Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

épaule (suite)

La périarthrite scapulo-humérale peut également être le résultat non pas de lésions tendineuses, mais d’altérations de la capsule articulaire, qui est épaissie et rétractée. Cela s’observe tantôt au cours de l’évolution de la forme précédente, tantôt après un traumatisme ou certaines affections médicales comme l’infarctus du myocarde et l’hémiplégie. Les douleurs de l’épaule, parfois vives au début, se calment rapidement, tandis que s’installe un tableau d’ankylose de l’articulation avec une limitation considérable de la mobilité active et passive du bras. Le traitement par des infiltrations intra-articulaires de dérivés cortisoniques est souvent insuffisant, il doit être complété par une rééducation kinésithérapique persévérante. L’évolution est en effet longue, de 6 à 18 mois environ.

• La tuberculose osseuse. Comme toutes les articulations de l’organisme, l’épaule peut être le siège d’une arthrite : l’ostéo-arthrite tuberculeuse (ou scapulalgie) y est peu fréquente, mais elle est néanmoins la plus fréquente des tuberculoses articulaires du membre supérieur.

• Les arthrites infectieuses. Des arthrites infectieuses à germes banals peuvent s’observer, en particulier après des infiltrations locales de médicaments. L’arthrose est de constatation exceptionnelle à l’épaule.


Tumeurs de l’épaule

Certaines formations tumorales touchent le squelette de l’articulation ; parmi les tumeurs bénignes, deux sont fréquentes : l’exostose (unique ou appartenant à la maladie exostosante, v. os) et le chondrome (tumeur bénigne du cartilage). Les tumeurs malignes sont essentiellement représentées par les tumeurs secondaires à un cancer viscéral, en particulier du sein (métastases osseuses), et par les ostéosarcomes et les chondrosarcomes.

M. B.

Éphémère

Insecte à ailes membraneuses vivant près de l’eau, parfois en grande abondance, et à longévité très brève à l’état adulte.



L’adulte

Les Éphémères forment un ordre (Éphéméroptères) rassemblant huit cents espèces, dont soixante-dix habitent la France. Leur taille est généralement modeste : la plus grande espèce européenne, Palingenia longicauda, ne dépasse pas quatre centimètres de long. Par leur aspect comme par leur habitat, ils rappellent un peu les Libellules, mais ils s’en distinguent par leurs ailes inégales, qui, au repos, se redressent sans se plier, et par les trois longs filaments que porte l’abdomen à l’arrière, deux cerques et un paracerque ; celui-ci manque dans certains genres. Près des antennes courtes, la tête montre des yeux composés, plus développés chez les mâles que chez les femelles ; chez certains (Baetis, Cloeon), ils sont divisés en deux surfaces distinctes, si bien qu’il semble y avoir quatre yeux. Les pièces buccales sont atrophiées, et l’Insecte ne se nourrit pas. Les ailes postérieures, plus petites que les antérieures, sont parfois tellement réduites que l’animal paraît n’avoir que deux ailes (Cloeon dipterum).

La vie imaginale des Éphémères dure en général un jour ou deux ; chez Oligoneuria rhenana, elle n’excède pas quelques heures ; par contre, les femelles ovovivipares peuvent vivre plus d’une semaine. L’apparition des adultes se fait souvent de façon massive ; au crépuscule, ils forment des nuages denses près des rivières, où les individus se comptent par milliers ; ces rassemblements sont habituellement constitués par la « Manne des pêcheurs » (Polymitarcys virgo), la « Mouche de mai » (Ephemera vulgata) ou la « Mouche d’août » (Oligoneuria rhenana) ; les éclosions ont lieu de mai à septembre, mais pas forcément au cours du mois que suggèrent les noms usuels.

Dans les essaims, les mâles apparaissent d’abord et exécutent des vols nuptiaux — ascensions rapides alternant avec de lentes descentes — avant que les femelles les rejoignent ; l’accouplement a lieu en vol. Les femelles laissent tomber les œufs à la surface de l’eau, en une ou plusieurs fois ; celles de Baetis s’immergent pour fixer les leurs sur des pierres. Puis les adultes meurent ; leurs cadavres peuvent recouvrir l’eau avant de devenir copieuse nourriture pour les Poissons.


Le développement

Parfois munis de filaments qui les fixent aux plantes, les œufs se développent dans l’eau et libèrent des larves aquatiques, portant trois longs cerques comme l’adulte et respirant par les trachéo-branchies de l’abdomen, au nombre de cinq à sept paires ; avec leurs pièces buccales broyeuses, elles consomment des Algues ou des particules organiques. Elles vivent de un à trois ans ; leur croissance est lente et s’accompagne de nombreuses mues ; on en a dénombré plus de vingt chez Cloeon !

Les larves d’Éphémères se rencontrent dans toutes les eaux douces. Certaines nagent dans les eaux calmes, en utilisant leurs cerques abdominaux ciliés ; leurs branchies forment de petites lanières (Baetis, Cloeon). D’autres rampent sur les fonds vaseux des eaux stagnantes ou lentes (Éphémère à ailes bleues, ou Ephemerella ignita). D’autres s’enfoncent dans les fonds argileux des rivières, comme Ephemera vulgata, Polymitarcys virgo. D’autres enfin sont adaptées à la vie dans les torrents (Ecdyonurus) et adhèrent aux pierres par leurs griffes, tandis que leur forme aplatie leur permet de mieux résister aux courants.

Au cours des dernières mues de la vie larvaire, des fourreaux alaires apparaissent : les Éphémères sont hémimétaboles. À la fin, la larve gagne la surface, subit une mue et donne une forme ailée, dite « subimago », qui reste immobile sur une plante pendant quelques heures. Puis, fait unique chez les Insectes, le subimago subit une nouvelle mue pour donner l’imago, au vol actif. L’accouplement peut avoir lieu au stade subimaginal, mais la ponte se fait toujours à l’état d’imago. On considère comme un caractère primitif l’existence d’une mue chez un adulte ailé.

D’ailleurs, les Éphémères existent depuis fort longtemps, puisque leurs premiers représentants apparaissent au Permien. Le Carbonifère de Commentry a livré les restes d’un Protéphémère de grande taille, mais à ailes membraneuses égales, caractère primitif. Par leur abondance, les Éphémères actuels jouent un rôle appréciable dans les chaînes alimentaires des eaux douces. Les pêcheurs en profitent, sans toujours le savoir, car beaucoup des « mouches » artificielles qu’ils utilisent sont des copies d’Éphémères.

M. D.

 L. de Boisset, les Éphémères (Stock, 1942). / M.-L. Verrier, Biologie des Éphémères (A. Colin, 1956).