Commencée à Belchite, l’offensive s’étend le 22 au front d’Huesca, enlève Lérida le 3 avril et pénètre en Catalogne. Le 15, elle atteint la mer à Vinaroz, coupant ainsi en deux le territoire contrôlé par le gouvernement de Negrín. C’est alors que les républicains lancent, le 25 juillet, une dernière attaque sur l’Ebre, qui est franchie près de Gandesa. La bataille dure plus de trois mois, sans résultat, en raison notamment de la supériorité aérienne des nationalistes. Cependant, devant la gravité de la situation en Europe centrale (on est au lendemain de la crise de Munich), les brigades internationales sont retirées du front et quittent l’Espagne après une grande revue d’adieu passée par Negrín le 15 novembre à Barcelone. Ainsi s’évanouit, pour les républicains, tout espoir d’aide extérieure. Franco entreprend alors de liquider la zone nord de la République ; c’est la bataille de Catalogne, qui s’ouvre le 23 décembre et amène le 9 février 1939 ses troupes sur la frontière française, que franchissent plus de 250 000 soldats républicains ainsi que de nombreux civils fuyant la guerre. Le 26 janvier, les nationalistes entrent à Barcelone ; Negrín vient de quitter la ville ; il se réfugie en France avec Azaña, mais décide, pour continuer la lutte, de rejoindre Valence. Le 6 mars, il est contraint de céder le pouvoir à une junte militaire formée à Madrid par le général Miaja et le colonel Segismundo Casado (1893-1968). Malgré les communistes, avec lesquels s’engagent du 7 au 12 mars de violents combats de rues dans Madrid, la junte est résolue à mettre fin à la guerre. En effet, la victoire de Franco est devenue inéluctable et lui vaut d’être reconnu, le 27 février, par l’Angleterre et par la France, dont le premier ambassadeur à Burgos sera le maréchal Pétain.