Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Élam (suite)

L’Élam et la menace assyrienne (ixe-viie s.)

Le nom du pays ne reparaît — dans les sources assyriennes — qu’en 818, en position d’allié de Babylone, qui, affaiblie par l’installation des Araméens en basse Mésopotamie, ne parvient plus à endiguer l’expansion des rois d’Assyrie. Comme ces derniers, à partir de Toukoulti-apil-ésharra III (Téglat-phalasar III) [729], se font aussi rois de Babylone, les Élamites se voient obligés de soutenir ou de susciter les révoltes des Araméens de Babylonie. Le roi de Suse, Houmbannougash, aide le prétendant chaldéen au trône de Babylone à battre l’Assyrien Sargon II (Dêr, 720). Son successeur, Shoutrouk-Nahhounté II (717-699), ne peut empêcher ni Sargon II (710) ni son fils Sin-ahê-érîba (Sennachérib) [703] de chasser le Chaldéen de Babylone et il est renversé par Halloushou-In-Shoushinak (699-693). Le nouveau roi élamite surprend Babylone, où il place un indigène sur le trône à la place du fils de Sin-ahê-érîba, qui est déporté et exécuté en Élam (694) ; le roi d’Assyrie ayant pris sa revanche, l’Élamite est déposé par ses sujets. Sin-ahê-érîba s’empare une nouvelle fois de Babylone (689), dont la destruction intimide pour un temps les adversaires de l’Assyrie.

À partir du règne d’Assour-ah-iddin (Assarhaddon) [680-669], la cour de Ninive profite de la division politique de l’Élam pour s’y créer un parti qu’elle soutient à moindres frais. Mais les Élamites sont tentés d’exploiter la division du domaine assyrien entre les deux fils d’Assour-ah-iddin. En réalité, la puissance assyrienne est restée intacte entre les mains d’Assourbanipal ; en 653, ses généraux écrasent l’armée de l’Élam, et la cour de Ninive peut placer ses protégés élamites à la tête de diverses régions de la Susiane et du Zagros. Ces princes n’hésitent pourtant pas à aider le roi assyrien de Babylone quand il se révolte contre son frère Assourbanipal (651). Vainqueur en 648, le maître de Ninive tente encore une fois d’installer un Élamite sur le trône de Suse, mais ce fantoche est chassé par ses sujets. L’Assyrien, qui avait dû hésiter devant l’étendue et le relief du pays, décide d’en finir avec l’Élam pour supprimer la cause des troubles en Babylonie. Comme en 648, l’armée assyrienne traverse l’Élam, et, cette fois, le pays est saccagé, les temples et palais de Suse sont pillés, les familles princières et une partie de la population déportées (v. 646). Certaines régions de l’Élam sont annexées, et le reste est confié à des princes contrôlés par l’Assyrie.


La fin du peuple élamite

Au début du Ier millénaire av. J.-C., l’Élam avait reçu des Araméens, venus s’installer à l’est du Tigre, et des Perses, qui ont donné leur nom au « Parsoumash », pays montagneux à l’est de Suse. Reconnaissant le roi d’Élam pour souverain suprême, la dynastie achéménide qui règne en Parsoumash lui amène son contingent contre les Assyriens, mais l’abandonne finalement lors de la conquête de 646. Les survivants du peuple élamite, mêlés à ces étrangers et souvent commandés par eux, ne forment plus d’État national. Après la destruction de l’Assyrie (612), l’Élam est partagé entre l’Empire mède et le nouveau royaume de Babylone. Mais les Élamites continuent à initier à la civilisation les principautés perses intégrées dans l’Empire mède, qu’il s’agisse de Parsoumash, qui a repris le nom glorieux d’Anshan, ou de Parsa (Fārs actuel), qui n’avait sans doute jamais dépendu de l’Élam. Après avoir constitué pour leur langue un syllabaire plus simple (écriture néosusienne), les scribes élamites élaborent un système analogue pour écrire le vieux perse. Aussi, lorsque Cyrus, d’abord roi d’Anshan, aura fondé l’Empire perse achéménide (v. 550-330), les premières inscriptions de ses successeurs, trilingues, emploieront le vieux perse, l’élamite et le babylonien, les scribes de Persépolis rédigeront d’abord leurs comptes en élamite, et Suse sera la capitale impériale des Achéménides.

Après la conquête d’Alexandre (fin 331), l’Élam passe sous la domination gréco-macédonienne ; mais contre la dynastie des Séleucides, qui règne sur toute l’Asie occidentale et qui a peuplé Suse de colons grecs, se dresse le petit royaume de l’Élymaïde, qui s’appuie sur les marais proches du golfe Persique et sur les montagnes également difficiles d’accès. À plusieurs reprises, du iie s. av. au iie s. apr. J.-C., il enlève Suse aux Séleucides, puis aux Parthes. L’Élymaïde semble avoir conservé un peu plus que le nom des Élamites, mais elle emploie pour ses inscriptions l’araméen, hérité de l’administration achéménide, et ses temples du feu témoignent des progrès de l’iranisation, achevée au iiie s. apr. J.-C. par la constitution de l’Empire sassanide.

La civilisation élamite, élaborée au IVe millénaire à Suse, où se rencontraient les influences de la basse Mésopotamie, riche et évoluée, et le tempérament religieux original des montagnards, avait résisté pendant trois mille ans aux assauts venus du pays des Deux-Fleuves, protégée par le relief et l’esprit indomptable des Élamites. Leur peuple, saigné à blanc par les Assyriens au viie s., allait peu à peu se fondre, avec un apport personnel qui n’était pas mince, dans le grand ensemble iranien préparé par les invasions aryennes et réalisé sous les dynasties impériales des Achéménides, des Parthes et des Sassanides.

Archéologie et art

La recherche archéologique

Elle a été commencée dès le milieu du xixe s. sur le site de Suse avec les sondages de W. K. Loftus (1851-1853), reprise en 1884 et en 1886 par Marcel Dieulafoy, et poursuivie sans notable interruption depuis 1897 par les membres de la délégation archéologique française : J. de Morgan, R. de Mecquenem, R. Ghirshman, M. J. Steve et G. Perrot. Ses résultats ne sont cependant pas toujours à la hauteur des efforts déployés, car trop longtemps il y a été appliqué une méthode de fouille où la recherche de l’objet primait l’observation purement scientifique.

Hormis certains sites villageois, comme Ali Kosh, installation précéramique du VIIe millénaire, ou d’autres plus récents de la plaine de Susiane, les deux centres d’où proviennent nos connaissances principales sont Suse et Tchoga Zanbil.