Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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électricité (suite)

La transformation électricité-chaleur est cependant avantageuse toutes les fois qu’il importe de surveiller de manière exacte la fourniture de chaleur : cela explique son emploi en métallurgie ou dans certaines opérations chimiques. L’arc électrique permet d’obtenir de très hautes températures : on ne peut pas parvenir autrement aux 3 000 °C que l’on atteint de la sorte. Si la transformation de l’énergie calorifique en énergie lumineuse n’est pas économiquement plus avantageuse lorsqu’elle se fait par l’intermédiaire de l’électricité, la qualité de l’éclairement, la facilité d’utilisation et la régularité du service obtenu font de l’éclairage un domaine où l’électricité est sans rivale.

Dans le domaine des transformations énergie électrique - énergie chimique, le rendement est généralement insuffisant pour le stockage de l’énergie : mais l’électricité fournit grâce à l’électrolyse une des méthodes essentielles de séparation des éléments ; on comprend le rôle de l’électrochimie dans la vie moderne.

Dans tous les usages de l’énergie électrique passés en revue, des substitutions avec d’autres formes d’énergie sont possibles. Il n’en va pas de même pour les usages de type électronique ; là, l’énergie électrique est irremplaçable. Mais, dans ce domaine, les besoins d’énergie sont généralement modestes : ils sont si faibles pour les appareils à transistors que l’on peut employer comme source des piles, bien que celles-ci soient très dispendieuses.

L’électricité a permis de rendre facile au niveau domestique l’usage de la lumière et de l’énergie mécanique : elle a suscité de nouveaux besoins, et la gamme des appareils électroménagers s’allonge sans cesse, si bien que la consommation des ménages a tendance à croître rapidement. Au niveau industriel, les besoins en énergie mécanique sont satisfaits au mieux en utilisant l’intermédiaire électrique, si bien que presque tous les progrès de la production s’accompagnent d’une augmentation de la consommation. Enfin, les qualités spécifiques de l’énergie électrique expliquent la poussée régulière des secteurs très gros consommateurs que sont ceux de l’électrochimie et de l’électrométallurgie.

Depuis un demi-siècle, la consommation d’électricité augmente dans tous les pays industriels à un rythme rapide : la règle est celle du doublement au moins en dix ans. Parfois, la progression est encore plus vive. Pour les pays en voie de développement, les taux de progression sont supérieurs, dans les premières années du démarrage tout au moins.

Comment est assurée la fourniture de cette énergie ? Où se trouvent localisées les installations productrices ? L’énergie électrique n’est qu’une forme intermédiaire entre une source d’énergie mécanique ou calorique et des besoins dispersés. La fourniture à l’échelle industrielle est toujours assurée par la transformation de l’énergie mécanique en énergie électrique par l’intermédiaire de générateurs. L’énergie mécanique est une énergie mécanique directe dans le cas de l’utilisation de l’eau, des marées, du vent. C’est une énergie dérivée de l’énergie calorique dans le cas de l’utilisation des eaux thermales chaudes (électricité géothermique), dans le cas de l’utilisation des combustibles classiques (charbon, pétrole, gaz) ou enfin dans le cas de l’utilisation de l’énergie nucléaire ; la chaîne de transformation est, dans ces derniers cas, très complexe ; le combustible fournit de la chaleur, transformée en énergie mécanique par des turbines à vapeur, qui, à son tour, est transformée en électricité par des alternateurs.


La géographie de la production et de la consommation d’électricité

Elle est ainsi particulièrement complexe : elle s’explique par les conditions propres de transformation de chaque source primaire en énergie électrique, par les conditions de transport de l’énergie primaire et par celles du courant électrique. Elle dépend de la structure spatiale de la consommation et de sa structure temporelle (nous l’avons déjà dit, l’utilisation des lignes à haute tension est d’autant plus avantageuse que l’énergie transportée l’est de manière plus constante). Des facteurs techniques commandent pour l’essentiel ces rapports. Mais d’autres facteurs interviennent : la manière dont sont fixés les prix de vente est un élément important de l’organisation géographique.

Le marché de l’industrie électrique est en effet caractérisé par un degré très élevé de monopole géographique : au niveau de la distribution, les charges de mise en place d’un réseau sont telles qu’il est impensable de voir une même aire desservie par plusieurs fournisseurs disposant chacun de leurs lignes. Seuls les très gros utilisateurs industriels peuvent effectivement mettre en concurrence les producteurs : ils ont en effet la possibilité de s’adresser à plusieurs fournisseurs pour satisfaire l’ensemble de leurs besoins ou encore celle de créer leurs propres installations si les conditions qui leur sont offertes sont peu intéressantes.

L’existence des monopoles de distribution autorise des pratiques de discrimination entre les clients. La différence de tarif entre les utilisations industrielles et les utilisations domestiques s’explique dans une large mesure par les prix de revient différents : les frais de transport sont plus élevés dans le second cas par suite de la dispersion de la demande et de la nécessité de fournir le courant sous une faible tension. Cependant, dans la plupart des cas, la fixation des tarifs se fait sans référence exacte au prix de revient, ce qui aboutit à faire peser sur certains utilisateurs des charges proportionnellement plus élevées que sur d’autres.

Au niveau de la consommation d’électricité domestique, le désir d’équiper les moindres agglomérations a conduit à faire payer par les consommateurs urbains une partie des fournitures aux campagnes. Dans certains cas, les utilisateurs domestiques sont sacrifiés aux industriels, alors qu’en France, au cours des vingt années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, c’est plutôt l’inverse que l’on a observé. Les compensations tarifaires ont d’habitude des aspects géographiques : pour assurer aux diverses régions d’égales chances de développement, on vend le courant à des tarifs plus uniformes que ne le sont les prix de revient.