Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

eau (suite)

Coût de production

Le prix de revient du dessalement de l’eau à l’usine de Koweït, la plus importante jamais construite dans le monde, s’élèvera à 0,42 F/m3. L’association de plusieurs procédés devrait apporter les baisses de coût les plus intéressantes. Pour les années à venir, on peut également compter sur l’abaissement du coût des rejets de saumures par l’amélioration des techniques ou la valorisation des produits. L’effet de taille, facteur important d’abaissement des coûts, est plus spécialement pris en considération, notamment dans les grands projets en Israël. Il faut toutefois estimer que le prix initial augmentera :
— de 25 p. 100 pour un temps de construction de 6 ans ;
— de 36 p. 100 pour un temps de construction de 8 ans.

Ph. R.


Besoins physiologiques

Les besoins physiologiques directs sont faibles : il suffit, en climat tempéré, d’un litre et demi de boisson chaque jour. Par temps chaud, l’été, les besoins sont multipliés et dépassent parfois 5 litres ; il n’est pas rare d’ingérer de 10 à 15 litres par jour durant la saison chaude au Sahara. Ces besoins directs sont faibles en volume, même dans ce cas extrême, mais ils ne peuvent être satisfaits que par une eau donnant toute satisfaction par sa composition chimique et sa charge bactériologique.

Les besoins physiologiques indirects sont autrement importants : ils résultent des quantités d’eau nécessaires à l’obtention des produits végétaux ou animaux que l’homme consomme. On sait le gaspillage qu’introduit l’évapotranspiration des plantes. La présence d’une chaîne animale supplémentaire ne fait que grossir le besoin d’eau : pour obtenir 1 kg de blé, il faut 1 500 kg d’eau ; pour 1 kg de riz, plante de marais particulièrement gourmande, 4 500 kg. Mais pour obtenir 1 kg d’œufs, c’est de 12 000 kg d’eau que l’on a besoin !


Besoins domestiques

Les besoins liés à la culture et à la technique sont plus divers. L’homme utilise l’eau comme solvant ou comme support de transports en suspension : il l’utilise ainsi au nettoyage, au lavage ; les propriétés calorifiques sont utilisées pour la cuisine aussi bien que pour les usages industriels : refroidissement de centrales, trempe de métaux. Les transformations des techniques multiplient les besoins dans ces domaines. Il suffisait, récemment encore, au niveau des besoins individuels, boisson, cuisine et nettoyage, d’une quinzaine de litres d’eau par personne et par jour. Dans les grandes agglomérations, on considère en revanche comme normales, en Amérique du Nord, des consommations de l’ordre de 500 ou 600 litres par jour ; dans certains cas, on dépasse même le mètre cube ; l’assainissement est à l’origine de la plus grande partie de cette augmentation.


Besoins industriels

Ils sont considérables. Pour obtenir une tonne d’acier, il faut 300 à 600 t d’eau. Il en faut 600 pour une tonne de nitrates, 250 à 500 pour une tonne de papier, 100 encore pour traiter une tonne de laine. Il faut : 0,010 m3 d’eau pour raffiner un litre de pétrole ; 0,025 m3 pour produire un litre de bière : 2,7 m3 pour distiller un litre d’alcool ; 1 000 m3 pour 250 g de streptomycine.


Besoins agricoles ; besoin total

Les usages industriels sont souvent décrits comme les plus grands gaspilleurs d’eau : c’est une erreur, en ce sens que l’agriculture a des besoins infiniment plus élevés. La production de blé, aux États-Unis, nécessite plus d’eau que la production d’acier, celle de maïs près de trois fois autant.

Personnellement, l’homme moderne exige de 0,5 à 0,6 m3 d’eau par jour ; si, pour couvrir tous ses besoins, y compris ceux de l’industrie et de l’agriculture, on calcule les quantités totales consommées par individu, il faut compter, par jour, 1,5 à 2 m3 d’eau pour un Européen et trois fois plus pour un Américain. À l’heure actuelle, la consommation mondiale est de l’ordre de 106 km3 par an.


Récupération de l’eau usée

Par ailleurs, la plupart des usages auxquels l’homme destine l’eau ne la détruisent pas, ne la font pas perdre par évaporation. En principe, la même eau peut servir plusieurs fois : il suffit pour cela qu’elle ait été purifiée. C’est ce qui se produit spontanément tant qu’on ne détruit pas les équilibres naturels. Au-delà d’un certain seuil, il y a pollution, ce qui interdit la réutilisation de l’eau.

La pénurie d’eau dans les nations développées est due beaucoup plus à l’aggravation des pollutions qu’à l’augmentation absolue de la consommation. Dans la plupart des pays, en dehors de la zone aride, les déséquilibres de l’offre et de la demande sont plutôt régionaux que globaux. La lutte contre la pollution, en facilitant la réutilisation des eaux, devrait suffire à résoudre le problème.

Comment ce dernier se présente-t-il pour l’économiste ? L’eau assurée par les précipitations, par les nappes ou par les cours d’eau passait pour un bien libre et inépuisable. Les seuls frais qu’avaient à supporter les consommateurs naissaient lorsqu’il devenait nécessaire d’assurer un stockage pour faire face à des périodes de pénurie ou lorsqu’un transport était nécessaire. Celui-ci pouvait d’ailleurs se faire aisément, la gravité permettant d’acheminer l’eau sur de longues distances. Les conduites à l’air libre entraînent des travaux d’art importants. Les conduites fermées n’obligent pas à suivre les courbes de niveau : elles assurent les transports à bien meilleur compte.

En dehors des régions arides, où il a été de tout temps nécessaire de conserver et de transporter l’eau, celle-ci n’a pas eu de valeur économique jusqu’à une date récente : seules faisaient exception les grandes agglomérations urbaines. Dans la mesure où les techniques d’assainissement ne leur étaient pas appliquées, leurs besoins demeuraient modestes ; un système de citernes suffisait parfois à couvrir leur consommation même dans des zones semi-arides.

Dans l’économie moderne, l’eau devient partout un bien rare, un bien qui a de la valeur. On compte de moins en moins sur l’approvisionnement spontané assuré par les précipitations, par les sources et par les cours d’eau. Il est nécessairement irrégulier, alors que la plupart des besoins sont réguliers, ou ont un rythme différent de celui des saisons. Il apparaît intéressant de pouvoir assurer un appoint d’alimentation au cours des périodes de déficit.