Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

escrime (suite)

L’appareil est installé à l’extérieur et au milieu de la piste. Un fil part vers chaque extrémité de la piste, où se trouve un enrouleur comportant une prise et dont le fil permet la libre évolution de l’escrimeur. Ce dernier est muni d’un fil de corps passant dans sa manche et ressortant dans le dos. C’est une sorte de « prolongateur électrique » muni de deux prises. En arrivant sur la piste, il se branche après l’enrouleur et introduit une prise même dans son arme. Le contact est établi sur pression (500 g pour le fleuret, 750 g pour l’épée, les coups plus légers n’étant pas enregistrés).

Pour les compétitions, une « rampe » complète l’appareillage, où l’on éclaire un tableau numéroté indiquant le score.


Les matches

Un chronométreur contrôle la durée des assauts, fixée à six minutes effectives (on déduit les arrêts). Les combats se déroulent soit par poules (cinq touches pour les hommes, quatre pour les femmes), soit à l’élimination directe (deux manches et la belle d’une durée maximale de six minutes chacune, ou match long de dix touches pour les hommes et de huit pour les dames, d’une durée maximale de douze minutes).

Le règlement international est revenu aux épreuves par poules, où six adversaires se rencontrent tour à tour, les trois premiers étant conservés pour l’échelon supérieur, et ainsi de suite. Il y a quelques années, on avait pour règlement un tour de poule qualificatif et un tableau d’élimination directe de trente-deux, d’où sortaient quatre qualifiés. Les battus successifs entraient dans un tableau de repêchage, qui permettait deux qualifiés pour une finale à six.

On est toujours à la recherche de la formule idéale, car, s’il s’agit de couronner le meilleur, il apparaît à certains qu’il est sévère d’éliminer un compétiteur après dix minutes de combat.

Pour les épreuves par équipes, celles-ci sont de quatre tireurs, plus un remplaçant qui fait officiellement partie de l’équipe quand il y a plusieurs tours, comme aux championnats ou aux jeux Olympiques, ce qui permet de laisser reposer un élément suivant la nation opposée.

Jadis pratiquée presque exclusivement par les Italiens et les Français, qui se partageaient les lauriers internationaux, l’escrime est devenue un sport prisé dans les pays de l’Est, et les Soviétiques, notamment, sont passés maîtres dans les trois armes.

Y. J.

 R. Moyset, Initiation à l’escrime (Bornemann, 1966). / P. Thirioux, Escrime moderne aux trois armes (Amphora, 1970). / J. Palffy-Alpar, Spada sciabola floretto (Milan, 1971). / R. Cléry, l’Escrime (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1973).

Esmein (Jean-Paul Hippolyte Emmanuel, dit Adhémar)

Juriste français (Touvérac, Charente, 1848 - Paris 1913).


À une époque où la spécialisation des disciplines scientifiques ne se présentait pas comme une exigence aussi impérieuse que de nos jours, Adhémar Esmein réussit — ce qui serait un périlleux tour de force aujourd’hui — la remarquable synthèse de travaux de droit constitutionnel, de droit canonique et de législation industrielle, couronnés par d’importantes recherches consacrées à l’histoire des institutions françaises. De ce fait, il se situe dans la lignée des grands humanistes qui honorèrent la pensée juridique de la fin du xixe s. et des débuts du xxe s., où les noms de Duguit*, de Hauriou*, de Carré* de Malberg brillèrent également d’un singulier éclat.

Ayant fait ses études au lycée d’Angoulême, puis à la faculté de droit de Paris, dont il est docteur en 1872, il est agrégé en 1875, professeur à Douai, où il enseigne le droit criminel, puis à Paris, où il est chargé de la pédagogie du droit industriel. Il y enseignera ensuite l’histoire du droit, le droit constitutionnel et, à partir de 1886, l’histoire du droit canonique à l’École pratique des hautes études. Il est également professeur à l’École libre des sciences politiques et, en 1904, il devient membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

Esmein répand et vulgarise l’approche de l’histoire pour expliquer les institutions juridiques dans de très nombreux articles, notamment dans la Nouvelle Revue historique du droit français et étranger et dans son importante Histoire de la procédure criminelle en France (1881). Son Cours élémentaire d’histoire du droit français (1892), qui a connu de nombreuses éditions, retrace la lutte entreprise par la royauté française pour conquérir — à l’encontre de l’émiettement de la souveraineté, qui avait caractérisé la féodalité — un pouvoir reconnu et fort, et pour constituer l’unité nationale.

Le Cours conduit jusqu’à la Révolution de 1789, à laquelle l’auteur consacrera d’autres travaux (Précis élémentaire d’histoire du droit français de 1789 à 1814 ; Révolution, Consulat, Empire [1908]). L’étude des institutions françaises de l’époque contemporaine prendra la suite de ces travaux rétrospectifs. Analysant les mécanismes des institutions et leur fonctionnement, Esmein ramène le mouvement du droit constitutionnel à deux sources fondamentales : la Constitution anglaise (non écrite) et la Révolution française. Il démontre les mécanismes de la vie gouvernementale française issue des lois constitutionnelles de 1875, son œuvre, sur ce point, précédant celle de Raymond Carré de Malberg.

J. L.

ésotérisme

Enseignement « intérieur » donné seulement aux initiés de certaines confréries, écoles ou sectes philosophiques ou religieuses de l’Antiquité et des temps modernes.
Doctrine secrète, voilée sous un enseignement accessible à tous.



Introduction

On trouve chez d’anciens auteurs un synonyme de ésotérique : acroamatique ou acroatique. Les livres « acroamatiques » sont des ouvrages philosophiques et, le plus souvent, poétiques, traitant de sujets sacrés ou mystérieux, dont le sens n’est compréhensible qu’en fonction de l’initiation de leurs lecteurs ou que si leurs auteurs donnent les clefs de leur interprétation véritable. C’est ainsi que les traités d’alchimie sont des livres « acroamatiques ». Substantivement, chez Jamblique (v. 250-330), les ésotériques étaient les disciples admis, après de nombreuses épreuves, à recevoir l’enseignement direct, intime et secret de Pythagore (vie s. av. J.-C.), à la différence des « exotériques », simples postulants, qui n’étaient instruits que des éléments de la doctrine.