Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

échanges internationaux (suite)

Bien souvent, surtout en Afrique et au Moyen-Orient, le commerce extérieur est très peu diversifié : les échanges entre ces pays sont peu développés. Les diverses expériences de coopération économique et d’union douanière n’ont guère eu de résultat pratique (sauf en ce qui concerne l’intégration économique de l’Amérique centrale [v. Amérique latine]). Quant aux échanges avec le reste du monde, ils sont pour l’essentiel dirigés vers l’Europe occidentale, avec laquelle la géographie et l’histoire ont tissé des liens étroits. C’est ainsi que le pétrole du Moyen-Orient et de Libye trouve son principal débouché en Europe, alors même que des groupes américains prennent une part importante à son exploitation. Alors que la part des exportations mondiales du Marché commun, entre 1959 et 1969, passait de 21,9 à 27,9 p. 100, on observait une régression dans le cas des pays sous-développés (21,1 p. 100 en 1959 et 16,9 p. 100 en 1969), des pays de l’A. E. L. E. (14,8 à 13,3 p. 100) et du Comecon (12,3 à 10,8 p. 100).


Dynamisme commercial de l’Europe des Six

Le dynamisme commercial de l’Europe des Six s’explique : l’Europe a hérité de son passé un cloisonnement de ses marchés ; l’étroitesse des marchés intérieurs pousse les différents pays européens à rechercher à l’extérieur des débouchés pour leurs industries. En raison du niveau comparable de développement, les échanges ont lieu surtout entre pays voisins. En outre, cette tendance naturelle est renforcée, dans le cadre plus restreint du Marché commun, par une politique délibérée d’échanges préférentiels : sur les 65 milliards de dollars d’échanges intra-européens, 29 se font entre les six pays de la C. E. E. L’essentiel de ces échanges porte évidemment sur des produits manufacturés. Dans ses relations avec le reste du monde, l’Europe importe des produits alimentaires de complément et surtout une grande partie des matières premières et des sources d’énergie réclamées par son industrie. En échange, elle exporte des gammes très variées d’articles manufacturés.

Au point de vue géographique, bien que toutes les régions du monde commercent avec l’Europe occidentale, on observe une nette prépondérance de l’Amérique du Nord et un relatif effacement du Japon. D’une part, l’Amérique du Nord est en mesure de fournir aux Européens une partie des denrées alimentaires et des matières premières dont ils ont besoin. D’autre part, du fait de son avance industrielle, elle leur vend des biens d’équipement à haute technicité et leur achète toutes sortes de produits manufacturés que les conditions européennes (spécialisation traditionnelle, coût relativement modeste de la main-d’œuvre) permettent de produire à bon compte. Le Japon, au contraire, apparaît comme un concurrent direct de l’Europe occidentale. À l’exception de la soie, presque tout ce que proposent les exportateurs japonais se trouve produit en Europe et inversement. Dans ces conditions, les échanges entre l’Europe et le Japon n’ont guère tendance à s’intensifier.


Les échanges des pays de l’Est

Par rapport au commerce des pays de l’Europe occidentale, les échanges des pays socialistes d’Europe orientale et d’Asie apparaissent beaucoup moins importants. Les pays du bloc oriental ont en 1968 exporté 17 milliards de dollars de marchandises les uns vers les autres et 10 milliards vers le reste du monde. Plus de 90 p. 100 des échanges réciproques ont lieu entre pays du Conseil d’aide économique mutuelle, ou Comecon* : U. R. S. S., pays de l’Europe de l’Est (à l’exception de la Yougoslavie et de l’Albanie), Mongolie. Ils portent pour une part sur des produits primaires (pétrole soviétique et roumain, charbon soviétique et polonais, minerai de fer soviétique, bétail hongrois) et, pour l’essentiel, sur des produits manufacturés. Quant au commerce avec le reste du monde, le principal courant d’échanges est orienté vers l’Europe occidentale, à laquelle l’U. R. S. S. et l’Europe de l’Est vendent essentiellement des produits de base (bois, charbon, pétrole, oléagineux, viande, tabac) pour acheter des machines et des produits chimiques. Vis-à-vis de leurs autres partenaires, les pays de l’Est sont en général, au contraire, importateurs de produits de base et exportateurs de produits manufacturés. Mais les échanges correspondants sont assez modestes à l’échelle mondiale, même si, localement, ils peuvent avoir une influence déterminante (cas des achats de sucre par la Russie soviétique).

D’une façon générale, si les échanges internationaux des pays du Comecon ne se développent que très faiblement, c’est qu’ils sont soumis aux règles de l’économie centralisée et planifiée. Deux traits essentiels caractérisent le commerce international des pays du Comecon : une division du travail entre ces économies jugée souvent irrationnelle ; un contrôle strict des échanges avec les économies de marché. Aussi, entre les pays socialistes, règne-t-il une interdépendance étroite due à un système d’échanges bilatéraux, aggravée par des planifications quantitatives et largement orientée selon les besoins de l’économie soviétique. Les échanges bilatéraux sont rendus nécessaires par l’inconvertibilité des monnaies, qui interdit les règlements multilatéraux, plus propices aux relations commerciales et bancaires. Ainsi, des pays qui sont pour la plupart en voie de développement sont liés, contrairement à ce que voudrait la division internationale du travail, par une série de traités bilatéraux dont la force est d’autant plus contraignante que ces États ont le monopole de leur commerce extérieur. Enfin, les échanges internationaux s’effectuent dans le cadre de planifications quantitatives. Il n’existe pas de critère économique pour guider les décisions vers les choix les meilleurs ; les prix sont fixés par les autorités de façon arbitraire ; le respect du Plan entraîne ainsi de fréquentes erreurs sur la qualité ou sur le prix réel des biens échangés.