Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alimentation rationnelle du bétail (suite)

Chez les monogastriques et les volailles

Les animaux reçoivent une alimentation concentrée équilibrée en fonction de leurs besoins. On obtient cette ration en mélangeant directement des aliments énergétiques (grains) à des aliments azotés (tourteaux, farines animales), et en ajoutant à ce mélange un complément minéral et vitaminique.

Pratiquement, ces rations sont établies afin de faire correspondre au mieux, dans le cadre des dix conditions d’une alimentation rationnelle, les apports des aliments avec les besoins nutritifs des animaux. Il faut cependant signaler que les valeurs proposées dans les tables, tant pour l’expression des besoins que pour le calcul de la valeur des aliments, revêtent nécessairement une signification de moyenne. Il est donc indispensable de contrôler régulièrement les performances des animaux pour ajuster leurs rations.


Les aliments des animaux domestiques


Les fourrages verts et les fourrages conservés

L’herbe est l’aliment de choix pour les ruminants. Elle peut être consommée soit à l’état frais par pâturage ou après fauche et transport jusqu’à l’auge (zéro-pâturage ou « zero-grazing »), soit après conservation par l’un des procédés suivants : ensilage, fenaison, déshydratation artificielle.

L’ensilage consiste en une conservation du fourrage humide à l’abri de l’air et en présence d’une fermentation lactique prédominante. Le démarrage de cette fermentation lactique dans la masse ensilée est assuré par un bon tassement, d’où une élimination presque complète de l’air, par une acidification du milieu à un pH inférieur à 4 et par un préfanage du fourrage qui ramène sa matière sèche à plus de 25 ou 30 p. 100. L’avantage de l’ensilage est qu’il peut s’effectuer en toutes saisons, en particulier lorsqu’il est difficile de faner les premières coupes ou celles d’arrière-saison, compte tenu de la pluviométrie. Le fourrage est alors conservé dans divers types de silos : silo-tranchée creusé dans le sol, silo-couloir bétonné au fond et sur les côtés, silo-tour bétonné, en bois ou plus fréquemment métallique.

Les foins dérivent de la dessiccation naturelle des fourrages verts. Cette dessiccation peut se faire soit au sol, soit sur siccateur, soit même être poursuivie en grange. Dans ce cas, on réduit le temps de séjour du fourrage à l’extérieur afin de diminuer les aléas climatiques ; 30 à 60 heures après la fauche, le fourrage est rentré en grange à des taux d’humidité de 35 à 50 p. 100 ; il est alors soumis à une ventilation forcée comportant ou non un réchauffement de l’air.

La déshydratation artificielle vise à un séchage ultra-rapide, puisqu’il ne dure que de 30 secondes à 1 minute 30. Le foin haché passe dans un courant d’air porté à haute température, ce qui réduit les pertes, notamment en carotène, au minimum, si bien que l’aliment obtenu est proche d’un aliment concentré.

De toute façon, il faut insister sur le fait que la conservation, indispensable pour assurer les stocks alimentaires hivernaux, s’accompagne toujours, sauf dans le cas de la déshydratation artificielle, de pertes plus ou moins importantes selon les conditions dans lesquelles elle est réalisée : une fenaison par mauvais temps peut conduire à la récolte d’un foin qui a perdu 40 à 45 p. 100 de sa valeur nutritive par rapport à l’herbe dont il est issu. C’est là l’avantage de la déshydratation artificielle, qui permet non seulement d’échapper aux contingences climatiques, mais aussi d’obtenir un produit presque standardisé (farine ou aggloméré), dont la distribution peut être ensuite mécanisée.

La valeur nutritive de l’herbe, et des fourrages qui en dérivent par conservation, dépend essentiellement de sa composition botanique et de son âge au moment de la récolte. Sa valeur azotée sera d’autant plus élevée qu’elle sera récoltée jeune et qu’elle contiendra plus de légumineuses par rapport aux graminées.


Les pailles et les balles

Les pailles sont essentiellement utilisées comme litière, mais peuvent l’être accessoirement comme nourriture. Peu nutritives et très encombrantes, elles ne peuvent être distribuées que comme complément à des rations qui ne satisferaient pas toutes les possibilités de consommation des ruminants. Quant aux balles, ou enveloppes des grains, la généralisation de l’emploi des moissonneuses-batteuses fait qu’on ne les récupère à peu près plus.


Les racines et les tubercules

Il s’agit de produits (betteraves, pommes de terre, topinambours) riches en eau (75 à 90 p. 100) et en glucides, mais pauvres en matières azotées. Ce sont donc des aliments volumineux, de bonne valeur énergétique mais de faible valeur azotée. Ils sont en général très appréciés des animaux, dans les rations desquels ils jouent un peu le rôle « apéritif » de la salade dans l’alimentation humaine.


Les sous-produits industriels

La valeur de ces produits est variable selon leur origine. Les sucreries et les distilleries de betteraves fournissent sous le nom de pulpes un sous-produit correspondant aux fragments de betteraves sucrières après épuisement. La pulpe fraîche est un aliment très riche en eau, difficile à conserver, mais de très faible prix de revient. Elle tend aujourd’hui à être déshydratée et donne alors un produit très recherché, bien que plus coûteux.

Les sucreries fournissent aussi un autre sous-produit, la mélasse, substance sirupeuse riche en sucre et en sels minéraux, parmi lesquels dominent les sels de potassium qui lui confèrent à dose excessive un effet déminéralisant. La mélasse est généralement distribuée non pas pure, mais sous forme d’aliments mélassés.

Les drèches de brasserie correspondent aux résidus des grains qui, après avoir été débarrassés de leur germe, ont constitué le malt en vue de la fabrication de la bière. Ces drèches sont très humides (75 p. 100) et d’une conservation très difficile. Elles ne doivent être distribuées fraîches qu’aux seuls ruminants, et ce dans un délai de quelques jours après leur sortie de l’usine. Toutefois, elles peuvent être conservées par ensilage ou mieux après déshydratation.

Les levures industrielles commercialisées après séchage peuvent être utilisées dans l’alimentation de toutes les espèces. Elles sont généralement réservées, compte tenu de leurs remarquables caractéristiques alimentaires (richesse en acides aminés et en vitamines), aux porcs et aux volailles ; leur emploi est cependant limité par leur prix.

Les marcs de pomme, résidus des pressions de pommes à cidre, peuvent être utilisés à l’état frais, ensilé ou sec. Il en est de même des marcs de raisin.