embryologie (suite)
De nos jours, l’embryologie, mettant à profit les étonnants progrès de la biologie, s’emploie à élucider les processus biochimiques qui président à la différenciation, aux remaniements et aux régressions spécifiques des tissus, qui jouent un rôle si important dans l’édification et le modelage de l’embryon. Des transformations protéiques sont à la base des processus de différenciation (S. Ranzi). Ces processus résultent du déclenchement des synthèses de protéines nouvelles, et c’est, en fin de compte, par l’apparition de protéines spécifiques que se caractérise la différenciation cellulaire. Dans certains cas, les mécanismes qui assurent les croissances ou les régressions spécifiques commencent à être connus, notamment en ce qui concerne l’évolution des éléments du tractus génital : à un moment donné, il y a chez tout embryon, quel qu’en soit le sexe, deux canaux géniteurs, le canal de Wolff et le canal de Muller. Normalement, chez l’embryon mâle, le canal de Wolff persiste, tandis que le canal de Muller disparaît, et inversement dans l’autre sexe. Ces deux phénomènes dépendent essentiellement de la présence ou de l’absence d’hormone mâle : tout semble se passer comme si une protéase cellulaire passait d’une activité de synthèse à une activité protéolytique selon l’hormone en présence sur le substrat en question (E. Wolff, A. Jost).
Les progrès réalisés dans la connaissance du développement normal fournissent maintenant des bases solides pour aborder le problème angoissant des malformations congénitales. Au cours du développement embryonnaire, la forme précède toujours la structure, la morphogenèse corporelle précède la formation des organes, et l’organogenèse précède elle-même la différenciation histologique. Les différents stades du développement, qui s’imbriquent étroitement, semblent prédéterminés dès le début de l’embryogenèse. De même, les perturbations de ce développement sont probablement déterminées, elles aussi, très précocement. Un même processus tératogène sera susceptible, selon son intensité, d’occasionner une perturbation de la morphogenèse, c’est-à-dire une monstruosité, ou bien des perturbations de l’organogenèse ou de l’histogenèse, c’est-à-dire des malformations, ou encore de simples déformations. Cependant, l’embryologie, appliquée à la médecine humaine, aura encore à surmonter beaucoup de difficultés avant qu’une prévention efficace contre les malformations ne soit réalisée.
Quoi qu’il en soit, l’embryologie, jadis science purement statique, est devenue aujourd’hui une des branches les plus dynamiques de la biologie.
Hans Spemann
Biologiste allemand (Stuttgart 1869 - Fribourg-en-Brisgau 1941). Il peut être considéré comme le créateur de l’embryologie expérimentale. Il a notamment réussi la transplantation de cellules d’une région de l’embryon à l’autre, permettant d’établir la notion d’induction et celle d’organisateur. (Prix Nobel de physiologie et de médecine, 1935.)
Ph. C.
A. Giroud et A. M. Lelièvre, Éléments d’embryologie (Le François, 1946 ; 8e éd., 1969). / J. Langman, Medical Embryology (Baltimore, 1963 ; trad. fr. Embryologie médicale, Masson, 1965 ; nouv. éd., 1971). / B. Duhamel, P. Haegel et R. Pagès, Morphogenèse pathologique (Masson, 1966). / P. Guidoni, Embryologie (Doin, 1968). / J.-C. Beetschen, l’Embryologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1974).