Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

épilepsie (suite)

Les crises d’épilepsie focales

Les crises d’épilepsie focales, ou partielles, sont des crises dont la symptomatologie clinique et électrique permet d’incriminer l’atteinte de certaines zones du cerveau. Elles correspondent souvent à une cause précise, dont la mise en évidence est plus ou moins difficile à faire. Quelle que soit la forme réalisée, elles se caractérisent par l’existence de signes initiaux, identiques chez un même malade, survenant en pleine conscience. La crise se développe ensuite rapidement. Elle peut rester localisée à un segment du corps, mais peut aussi se généraliser, avec perte de conscience. Dans ce cas, il n’y a pas d’amnésie du début conscient de la crise.

• Dans l’épilepsie frontale, la décharge épileptique au niveau de la circonvolution frontale ascendante se traduit par la crise dite « Bravais-jacksonienne » (crise B.-J.), marquée par la flexion invincible du pouce dans la main, puis la survenue de secousses de flexion-extension à ce niveau. Ces secousses cloniques peuvent gagner l’avant-bras, le bras, l’épaule. Ailleurs, la crise est localisée à la face, avec attraction de la commissure labiale, fermeture des paupières, secousses musculaires de l’hémiface. Au niveau de la frontale moyenne, l’expression typique en est la déviation conjuguée de la tête et des yeux vers le côté opposé, avec conservation de la conscience. L’atteinte du lobule paracentral donne lieu à la crise crurale, crise B.-J. identique à celle du membre supérieur mais qui se déroule au membre inférieur en débutant au gros orteil puis en diffusant vers la racine de la cuisse.

• L’épilepsie occipitale est constituée par des hallucinations de caractère élémentaire (cercles colorés, scotomes scintillants...) latéralisées ou non dans les champs visuels opposés au foyer épileptique. Des secousses des yeux (nystagmiformes ou oculogyres), avec ou sans déviation conjuguée de la tête, sont fréquentes.

• L’épilepsie pariétale par atteinte de la circonvolution pariétale ascendante réalise l’épilepsie jacksonienne sensitive homologue de la crise B.-J. motrice.

• L’épilepsie temporale est beaucoup plus complexe du fait de l’hétérogénéité de ce lobe, de la multiplicité de ses fonctions, de la complexité de ses liaisons. Le lobe temporal comporte plusieurs zones de projection sensorielle (auditive, olfactive, vestibulaire) ; il joue un rôle important dans l’élaboration du langage. La crise peut être marquée par des hallucinations visuelles : scènes, tableaux, visages, objets déformés. Il peut s’agir aussi de crises auditives élémentaires (perception de ronflements, sifflements) ou complexes (thèmes musicaux, discours). Les crises olfactives se définissent par la perception d’odeurs presque toujours désagréables. Les troubles paroxystiques du langage sont marqués par l’existence fugace d’un jargon indifférencié, par l’incompréhension du langage d’autrui, qui apparaît comme étranger. Enfin, plus caractéristique encore de l’épilepsie temporale, la crise psychomotrice est marquée par un certain nombre d’activités automatiques stéréotypées élémentaires (se frotter les mains, boutonner et déboutonner son vêtement) ou plus élaborées (traverser une rue, prendre le train, faire une fugue).


L’état de mal épileptique

On désigne sous ce nom une forme particulière d’épilepsie qui se trouve réalisée chaque fois qu’une crise persiste suffisamment longtemps ou se répète avec des intervalles suffisamment brefs pour créer une condition épileptique fixe et durable. Dans ces conditions, on pourrait décrire autant d’aspects sémiologiques d’état de mal qu’il y a de variétés de crises épileptiques.

Convulsions du nourrisson et de l’enfant

On doit entendre sous ce terme toutes les crises paroxystiques d’origine cérébrale liées à l’activité excessive et hypersynchrone de l’ensemble ou d’une partie des neurones corticaux ou sous-corticaux. En dépit de l’unité neurophysiologique des crises convulsives, les problèmes posés varient considérablement selon l’âge de l’enfant.

Les convulsions néo-natales sont soit des crises toniques, très souvent partielles, segmentaires, plusieurs segments pouvant battre à des rythmes différents, soit des accès cloniques de courte durée, également segmentaires. L’hémorragie cérébro-méningée néo-natale (due à l’accouchement) en est la cause la plus fréquente ; viennent ensuite les méningites néo-natales, le traumatisme et l’anoxie néo-nataux, l’hypocalcémie, l’hypoglycémie, certaines maladies métaboliques rares comme l’hyperprolinurie, maladie des urines à « odeur de sirop d’érable ». D’autres crises peuvent être en rapport avec des malformations cérébrales ou des fœtopathies acquises (toxoplasmose).

Les convulsions du nourrisson et du jeune enfant sont très fréquentes. La propension du petit enfant à réagir par des convulsions à des modifications, même légères, de ses constantes biologiques est remarquable. Ce fait est important, car une assez grande part de crises convulsives observées à cet âge n’a pas la signification d’une épilepsie. On doit donc distinguer à cet âge les convulsions qui sont appelées à se renouveler pendant tout ou partie de la vie (épilepsie) des convulsions occasionnelles, qui ne représentent que le mode d’expression particulier d’une maladie aiguë métabolique, infectieuse ou autre.

Les plus fréquentes des convulsions du nourrisson sont cependant les convulsions fébriles, dites encore « hyperpyrétiques ». Leur réputation de bénignité a pour corollaire un diagnostic fondé sur des critères rigoureux : absence de crise en dehors de la fièvre, apparition de la crise dans les 24 heures qui suivent la poussée thermique, absence de maladie du système nerveux, durée courte (10 à 15 minutes) et apparition dans le tout jeune âge, absence enfin d’anomalies électro-encéphalographiques à distance de la crise. Le maximum de fréquence de ces convulsions hyperpyrétiques se situe vers 12-24 mois ; elles tendent à disparaître après 5 ans.

Les convulsions du nourrisson peuvent être liées à une méningite aiguë, purulente ou non, à des méningo-encéphalites, à des hémorragies méningées.