Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

économique (politique) (suite)

En ce qui concerne l’équilibre de la balance des paiements, l’objectif recherché est essentiellement le maintien d’un niveau satisfaisant de réserves de change (or et devises) ; c’est, en règle générale, la diminution de ces réserves qui incite le gouvernement à intervenir afin d’éviter une dévaluation de la monnaie. Inversement, c’est parfois l’accroissement des réserves qui doit être freiné (cas de l’Allemagne fédérale pendant les années 60), soit à cause des effets inflationnistes des excédents de la balance des paiements courants, soit à la suite des protestations des pays qui voient leurs propres réserves s’amenuiser. Bien entendu, la réalisation de l’objectif à court terme relatif à la balance des paiements peut réclamer des interventions de longue portée : par exemple de dégager de façon permanente un surplus de la balance commerciale (cas de l’économie française) en raison de la défaillance des autres postes de la balance des paiements.

• À long terme, par les objectifs qu’elle peut se fixer, la politique économique peut atteindre pratiquement tous les aspects de l’activité économique d’un pays. Par exemple, si un gouvernement cherche à promouvoir durablement l’expansion de la production, et par conséquent la croissance économique, aucun domaine de l’activité ne peut et ne doit échapper à l’action de la politique économique, sinon l’objectif ne sera pas atteint. L’intervention de l’État devient alors très étendue et concerne des secteurs très divers. Les mêmes remarques sont valables pour d’autres objectifs à long terme, comme les équipements collectifs, la redistribution des revenus, le soutien accordé à certaines régions en difficulté, etc.


Le choix des moyens : une panoplie variée

Il est devenu traditionnel de classer les moyens de la politique économique en plusieurs catégories. On distingue ainsi des moyens d’action généraux ou particuliers, des actions quantitatives et qualitatives, des moyens directs et des moyens indirects.

• La politique quantitative agit directement ou indirectement sur les grandeurs économiques en jeu : volume de la production, volume de la consommation, volume de l’investissement, emploi, etc. La politique qualitative agit, elle — soit en vue de modifier certaines grandeurs économiques, soit pour toute autre raison —, sur les formes de certaines activités ou mécanismes économiques, mais non pas immédiatement sur les grandeurs qui leur correspondent. Par exemple, la nationalisation d’une branche d’activité et le passage, en matière de salaires, de la négociation individuelle aux conventions collectives et de celles-ci à la réglementation par l’État sont des mesures qualitatives. Elles peuvent être et sont souvent motivées par des préoccupations d’ordre quantitatif ; elles ne les impliquent pas nécessairement. Politique quantitative et politique qualitative sont donc complémentaires ; il existe entre elles maintes interférences, et elles constituent un ensemble. La portée de chacune d’entre elles ne peut être appréciée que par la connaissance des autres.

• Cette portée sera, d’autre part, générale ou particulière, selon que les moyens mis en œuvre affecteront l’ensemble ou, au contraire, un secteur particulier de l’activité économique. On distinguera donc une politique générale et des politiques particulières (monétaire, sociale, agricole, etc.), ces dernières ne prenant leur sens qu’à la lumière de la politique générale. Il advient qu’à la mise en œuvre de politiques particulières ne corresponde aucune politique générale : ainsi, une politique d’aide à un secteur d’activité (comme l’agriculture) peut aller à l’encontre de la politique générale de croissance appliquée par les pouvoirs publics et donc la freiner.

• Moyens directs et moyens indirects. Bien que les moyens de la politique aient ainsi donné lieu à de nombreuses classifications, la plus usitée reste cependant celle des moyens directs et des moyens indirects.

Au premier rang des moyens indirects, parce que le plus anciennement et le plus constamment usité, figure la politique monétaire. Le perfectionnement progressif des techniques monétaires n’a pas modifié leur objet essentiel, qui est de contrôler la masse monétaire. Il n’est pas certain que cet objectif soit mieux atteint par les réglementations de plus en plus rigoureuses qui ont été mises en vigueur, en particulier en France, qu’il ne l’était autrefois par la seule manœuvre des taux de l’escompte. En fait, si l’efficacité de la politique monétaire ne s’est pas trouvée accrue, c’est en raison surtout des limitations qu’a rencontrées l’action effective des autorités monétaires (c’est-à-dire la Banque centrale).

D’une part, toute injection de monnaie dans le système monétaire, sous quelque forme qu’elle se produise (avance directe à l’État, souscription de bons du Trésor par le système bancaire, ouvertures de crédit à l’économie productive), prend immédiatement forme de revenu monétaire et se diffuse au sein du système en fonction de l’utilisation de ce revenu, utilisation qui n’est pas, d’ailleurs, toujours très bien contrôlée (en raison de la défaillance des instruments directs, comme le blocage des prix). D’autre part, la monnaie, émise sous forme de billets ou de dépôts en banque, n’exerce d’action qu’autant qu’elle circule effectivement. Or, une partie de la monnaie est conservée en caisse pour des raisons diverses : en attente de paiements imprévus ou d’occasions d’achat, ou, simplement, parce que aucun emploi suffisamment attrayant ne se présente à son détenteur. La monnaie ainsi thésaurisée ou oisive ne joue évidemment aucun rôle. Elle se distingue de la monnaie active, qui fait face soit aux transactions courantes, soit à des opérations spéculatives. Il ne dépend pas toujours des autorités monétaires qu’une partie de la monnaie émise soit rendue oisive, ce qui produit un effet déflationniste, ou qu’une partie de la monnaie oisive soit remise en circulation et redevienne active, ce qui produit un effet inflationniste. Dans une certaine mesure, l’intervention de la Banque centrale, en particulier la manœuvre du taux de l’escompte et ses répercussions sur le loyer de l’argent, peut inciter les usagers de la monnaie à accroître ou à réduire leurs encaisses dans le sens désiré par les pouvoirs publics. Mais il arrive aussi, surtout lorsque la situation générale est trouble, que les comportements des usagers aillent à l’encontre de ce que désirent les autorités monétaires. Une action très énergique de ces dernières peut être compensée par les réactions favorables des consommateurs, surtout en présence d’un climat politique défavorable.