Eisenhower (Dwight David) (suite)
Au Moyen-Orient, Eisenhower n’hésite pas, lors de l’affaire de Suez (1956), à prendre parti avec l’U. R. S. S. contre l’intervention franco-anglaise. Quand il mesure le danger qui pourrait résulter de l’influence soviétique en Égypte, il en arrive à définir ce qu’on a appelé la doctrine Eisenhower, approuvée par le Congrès en mars 1957 ; celle-ci consiste à aider tout pays du Moyen-Orient menacé par l’U. R. S. S. et reçoit sa première application dans l’envoi de marines américains au Liban en 1958.
En Europe, Eisenhower, comptant sur son prestige personnel et sur les souvenirs de la victoire commune de 1945, espère reprendre contact avec Moscou. C’est ainsi qu’en pleine crise de Berlin il recevra Khrouchtchev à Camp David (Maryland) en 1959, mais la guerre froide durera jusqu’à la fin de son mandat, et l’affaire de l’avion américain U-2 abattu par les Soviétiques sur leur territoire fera échouer la conférence au sommet de mai 1960 à Paris.
S’il refuse toujours de se prêter à la politique d’une croisade armée contre le monde communiste, Eisenhower tient, surtout après le lancement du premier « Spoutnik » soviétique (oct. 1957), à donner une impulsion nouvelle à la politique de défense. Aussitôt, il accélère le programme des missiles intercontinentaux « Atlas », « Titan », « Minuteman », etc., qui traduit en stratégie nucléaire son attachement à la doctrine des représailles massives. Toutefois, c’est sous sa présidence qu’est mise en cause la supériorité stratégique incontestable dont avaient bénéficié les États-Unis depuis 1945. Cette mutation résultera aussi bien des progrès considérables du potentiel technique et militaire soviétique que des désirs d’indépendance vis-à-vis de la politique américaine manifestés dès 1959 par le général de Gaulle au sein de l’Alliance atlantique.
Novice en politique intérieure, Eisenhower s’adapte très vite à ses fonctions présidentielles et réussit à refaire l’unité d’un parti qui, après vingt ans de présidence démocrate, entendait bien se maintenir au pouvoir. Sa politique est surtout marquée par son intervention dans le problème noir, qui l’amène à faire voter les lois sur l’obligation de l’intégration scolaire et sur l’interdiction de toute discrimination raciale dans les affaires électorales.
Après l’achèvement de son deuxième mandat, Eisenhower accepte en 1961 la présidence de l’Encyclopedia americana et se consacre à la rédaction de ses souvenirs : Mandate for Change, the White House Years (1963) et Waging Peace, the White House Years 1956-1961 (1965) [traduits en français sous le titre Mes années à la Maison-Blanche]. Il avait publié en 1948 ses Mémoires de guerre (Crusade in Europe) et succédé en 1950 au général Pershing à l’Académie des sciences morales et politiques (Institut de France). Sa mort fut ressentie comme un deuil national par l’Amérique entière. Personnalité très équilibrée, d’un abord très simple, plus réfléchi qu’intuitif, celui qu’on appelait familièrement Ike était en apparence un homme ordinaire, mais, comme l’a souligné son vice-président Richard Nixon en prononçant son éloge, « il personnifiait ce que des millions de parents américains espèrent que leur fils deviendra : fort, courageux, honnête et généreux. ».
H. de N. et P. D.
➙ Atlantique Nord (traité de l’) / États-Unis / Guerre mondiale (Seconde) / Républicain (parti).