Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Édouard VII (suite)

Condamné à l’inaction politique par la volonté de la reine Victoria, le prince de Galles se tourne vers l’activité mondaine. C’est d’ailleurs suivre son penchant naturel. Peu porté vers le travail, il préfère la société et ses plaisirs. Là, il brille ; là, il plaît. Marlborough House, sa résidence, devient le temple de l’élégance. Avec ses chapeaux hauts de forme impeccables, ses costumes dont il change jusqu’à dix fois par jour, ses cravates et ses chaussures que l’on s’empresse de copier, et malgré son embonpoint, le prince fait belle figure. Arbitre des manières, cosmopolite dans ses goûts, il groupe autour de lui les grands du monde et du demi-monde : ducs et actrices, évêques anglicans et banquiers juifs, Anglais et étrangers. Voyageur infatigable, il se déplace à travers l’Europe. On le voit de Paris à Baden-Baden, de Marienbad à Cannes (il contribue à lancer la Côte d’Azur) ainsi qu’à Potsdam, à Schönbrunn, à Peterhof, dans le décor somptueux des empires au temps de leurs derniers beaux jours. Fervent impérialiste, passionné de grandeur nationale, il fait le tour des territoires de l’Empire, en particulier des Indes. Il serait erroné de réduire le prince de Galles à un bon vivant, amateur de bonne chère, de champs de courses, de tables de jeu, de bals et de compagnies féminines. La part de sa vie consacrée aux plaisirs, sinon à la dissipation, renforce chez la reine Victoria la conviction que son fils manque du sens des responsabilités et que par son indiscrétion il n’est pas en mesure de partager les grands soucis de l’État. D’autant que certains scandales ne peuvent être étouffés. C’est le cas de deux épisodes célèbres : en 1870, le procès en divorce intenté par sir Charles Mordaunt à sa femme et dans lequel le prince de Galles, cité à la barre, fait à moitié figure d’accusé ; l’affaire de Tranby Croft en 1890-91, peu reluisante histoire de tricherie au jeu dans laquelle est impliqué un intime du prince. Le fossé entre la mère et le fils ne sera jamais comblé, ce qui prépare mal ce dernier à son futur métier de roi.

Une fois monté sur le trône en 1901, à cinquante-neuf ans, il marque son souci de rendre à la royauté britannique son éclat, tout en affirmant ses prérogatives. Aussi insiste-t-il sur les cérémonies du couronnement, qu’il veut somptueuses (9 août 1902). Il crée un ordre de chevalerie nouveau pour récompenser les plus grands talents du pays : l’ordre du Mérite. Très pointilleux sur les questions d’étiquette et de représentation, il doit cependant se soumettre aux volontés des ministres, avec lesquels il s’entend peu : ni Arthur James Balfour, le Premier ministre de 1902 à 1905, ni le marquis de Lansdowne, chef du Foreign Office, ne lui plaisent. Par contre, ce tory s’entend mieux avec les libéraux, notamment Herbert Henry Asquith. Mais, paresseux, peu appliqué, incapable de lire ou d’annoter des rapports, il est loin d’exercer la même influence que la reine Victoria. D’ailleurs, la politique intérieure l’ennuie, et il l’abandonne sans regret à ses ministres.

Ses deux domaines de prédilection, ce sont d’une part les questions militaires et navales, d’autre part la diplomatie. Contrairement aux légendes les mieux accréditées, c’est probablement dans le premier de ces domaines beaucoup plus que dans le second que son influence a été la plus réelle. Édouard VII apporte son plein soutien aux réformes de l’armée opérées par Richard Burdon, vicomte Haldane of Cloan, et plus encore à la réorganisation de la marine britannique sous l’impulsion de l’amiral J. A. Fisher, premier lord de l’Amirauté. Avec clairvoyance, le roi soutient celui-ci contre ses adversaires et critiques. La flotte est modernisée et adaptée aux nouvelles perspectives de lutte contre la marine allemande. Sur le plan extérieur, Édouard VII apporte une contribution incontestable à la naissance de l’Entente cordiale par son fameux voyage à Paris en 1903, qui dégèle l’atmosphère, amorce le dialogue et gagne les applaudissements des Parisiens grâce à d’habiles paroles et à des attitudes joviales. Mais ce n’est pas lui qui a eu l’idée du rapprochement avec la France, et il ne joue ensuite aucun rôle dans les négociations qui aboutissent à l’accord de 1904.

De même, favorable à l’amitié avec la Russie (il s’y rend en voyage officiel en 1908), il reste à l’écart du jeu diplomatique. Ses sentiments antiallemands s’accordent au climat de concurrence acerbe entre l’Angleterre et l’Allemagne. Les derniers mois de son règne sont assombris par le grand débat soulevé par le budget de Lloyd George* et par la crise constitutionnelle qui en découle à propos de la Chambre des lords. Brusquement, au beau milieu de la tempête politique qui secoue l’Angleterre, la santé du roi cède à la fin d’avril 1910. Quelques jours plus tard (5 mai), le pays apprend avec stupeur la mort du souverain.

F. B.

➙ Grande-Bretagne / Victoria.

 S. Lee, King Edward VII : a Biography (Londres, 1925-1927 ; 2 vol.). / A. Maurois, Édouard VII et son temps (Éd. de France, 1934 ; nouv. éd., Flammarion, 1950). / P. Magnus, King Edward the Seventh (Londres, 1964). / F. Hardie, The Political Influence of the British Monarchy, 1868-1952 (Londres, 1970). / K. Middlemas, The life and times of Edward VII (Londres, 1972).

éducation

Ensemble des mécanismes qui contribuent à la socialisation des individus, d’abord enfants, puis adultes.



Les institutions éducatives

L’action éducative commence là où ont lieu le développement et le perfectionnement de l’individu sous l’influence d’autrui. L’éducation prise dans ce sens intéresse de nombreuses institutions, et s’étend sur la vie tout entière de l’individu. La première institution éducative est constituée par la famille, car c’est elle qui participe à la socialisation de l’enfant, contribue à son développement et exerce, la première, un contrôle sur son comportement. Le rôle de la famille est prépondérant et détermine d’une manière notable tout l’avenir des enfants (tout particulièrement ses chances de promotion, sa scolarisation future, etc.) ; la famille contribue déjà à la différenciation des individus en transmettant à l’enfant son propre modèle culturel. Cela est vrai pour tous les types de sociétés, qu’elles soient traditionnelles ou hautement industrialisées.

Le second milieu qui exerce une influence considérable sur l’enfant, voire sur l’adulte, est constitué par ce qu’on appelle les groupes de pairs, dont l’influence est variable selon la société, le milieu familial, etc.

Le troisième groupe des institutions éducatives, qui sont les plus formalisées, est constitué par le système d’enseignement, pris dans un sens très large, c’est-à-dire comprenant l’école aussi bien que d’autres organismes dont le rôle principal est de contribuer à l’éducation de l’individu.