Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alimentaire (régime) (suite)

Chez les Protozoaires et un grand nombre de Métazoaires primitifs, la digestion est purement intracellulaire, et l’aliment doit donc parvenir au tractus digestif sous forme de particules très petites. Ces animaux sont dits microphages, que leur alimentation soit vivante (plancton végétal ou animal) ou qu’elle soit le résultat de la décomposition bactérienne de plantes ou d’animaux plus gros. Les microphages sont presque exclusivement aquatiques. La digestion devient peu à peu extracellulaire chez les animaux qui se nourrissent d’aliments volumineux, qu’il faut fractionner tant mécaniquement que par une fragmentation chimique, que réalise la présence d’enzymes dans la cavité du tube digestif. Ces animaux sont macrophages et appartiennent en général aux groupes phylétiquement plus évolués : certains sont aquatiques, mais la presque totalité des animaux terrestres entre dans cette catégorie. La digestion est devenue uniquement extracellulaire chez les animaux les plus complexes, notamment les Arthropodes, les Mollusques Céphalopodes et les Vertébrés.

À la notion simpliste de régime alimentaire végétarien ou carnassier propre à l’espèce humaine, il faut adjoindre dans le monde animal une richesse de modalités que traduit bien la multitude des termes les plus courants. Sans chercher à être exhaustif, citons, parmi les microphages, les planctonivores, les détritivores, les larvivores, les limivores (mangeurs de vase et de boue) et les saprophages (mangeurs de produits de décomposition) ; parmi les macrophages à nourriture végétale, ou phytophages, citons les herbivores, les frugivores (mangeurs de fruits), les cléthrophages ou granivores (mangeurs de graines), les nectarivores, les mycétophages (mangeurs de champignons) et les xylophages (mangeurs de bois) ; parmi les macrophages à nourriture animale, ou zoophages, mentionnons les entomophages ou insectivores (mangeurs d’insectes), les carnivores, les ichtyophages ou piscivores (mangeurs de poissons), les conchyliophages (mangeurs de coquillages), les hématophages ou sanguinivores (suceurs de sang), les nécrophages (mangeurs de cadavres), les coprophages (mangeurs d’excréments) et éventuellement les anthropophages (mangeurs d’hommes), sans oublier les omnivores, qui ont un régime alimentaire mixte. Une autre notion, qui a une grande importance écologique, est celle de polyphagie, oligophagie et monophagie, suivant que les animaux se nourrissent d’un grand nombre d’espèces différentes (qu’elles soient animales ou végétales), d’un petit nombre de ces espèces, ou qu’ils sont inféodés à un type de nourriture extrêmement spécialisé ; c’est notamment le cas des parasites.


Divers types de nourriture disponible

On subdivise la nourriture que les animaux ont à leur disposition en trois grandes catégories : la nourriture liquide, directement assimilable, la nourriture particulaire, susceptible de digestion intracellulaire, et la nourriture massive, nécessitant une fragmentation mécanique et chimique préalable à la digestion.

Les mers peu profondes et les lacs contiennent jusqu’à 4,5 milligrammes par litre de matières organiques dissoutes, dont se nourrissent un petit nombre d’espèces animales. Mais cette nutrition osmotrophe est plutôt le fait des espèces parasites, qu’il s’agisse d’endoparasites, comme les Vers plats, Douves et surtout Ténias, qui n’ont plus de tube digestif et absorbent donc les sucs de leur hôte directement au niveau de leur tégument, ou d’ectoparasites. Citons parmi ces derniers les Sangsues, qui se nourrissent en suçant le sang de leurs hôtes temporaires ; agissent de même certains Insectes, comme Puces, Moustiques ou Taons, et même une Chauve-Souris tropicale, le Vampire. Sont également ectoparasites de nombreux Hémiptères (Punaises), dont la plupart se nourrissent du nectar ou de la sève qu’ils aspirent, quelques Araignées et bon nombre de Nématodes (Vers ronds). Ces parasites externes proviennent probablement d’espèces saprophages, se nourrissant aussi de substances liquides provenant de la décomposition bactérienne. Enfin, une variante de cette nutrition osmotrophe est réalisée par des prédateurs carnassiers qui, comme les Araignées, sécrètent leurs sucs digestifs dans leurs proies, puis aspirent le liquide résultant de cette digestion « externe ». Les pièces buccales de ces animaux réalisent une seringue servant à l’inoculation puis à l’aspiration des liquides. Les animaux hématophages, de la même façon, sécrètent des substances anticoagulantes avant d’aspirer le sang de leurs hôtes.

La nourriture particulaire peut être constituée par les éléments du plancton. On y trouve le phytoplancton (phototrophe ou chimiotrophe), constitué de Bactéries, de Diatomées, de Flagellés chlorophylliens ou d’Algues, et le zooplancton (animal), généralement un peu plus gros, puisqu’il se nourrit lui-même du précédent. Mais il faut inclure également dans cette catégorie les nombreuses particules en suspension que contiennent les eaux, et qui ne sont d’ailleurs pas toutes comestibles.

La nourriture massive peut être subdivisée en trois catégories. La première correspond aux cas où des organes triturants pulvérisent la nourriture pour la rendre particulaire. Les Patelles, qui broutent les Algues encroûtantes, ou les têtards de la plupart des Amphibiens Anoures sont microphages en dépit des apparences, car la nourriture massive qu’ils attaquent de leur radula ou de leur bec corné est réduite en fines particules avant d’être consommée.

Dans la seconde catégorie, l’animal avale une nourriture importante par son volume, mais qui ne nécessite aucune mastication préalable. C’est le cas des espèces qui avalent le sable ou la boue des fonds aquatiques, où s’accumulent peu à peu les particules nutritives en suspension, ainsi que de certaines espèces terrestres comme les Vers de terre ; la digestion retient et assimile les éléments nutritifs, et le substrat est rejeté avec les fèces. Enfin la dernière catégorie est celle de l’alimentation prédatrice, faite le plus souvent d’aliments vivants qu’il faut capturer. La capture est aisée avec des proies immobiles (végétaux, animaux sessiles ou sédentaires), plus délicate avec des proies mobiles qu’il faut chasser, saisir et maîtriser.