Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Algues (suite)

Alimentation des Algues

La nutrition est typiquement végétale, et les Algues jouent, dans les eaux, le même rôle que les plantes supérieures dans les milieux aériens. Certaines, cependant, peuvent se nourrir aussi comme des Protozoaires. On en connaît qui sont symbiotes ; les plus célèbres sont celles qui, avec les Champignons, constituent les Lichens ; d’autres vivent avec des animaux : les Chlorelles avec l’Hydre d’eau douce, les Xanthelles avec les Polypiers ou les Mollusques. Quelques-unes, enfin, peuvent être considérées comme parasites.

Les Algues sont connues depuis les temps les plus reculés, mais, sauf les Algues calcaires, elles ne sont pas propres à la fossilisation.


Rôle des Algues dans les précipitations calcaires

Les Algues qui précipitent le calcaire sont parfois très importantes dans la nature, mais seulement dans les eaux marines. En Méditerranée, une Mélobésiée de forme compliquée, avec des lamelles disposées en méandre, ou labyrinthe, Lithophyllum tortuosum, pousse très près du niveau de la mer et garnit le long de la côte d’une sorte d’encorbellement, appelé « trottoir », assez épais et résistant pour que l’on puisse marcher dessus ; ce trottoir est situé sous l’encorbellement rocheux. Les fonds marins sont très souvent recouverts d’Algues du même groupe, constituant des recouvrements aussi durs que la pierre sur de grandes étendues. Dans les pays tropicaux, ce recouvrement est encore plus visible, car il intéresse la partie supérieure des récifs, qui peuvent ainsi résister aux pressions de la houle ; autour des atolls, ces glacis dépassent le niveau moyen des mers et constituent alors la fameuse crête à Mélobésiées (ou à Lithothamniées), caractérisée par sa belle couleur rose. En eaux douces, les Algues provoquent la précipitation du calcaire seulement par leur métabolisme, qui appauvrit l’eau en gaz carbonique, donc en bicarbonate de calcium assez soluble, pour l’enrichir en carbonates neutres moins solubles, qui ont tendance à se déposer.


Utilité et utilisation des Algues

Par l’assimilation chlorophyllienne, les Algues sont, comme presque toutes les autres plantes, à la base du maintien de la vie sur la terre. La productivité primaire du plancton, en particulier, leur est due.

Accessoirement, on retire des Algues des produits utiles, tels les alginates (Laminaires), l’agar-agar (Algues rouges), le varech, ou goémon (Phéophycées). On les consomme également en Extrême-Orient (Porphyra, Monostroma, etc.) et on a cherché dans la culture des Chlorelles ou des Spirulines une source de protides pour nourrir l’humanité future.

M. D.

➙ Chlorelles / Chlorophycées / Phéophycées / Rhodophycées / Sargasses.

 F. Oltmanns, Morphologie und Biologie der Algen (Iéna, 1904 ; 3e éd., 1922-1933 ; 3 vol.). / P. Dangeard, Traité d’algologie (Lechevalier, 1933). / F. E. Fritsch, The Structure and Reproduction of the Algae (Cambridge, 1935-1945 ; 2 vol.). / M. Chadefaud et L. Emberger, Traité de botanique, t. I : les Végétaux non vasculaires (Masson, 1960). / P. Gayral, les Algues des côtes françaises (Doin, 1966). / P. Bourrelly, les Algues d’eau douce (Boubée, 1966-1970 ; 3 vol.).

‘Alides

Descendants de ‘Alī, cousin et gendre de Mahomet.



Les origines des ‘Alides

‘Alī ibn Abū Ṭālib laissa dix-huit fils et dix-sept filles. Seuls cinq de ses fils eurent une lignée : al-Ḥasan, al-Ḥusayn, Muḥammad ibn al-Ḥanafiyya, ‘Umar et ‘Abbās. C’est autour des trois premiers et de leurs descendants que se groupèrent les mouvements chī‘tes : extrémistes et modérés.

À l’exception de Muḥammad ibn al-Ḥanafiyya et de son fils Abū Hāchim, les premiers ‘Alides s’alignèrent sur les modérés.

Sous les Omeyyades, les prétentions des ‘Alides s’appuyèrent sur l’ascendance de ‘Alī, cousin de Mahomet. Tous les descendants de ‘Alī, même s’ils n’étaient pas issus de sa femme Fāṭima, la fille du Prophète, pouvaient revendiquer le droit au califat. Mais après l’usurpation de leurs droits par les ‘Abbāssides, parents collatéraux de ‘Alī, les ‘Alides insistèrent sur la descendance directe du Prophète par Fāṭima.

L’histoire des ‘Alides est celle d’une succession de révoltes, d’abord contre les Omeyyades, ensuite contre les ‘Abbāssides.


Les révoltes ‘alides contre les Omeyyades

À la mort de Mu‘āwiyya, le soulèvement d’al-Ḥusayn contre le calife Yazīd fut noyé dans le sang à Karbalā’, où la plupart des ‘Alides furent tués (680). Au milieu du viiie s., les ‘Alides reprirent leur lutte contre les Omeyyades. Mais l’échec du soulèvement tenté en 740 à Karbalā’ par Zayd ibn ‘Ali ibn Ḥusayn, la mort de celui-ci et de son fils Yaḥyā laissèrent le chemin libre aux ‘Abbāssides, qui s’appuyèrent sur les chī‘ites pour prendre le pouvoir en 750. Les ‘Alides ne tardèrent pas à se révolter contre le nouveau régime, qui s’était approprié leur cause pour usurper le pouvoir.


Les révoltes ‘alides sous les ‘Abbāssides

Dès leur avènement, les ‘Abbāssides se heurtèrent aux révoltes des deux frères ḥasanides Muḥammad et Ibrāhim ibn ‘Abd Allāh, respectivement à Médine et à Bassora. En 786, ils durent affronter le soulèvement de Husayn ibn ‘Alī, plus célèbre sous le nom de Ṣāḥib Fakhkh. Tous ces mouvements furent écrasés dans le sang par les califes ‘abbāssides, qui adoptèrent en général une politique de répression violente vis-à-vis des ‘Alides. Toutefois, Idrīs, un frère de Muḥammad ibn ‘Abd Allāh, parvint à s’enfuir au Maroc, où il fonda la dynastie idrīside, première dynastie ‘alide.

En 791, quelques Zaydites (descendants de Zayd ibn Ḥasan) se réfugièrent au Daylam, où ils établirent en 864 un régime chī‘ite. Au début du ixe s., le calife al-Ma’mūn dut faire face à deux révoltes pro-‘alides. La première fut fomentée en Mésopotamie, en 814, par Abū al-Sarāyā, associé au Ḥasanide Muḥammad ibn Ibrāhīm, surnommé Ibn Ṭabāṭabā. La seconde fut organisée à La Mecque en 815-816 par Muḥammad ibn Dja‘far, plus connu sous le nom de Muḥammad al-Dibādj. À la suite de ces mouvements, al-Ma’mūn se concilia les ‘Alides en choisissant comme héritier le Ḥusaynide Alī al-Riḍā. Mais les ‘Abbāssides ne tinrent pas leur promesse. Et, à la mort d’al-Ma’mūn, leurs relations avec les ‘Alides se gâtèrent de nouveau. Ceux-ci reprirent leurs activités malgré la persécution qui les frappait et parvinrent à constituer de petites dynasties au Maroc, au Yémen et dans les provinces persanes limitrophes de la mer Caspienne. La plupart de ces mouvements étaient animés par les descendants d’al-Ḥasan. L’influence des Ḥusaynides, plus soucieux de piété que de politique, devint par la suite plus grande sur le chī‘isme.