érosion (suite)
Les systèmes morphogénétiques étant définis par une combinaison de processus sous la dépendance du milieu bioclimatique, on ne s’étonnera pas de les voir se répartir par zones à la surface du globe et s’étager en altitude dans les régions montagneuses. Schématiquement, les divers systèmes morphogénétiques peuvent être regroupés en deux grandes catégories quant à leurs conséquences sur les paysages géomorphologiques.
• Les systèmes à dominante physique correspondent aux régions à couverture végétale rare ou discontinue (régions froides et arides). Ce sont les milieux rhexistasiques de Henri Erhart. L’écran végétal y est si maigre que le climat agit directement sur les roches. Le froid, d’un côté, le manque d’eau, de l’autre, limitent au maximum les processus chimiques et biologiques ; aussi, les sols ne s’élaborent-ils que lentement et demeurent-ils squelettiques, d’autant que l’érosion tend à les décaper au fur et à mesure de leur formation. Il y a donc une très nette prépondérance des processus mécaniques sur les processus chimiques et biochimiques.
• Les systèmes à dominante biologique et pédologique sont au contraire ceux qui sont réalisés dans les régions à couverture végétale dense et à sols évolués. Ce sont les milieux biostasiques de H. Erhart. Les agents météoriques n’atteignent pas directe ment la roche : sols et végétation constituent un écran puissant à l’abri duquel les processus chimiques sont favorisés, alors que les processus physiques sont entravés. C’est sous la forêt équatoriale que s’observe le plus parfait exemple de ces systèmes dominante chimique. Là, presque toute l’usure se fait par action chimique des eaux, qui entraînent et solution plus de matière que les rivières ne charrient d’alluvions. Dans nos régions, ces caractères sont moins évidents, car l’homme a totalement bouleversé les conditions naturelles ; mais il est certain que, sous nos forêts, l’action chimique joue un rôle essentiel.
R. L.
H. Erhart, la Genèse des sols en tant que phénomène géologique. Esquisse d’une théorie géologique et géochimique, biostasie et rhexistasie (Masson, 1956 ; 2e éd., 1967). / J. Bourcart, l’Érosion des continents (A. Colin, 1957). / M. Derruau, Précis de géomorphologie (Masson, 1958 ; 5e éd., 1967). / P. Birot, le Cycle d’érosion sous les différents climats (Rio de Janeiro, 1960). / J. Tricart et A. Cailleux, Traité de géomorphologie, t. I : Introduction à la géomorphologie climatique (S. E. D. E. S., 1966).