Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allaitement (suite)

Allaitement maternel

Durant la grossesse, la folliculine et la progestérone développent considérablement la glande mammaire. Dès l’accouchement et la sortie du placenta, la concentration sanguine de ces deux hormones baisse, ce qui libère une hormone hypophysaire, la prolactine, qui met en route la sécrétion lactée, ou lactation. Dès le second jour, l’enfant est mis au sein ; il absorbe alors non pas du lait, mais du colostrum, liquide jaunâtre riche en protides et en anticorps naturels. La montée laiteuse véritable ne se fait que le troisième jour après l’accouchement. Le sein est donné toutes les trois heures à raison de six tétées par vingt-quatre heures, et pas plus de quinze à vingt minutes. L’action mécanique de la succion entretient la lactation. Après chaque tétée, l’enfant doit être maintenu verticalement jusqu’à ce qu’il ait eu une ou deux régurgitations. Les selles d’un enfant au sein sont nombreuses, liquides, grumeleuses et jaune d’or. La nourrice doit avoir une alimentation saine et abondante ; elle évitera les mets épicés, le café, le thé, l’alcool et les cigarettes. Les mamelons doivent être tenus très propres et nettoyés à chaque tétée, pour éviter des complications infectieuses (crevasses, lymphangite ou mastite). Les difficultés de l’allaitement peuvent tenir à l’insuffisance de la lactation (hypogalactie) ou à sa carence totale (agalactie). On peut corriger les anomalies du mamelon insuffisamment développé ou « ombiliqué » en interposant entre lui et l’enfant un bout de sein ou une téterelle, ou en tirant le lait avec un appareil électrique (tire-lait). Pendant la durée de l’allaitement, il est habituel que les menstruations soient absentes, mais la fécondation peut cependant s’observer ; la muqueuse vaginale peut présenter un état de sécheresse pathologique (colpodystrophie de l’allaitement). Peu de femmes bien portantes ne sont pas capables d’allaiter, et l’insuffisance de sécrétion est plus souvent une excuse qu’une raison médicale, l’espacement des tétées ou leur arrêt entraînant le tarissement de la sécrétion lactée (ablactation). Les véritables contre-indications de l’allaitement maternel sont rares : cardiopathie, tuberculose pulmonaire, troubles psychiques. À l’inverse, les femmes dont la sécrétion lactée dépasse les besoins de leur enfant peuvent donner une partie de leur lait à de véritables banques de lait, ou « lactariums », qui le distribueront aux nouveau-nés pour lesquels le lait de femme est indispensable (prématurés, débiles).


Allaitement artificiel

Lorsque, pour une raison quelconque, le nourrisson ne peut bénéficier du lait maternel, on est obligé de s’adresser à un aliment très différent qualitativement et quantitativement, le lait de vache. En raison de sa composition, le lait* doit être coupé avec de l’eau pour ramener à des taux corrects la caséine, les sels et les graisses, et il doit être resucré. Les laits industriels se sont pratiquement substitués au lait de vache naturel en raison de leur commodité d’emploi, de la régularité de leur composition, de leur asepsie et de leur meilleure digestibilité. Le lait est préparé avec de l’eau bouillie ou stérile (en bouteille) dans des biberons à large goulot et à fond plat, pouvant être rigoureusement nettoyés et stérilisés, munis de tétines souples pas trop largement percées. Le biberon doit être présenté presque entièrement renversé, de façon que l’air reste en haut du biberon. Les selles d’un enfant nourri artificiellement sont différentes de celles d’un enfant au sein ; elles sont moins nombreuses, plus dures, de teinte blanchâtre et d’odeur forte. La courbe de poids de l’enfant est sujette à des variations plus grandes. Parmi les incidents qui peuvent survenir lors de l’allaitement artificiel, certains sont dus à une préparation défectueuse des biberons (non-respect des concentrations en lait et en eau de coupage), d’autres, devenus plus rares, peuvent se manifester si toutes les précautions d’asepsie ne sont pas prises lors du nettoyage des biberons et des tétines. Le nouveau-né normal, de plus de trois kilos, prend six repas de la naissance à l’âge de trois mois. Le passage à cinq aura lieu à deux ou trois mois ; à quatre, vers six ou sept mois.


L’allaitement mixte

Il associe l’allaitement maternel à l’allaitement artificiel. La meilleure méthode consiste à compléter chaque tétée par un petit biberon dont la quantité se détermine par la pesée de l’enfant après la tétée au sein. Cette méthode permet le maintien de la lactation. Une autre méthode consiste à remplacer intégralement une ou plusieurs tétées par un biberon, en commençant par remplacer la tétée du soir, puis celle précédant le repas de midi. Cette méthode entraîne rapidement le tarissement de la sécrétion de lait maternel ; elle est utilisée lorsque la mère ne veut plus allaiter son enfant ou au moment du sevrage. Ce sont les laits secs demi-écrémés qui donnent les meilleurs résultats dans l’allaitement mixte.

La législation actuelle cherche à favoriser l’allaitement maternel. Elle accorde des primes d’allaitement et réserve des moments libres pour les tétées pendant les heures de travail.

L’établissement d’un régime varié à partir du 3e ou 4e mois, comprenant successivement des bouillies, des purées de légumes, des jus de viande, ne doit pas faire abandonner l’administration de lait ; celle-ci doit être poursuivie jusqu’après 2 ans (date d’éruption des dernières « dents de lait ») à une dose suffisante. (V. nourrisson.)

Ph. C.

 M. Maillet, le Nourrisson. Puériculture pratique. Éléments d’hygiène physique et psychique du premier âge (Maloine, 1954).

Allemagne

En allem. Deutschland, région de l’Europe centrale, partagée entre la République fédérale d’Allemagne* et la République démocratique allemande*.