Dumont d’Urville (Jules Sébastien César) (suite)
Lieutenant de vaisseau en 1821, Dumont d’Urville participe enfin à une expédition lointaine : sous les ordres de son ami Louis Isidore Duperrey (1786-1865), il parcourt le Pacifique de 1822 à 1825 et en ramène de très belles collections de plantes et d’animaux. Il obtient ensuite la direction d’une nouvelle mission en Océanie, qui doit notamment tenter de retrouver les restes de la malheureuse expédition de La Pérouse*, disparue depuis 1788. Parti de Toulon le 25 avril 1826, il visite la Nouvelle-Zélande, la côte nord de la Nouvelle-Guinée, qu’il cartographie le premier, et trouve enfin les ancres et les canons de son prédécesseur, à Vanikoro (26 févr. 1828), l’une des îles des Amis (Tonga) : un obélisque à la mémoire de La Pérouse est élevé sur le rivage. C’est après cette importante expédition que Dumont d’Urville propose les divisions conservées aujourd’hui pour la description géographique : Polynésie, Micronésie, Malaisie et Mélanésie. À son retour, malgré sa nomination au grade de capitaine de frégate (1829), il se juge mal récompensé pour une expédition dont il trouve les résultats immenses. La révolution de Juillet est pour lui une sorte de revanche, et il se charge bien volontiers de convoyer vers l’Angleterre Charles X et sa famille.
En 1836, Louis-Philippe lui confie une nouvelle expédition en Océanie, avec pour tâche complémentaire de pousser une pointe vers le pôle austral. Malgré l’opposition d’Arago, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il part de Toulon en septembre 1837, avec l’Astrolabe et la Zélée. Son voyage dure plus de trois années : en janvier 1838, il atteint 65° de latitude, au sud des Orcades du Sud, puis sillonne en tous sens le Pacifique. Le 1er janvier 1840, il pique de nouveau vers le sud ; le 14 janvier, le continent est aperçu. On réussit à y débarquer ; un drapeau tricolore est planté, et le pays nommé terre Adélie, en l’honneur de Mme Dumont d’Urville. L’expédition est de retour à Toulon le 6 novembre 1840. Nommé contre-amiral, le navigateur commence la relation de son voyage. Le 8 mai 1842, il se rend à Versailles par le tout nouveau chemin de fer pour assister au spectacle des Grandes Eaux avec sa femme et son jeune fils. Tous trois trouveront la mort au retour, lors de la première grande catastrophe ferroviaire.
S. L.
C. Vergniol, Dumont d’Urville (la Renaissance du livre, 1930).