Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

La fin du Tertiaire est marquée par un refroidissement de l’atmosphère, qui mène aux glaciations quaternaires. L’inlandsis scandinave, franchissant l’actuelle mer Baltique, recouvrait de sa masse gigantesque la plus grande partie de la plaine. Les avancées et les retraits successifs des glaciers déterminèrent la morphologie de détail, très complexe, de cette plaine. Les accumulations se firent devant le front glaciaire lors des périodes de stabilité. De vastes surfaces de sables (Geest) ont été aménagées par les eaux issues des glaciers. À l’arrière des moraines frontales, le glacier, après son retrait, découvre la moraine de fond constituée par des éléments hétérogènes. La nature des matériaux est très variable. Les moraines constituent souvent des barrages retenant les eaux de ruissellement ; elles ont donné naissance à des milliers de lacs, qui, par leur scintillement, égaient le paysage. On distingue trois grandes glaciations. La glaciation de l’Elster correspond à la glaciation alpine de Mindel ; celle de la Saale équivaut à celle du Riss ; la période de la Vistule correspond, enfin, à la glaciation du Würm.

La plaine est marquée par deux grands alignements morainiques. Le südlicher Landrücken, formant un vaste arc de cercle et englobant la Lüneburger Heide, est souligné, en contrebas, par une zone déprimée occupée par l’Aller et la Weser moyenne. Zone mal drainée, ce couloir transversal est le type de l’Urstromtal, où les eaux issues des glaciers s’accumulèrent avant de trouver une issue d’écoulement.

Le baltischer Landrücken date de la glaciation Vistule-Würm et présente des formes plus fraîches. La topographie est vallonnée ; le paysage de collines domine. Dans le Schleswig-Holstein, les alignements sont de direction nord-sud ; ils s’incurvent vers l’est en une direction ouest-est. La couverture forestière, la multitude de lacs, la variété topographique ont amené l’appellation de Holsteinische Schweiz pour la région située entre Kiel et Lübeck.

La pédologie, plus que la topographie et la morphologie, distingue les aspects naturels dans la plaine. Le paysan a introduit des distinctions fondées sur la nature physique des sols.

La Geest est le paysage des plaines ou plateaux de sables. Elle s’oppose à la Marsch (ou polder), ainsi qu’aux Moore (tourbières). La Geest a souvent été assimilée à la lande (Lüneburger Heide). Pour les paysans des Marschen, la Geest signifie tout ce qui entoure la Marsch. Le paysage de Geest est particulièrement développé en Basse-Saxe. Les Moore se sont développées dans les dépressions fluviales ou à proximité de la mer. La genèse des tourbières est liée à celle des autres formes glaciaires. Si la Geest domine à l’est de l’Elbe, les tourbières, par contre, sont plus étendues à l’ouest de cette dernière. La plus grande (Bourtanger Moor) occupe 1 400 km2, dont 1 000 en Allemagne même, le reste dans les Pays-Bas. L’épaisseur de tourbe oscille entre 4 et 6 m, mais exceptionnellement peut atteindre 22 m. L’exploitation des tourbières passe par leur drainage. L’utilisation de la tourbe comme combustible a contribué à la mise en valeur de nombreuses tourbières. La colonisation agricole médiévale a réalisé la mise en cultures des zones essentiellement périphériques (Moorhufendörfer). Geest et Moor sont deux milieux physiques quasiment opposés. Alors que le premier souffre de la sécheresse, le second pâtit des excès d’humidité.

Le littoral est caractérisé par les plages de sable ou les Marschen. Ces dernières résultent de l’exhaussement des alluvions apportées à la mer par les fleuves littoraux. Constituées par le Schlick (slikke), où l’on retrouve argiles et sables, les Marschen subissent les assauts des tempêtes marines. Comme les polders, elles sont susceptibles d’être envahies par les plus hautes marées. Dès le Moyen Âge, les habitants ont entrepris la construction de digues ; rarement elles ont été insubmersibles. Les Seemarschen sont des polders littoraux. Le long des fleuves se déroulent les Flussmarschen (Elbe, Ems).

Le littoral est précédé par un chapelet d’îles (îles frisonnes orientales et septentrionales). Elles sont le reste d’un ancien littoral submergé lors de la remontée de la mer consécutive à la fonte des glaces quaternaires. Certaines sont d’anciens cordons dunaires qui ont résisté à la submersion. Les Halligen sont des portions d’anciennes Marschen démantelées par les eaux marines lors de leur invasion. Elles sont sans aucune défense, étant entièrement plates. Les tempêtes exceptionnelles les submergent partiellement ou totalement. Pour se protéger, les hommes ont construit leurs habitations sur des tertres artificiels appelés Warften, ou Wurten. Entre les îles et le continent, la Wattenmeer découvre deux fois par jour sur quelques kilomètres. Les chenaux de marée entaillent le Schlick, que les hommes essaient de rehausser en construisant des réseaux de piquets reliés par des fascines. Le milieu littoral et insulaire est un milieu rude, constamment confronté aux forces déchaînées de la nature, et où les caractères se trempent.

Les grands estuaires correspondent à des accidents structuraux. Leur ampleur est liée à la subsidence qui affecte la mer du Nord. L’île de Helgoland est la seule île rocheuse, composée de sédiments mésozoïques. La marée se fait sentir loin à l’intérieur des terres, jusqu’à Hambourg et Brême. L’envasement des estuaires a entraîné l’édification d’avant-ports et nécessite d’importants travaux de dragage pour permettre l’accès des grands navires à Hambourg et Brême.


La moyenne montagne, les vallées et les bassins

En allant vers le sud, on traverse, tout d’abord, un ruban plus ou moins continu de sols lœssiques : les Börden. Les terroirs de lœss débutent aux environs d’Aix-la-Chapelle et se poursuivent jusqu’en Allemagne démocratique, se déroulant au pied des Mittelgebirge, à l’exception de quelques petites interruptions. Le lœss d’origine périglaciaire date des dernières glaciations. Les Börden les plus célèbres sont celles de Bergheim, Düren, Jülich à l’ouest du Rhin, Hanovre et Minden à l’est. Là se trouvent les grandes régions céréalières et betteravières (betterave à sucre).