En angl. Edinburgh, seconde ville écossaise après Glasgow, et dernière capit. du royaume d’Écosse* de 1437 à l’union des deux royaumes d’Écosse et d’Angleterre en 1707.
L’austère dignité de son architecture, l’importance du secteur tertiaire, ses fonctions directrices lui confèrent encore le prestige d’une métropole.
Située dans la moitié orientale des Lowlands, tout près de l’estuaire du Forth, Édimbourg n’est pourtant pas une ville maritime. Ce ne fut à l’origine qu’un fort, élevé dès le vie s., sur la grande voie terrestre reliant les Lowlands au nord de l’Angleterre, autour duquel la ville se développa lentement. En raison de sa valeur stratégique, celle-ci eut à subir plusieurs attaques anglaises, dont certaines furent dévastatrices (1341).
Le site explique son rôle militaire. Le château se dresse au sommet d’un culot volcanique abrupt culminant à 135 m, Castle Rock, prolongé vers l’est par une traînée de moraines quaternaires. D’autres pointements volcaniques, aujourd’hui inclus dans le périmètre urbain, Calton Hill (105 m) et le Trône d’Arthur (Arthur’s Seat, 268 m), dominent la plaine littorale un peu plus à l’est. Donc, un site d’acropole à quelque distance de la mer : Édimbourg aime le titre d’« Athènes du Nord » qu’on lui décerne souvent.
Jusqu’au milieu du xviiie s., la population s’entassa sur Castle Rock et sur la moraine ; la Grande Rue (High Street) suit l’axe de celle-ci et, descendant vers l’est, se termine au palais royal de Holyrood, où régna Marie Stuart. Après 1816, les autorités municipales drainèrent le Nor’ loch, une vallée glaciaire marécageuse située au pied nord du château et occupée de nos jours par deux gares, des jardins publics et une profusion de monuments. Au-delà du loch s’étendent la magnifique artère de Princes Street, construite du côté nord seulement et où s’alignent des clubs, des hôtels, des magasins de luxe, puis la « ville nouvelle » du xviiie s. au rigoureux plan en damier, aux immeubles de pierre d’égale hauteur, chef-d’œuvre de l’urbanisme georgian ; elle abrite maintenant des banques, des sociétés d’assurances, des bureaux. Les faubourgs victoriens et contemporains où l’emportent les maisons individuelles à jardinet enveloppent la ville nouvelle et le quartier du château vers l’ouest, le sud et l’est. Le port et la ville de Leith, sur le Forth, n’ont été annexés qu’en 1920. Édimbourg est une ville de pierre, où se marient la lave volcanique noire, le grès rouge, le granite gris. La vieille ville a malheureusement trop d’immeubles dégradés et de taudis.
L’union des couronnes d’Écosse et d’Angleterre en 1603, qui fut si profitable à Glasgow, a nui au contraire à Édimbourg en provoquant le départ à Londres de la Cour et de sa clientèle. L’industrie ne s’y développa que lentement, et, en 1821, la population de Glasgow dépassait celle de la capitale déchue. Le secteur tertiaire fournit aujourd’hui 73 p. 100 des emplois, la plus forte proportion de toutes les grandes villes britanniques. Édimbourg est richement dotée de fonctions supérieures. Elle détient le palais du secrétariat d’État pour l’Écosse avec ses nombreux bureaux, les sièges sociaux de deux des trois grandes banques de dépôt écossaises, de nombreuses compagnies d’assurances et d’assurance sur la vie, de sociétés d’épargne et d’investissement, etc. ; deux universités, des tribunaux, des bureaux d’ingénieurs-conseils, de nombreuses sociétés savantes, un grand quotidien. Son festival annuel à caractère essentiellement musical, créé en 1947, jouit d’une audience internationale. L’activité touristique et hôtelière est évidemment intense dans une ville aussi chargée d’histoire et aussi belle.
L’industrie a une place beaucoup plus discrète qu’à Glasgow. Elle est dispersée, propre, peu visible et n’a pas suscité de banlieues. La papeterie, l’imprimerie, la cartographie comptent parmi les activités les plus réputées ; la première fabrique surtout les papiers couchés, les papiers pour billets de banque, les fournitures de bureau ; Édimbourg est après Londres le second centre d’édition britannique. Les industries alimentaires (biscuiteries, confiseries, brasseries, mélange et vieillissement du whisky) viennent ensuite ; depuis la Seconde Guerre mondiale, l’électronique s’est vigoureusement implantée et fournit plus d’emplois que les industries traditionnelles. En revanche, l’industrie des objets en caoutchouc a presque disparu. Leith a un petit chantier de constructions navales et des ateliers traitant les bois importés.
Faute d’emplois industriels en nombre suffisant, Édimbourg retient difficilement les travailleurs jeunes. L’effectif de la population recule (470 000 habitants en 1951, 453 000 en 1971) en raison d’une forte émigration qui n’est qu’en partie compensée par une immigration en provenance des régions montagneuses et des Lowlands d’Écosse. Aussi, la proportion des personnes âgées est-elle anormalement forte, la natalité faible, le taux de féminité élevé (115 femmes pour 100 hommes).
Comparée à Glasgow, sa rivale, Édimbourg fait figure d’une cité bourgeoise, relativement riche, rassise, modérée... et un peu snob.
C. M.