Dulles (John Foster) (suite)
Pour lutter contre la menace soviétique en Europe, Dulles désirait que les démocraties occidentales s’unissent : ainsi l’Allemagne serait fermement attachée au monde libre, et l’U. R. S. S. trouverait (levant elle un infranchissable rempart. L’échec de la C. E. D. le déçut : en vain avait-il menacé la France d’une « révision déchirante » de la politique américaine. Il s’employa à renforcer l’O. T. A. N., mais rejeta la proposition de De Gaulle d’un directoire à trois. La signature du traité de paix avec l’Autriche et le règlement du conflit de Trieste furent pour lui des succès. Il garantit en 1958 l’indépendance de Berlin-Ouest, mais ne fit rien pour « libérer » les Berlinois de l’Est en 1953, les Hongrois et les Polonais en 1956.
En Extrême-Orient, F. Dulles redoutait l’expansion de la Chine. Après la signature d’un armistice en Corée, il appuya la présence française en Indochine tout en déplorant la politique colonialiste de la France : dès 1954, les États-Unis viendront tenir la place de l’ancienne puissance coloniale et soutiendront Ngô Dinh Diem. Pour regrouper les pays hostiles au communisme, il mit sur pied le SEATO (Southeast Asia Treaty Organization).
Au Moyen-Orient, les États-Unis tentèrent de combler le vide laissé par l’affaiblissement de l’Europe. Dulles inspira au président Eisenhower la doctrine qui porte son nom. Mais en 1956, il avait obligé la France, la Grande-Bretagne et Israël à arrêter leur expédition en Égypte. Il soutiendra alors une organisation de sécurité collective, le METO (Middle East Treaty Organization), futur CENTO.
Dulles s’est peu intéressé à l’Amérique centrale. Peut-être a-t-il jugé que cette région relevait davantage des attributions de son frère, Allen (1893-1969), directeur de la CIA ?
John Foster Dulles fut un homme courageux et honnête. Mais il arriva au pouvoir dans une période de transition : la vague maccarthiste s’éloigne après 1954 ; la mort de Staline, le développement des recherches nucléaires et spatiales, le mouvement de décolonisation contribuent à accentuer la complexité des années 50. Dulles manqua-t-il d’imagination ? Conservait-il les idées de la génération précédente ? Bien que sa tâche n’ait pas été facile, ses détracteurs sont nombreux. Dulles passe pour l’un de ceux qui ont entretenu la guerre froide.
A. K.
L. L. Gerson, John Foster Dulles (New York, 1967).