Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (suite)

 J. A. Cabero, Historia de la cinematografía española (Madrid, 1949). / J. M. García Escudero, Cine español (Madrid, 1962). / F. Méndez-Leite, Historia del cine español (Madrid, 1965). / F. Vizcaíno Casas, Diccionario del cine español (Madrid, 1966). / M. Villegas López, El nuevo cine español (Saint-Sébastien, 1967). / E. Larraz, El cine español (Masson, 1973).


Les principaux metteurs en scène espagnols


Juan Antonio Bardem

(Madrid, 1922). Après avoir réalisé avec Luis García Berlanga Esa pareja feliz en 1951, il écrit le scénario de Bienvenue Mr. Marshall (1952), que réalisera seul Berlanga. Comédiens (Cómicos, 1953) et Felices Pascuas (1954) précèdent le film qui le fait connaître dans le monde entier : Mort d’un cycliste (Muerte de un ciclista, 1955), âpre critique de la haute bourgeoisie. Il tourne ensuite Grand-Rue (Calle Mayor, 1956), la Vengeance (La venganza, 1957), Sonatas (1959), A las cinco de la tarde (1960). Ses films ultérieurs, Los inocentes (en Argentine, 1962), Une femme est passée (Nunca pasa nada, 1963), les Pianos mécaniques (Los pianos mecánicos, 1964), seront reçus avec plus de réticence par la critique internationale.


Luis García Berlanga

(Valence, 1921). Réalisateur de Esa pareja feliz en 1951 avec la collaboration de J. A. Bardem, il remporte un grand succès avec Bienvenue Mr. Marshall (Bienvenido Mr. Marshall, 1952), comédie satirique qui est très remarquée au festival de Cannes. Son œuvre est tout entière empreinte d’un humour à la fois pessimiste et cruel : Novio a la vista (1953), Calabuig ou Calabuch (1956), Los jueves, milagro (1957), Plácido (1961), le Bourreau (El verdugo, 1963), Vive les mariés (Vivan los novios, 1969).


Luis Buñuel.

Voir l’article.


L’art en Espagne


L’art ibérique et l’art romain d’Espagne

L’art des Ibères* représente une conquête récente pour la science archéologique. Sa découverte, jalonnée par une trouvaille sensationnelle, celle de la « Dame d’Elche », en 1897, a permis d’écrire un chapitre nouveau de l’histoire des civilisations méditerranéennes avant la romanisation.

Dans l’état présent des connaissances, cet art se caractérise par la pauvreté des réalisations architecturales. Les centres habités, d’importance limitée, paraissent avoir été dépourvus de monuments publics et notamment d’édifices religieux. La notion de sacré s’attachait encore davantage à un lieu naturel — grotte, caverne ou cime de montagne — qu’à des constructions faites de la main de l’homme.

Le sentiment religieux a, par contre, donné naissance à une plastique, et d’abord à une grande statuaire, dans la partie méridionale du domaine ibérique. Celle-ci atteignit à la célébrité avec la mise au jour de la « Dame d’Elche » (auj. au musée du Prado à Madrid). Une trentaine d’années auparavant, on avait déjà découvert, dans l’ancien sanctuaire ibérique du Cerro de los Santos, fouillé à partir de 1860, à Montealegre del Castillo (province d’Albacete), de solennelles statues de femmes (Museo Arqueológico Nacional de Madrid). Sans doute s’agissait-il de déesses et de prêtresses. On doit joindre à ces figures humaines un nombre important de représentations d’animaux, réels — lions et taureaux — ou fantastiques, appartenant également au domaine du sacré. Ces œuvres, d’une technique souvent assez pauvre, sont douées d’une grande force d’expression. Avec un important retard chronologique — on les localise entre le ve et le iiie s. av. J.-C. —, elles paraissent faire revivre l’esprit de la sculpture grecque archaïque.

Le caractère religieux s’attache encore à la petite statuaire, fréquemment des ex-voto de bronze représentant des porteurs d’offrandes ou des cavaliers. On a trouvé un grand nombre de ces figurines à proximité des anciens sanctuaires de Castellar de Santisteban et du Collado de los Jardines, dans la sierra Morena, aux environs du défilé de Despeñaperros, ou encore au sanctuaire de La Luz, près de Murcie. La qualité et le degré de stylisation de ces objets — aujourd’hui dispersés dans des musées et des collections privées — varient selon les époques. Les statuettes en terre cuite, généralement féminines, provenant d’un sanctuaire proche du village ibérique de la Serreta de Alcoy (au musée d’Alcoy), témoignent de lointaines influences grecques et puniques.

Il y a beaucoup de variété dans la céramique peinte, dont l’histoire commence au ve s. Après une phase exclusivement géométrique, on voit alterner des éléments floraux et des figures animales immobilisées dans une raideur hiératique. Ce groupe se localise vers Elche-Archena. Plus tard encore, probablement aux iie et ier s. av. J.-C., apparaissent des frises narratives avec la représentation de scènes de chasse, de guerre et de danse, accompagnées d’inscriptions en langue ibérique. Une série très complète de ces vases provient de San Miguel de Liria (auj. au Museo de Prehistoria de Valence).

Cependant, Rome n’allait pas tarder à substituer à cette interprétation originale des influences de la Méditerranée orientale la froide perfection de son art universaliste.

Après la conquête romaine, le phénomène urbain joue un rôle nouveau et prépondérant dans la civilisation de l’Espagne entière, et plus particulièrement en Bétique — l’Andalousie — et en Tarraconaise, c’est-à-dire sur le littoral méditerranéen, de Murcie à la Catalogne. Chacune des cités, que ce soit Mérida, Tarragone ou Itálica (près de Séville*), s’efforce de copier le plus fidèlement possible le modèle proposé par Rome. Partout, des édifices identiques répondent aux mêmes fonctions économiques, administratives, culturelles et religieuses, ou expriment un égal désir de prestige.

Les plus vastes de ces constructions étaient destinées aux jeux et aux spectacles. Mérida conserve le plus important théâtre antique d’Espagne et l’un des mieux conservés du monde romain. D’autres existent à Itálica et à Sagonte. De même que les théâtres, les amphithéâtres datent en gros de la fin du premier siècle de notre ère. Celui d’Itálica était comparable aux plus importants d’Italie ; 15 000 personnes pouvaient trouver place dans celui de Mérida.

On demandait aux arcs de triomphe d’embellir les cités tout en perpétuant le souvenir de hauts faits militaires. Un des meilleurs exemples, l’arco de Bará, fut élevé au iie s. sur la via Augusta, entre Barcelone et Tarragone.

Pour amener l’eau dans les villes, on multiplia les aqueducs. Celui de Ségovie*, le plus beau, atteint presque trente mètres de hauteur. Même élévation à Tarragone pour le pont de las Ferretas. On ne comptait pas moins de trois aqueducs à Mérida. Les piles de celui de los Milagros, d’un élan superbe, soutenaient trois rangées d’arcs.

Les temples ont généralement disparu, ou bien il s’agit, comme à Vich — l’antique Ausa —, de constructions modestes. Quant aux monuments funéraires, ils sont surtout connus par le tombeau dit « tour des Scipions », construit au ier s. aux environs de Tarragone.