Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dose (suite)

Unité d’équivalent de dose (rem)

L’efficacité de la dose absorbée peut varier avec la nature du rayonnement et avec les conditions de l’irradiation ; c’est pourquoi, pour les besoins de la protection, on a été amené à définir l’équivalent de dose, numériquement égal au produit de la dose absorbée, exprimée en rad, par un facteur de qualité (FQ). L’unité d’équivalent de dose est le rem (r). Le rad est une unité d’action physique, alors que le rem est une unité biologique.


Kerma

Le kerma (k), formé des initiales de l’expression britannique Kinetic Energy Released in MAterial, est le quotient de la somme des énergies cinétiques initiales de toutes les particules chargées, libérées par les particules indirectement ionisantes dans un élément de volume d’une substance donnée, par la masse de matière contenue dans cet élément de volume. Il s’exprime en joule par kilogramme ou en erg par gramme.


Fluence des particules

Pour les particules α, β, protons, neutrons..., on utilise une unité spéciale, la fluence des particules (F). C’est le quotient du nombre N de particules qui entre dans une sphère par la surface s d’un grand cercle de cette sphère. La fluence s’exprime en nombre de particules par centimètre carré.


Débit de dose

Les unités de dose précédentes traduisent l’importance de la cession d’une certaine quantité d’énergie par gramme de matière irradiée et ne font pas intervenir le facteur temps. Or, dans les questions de protection, le temps est un paramètre fondamental. C’est ainsi que ces notions conduisent à la notion de débit de dose. Dire, par exemple, que dans un milieu contaminé le débit de dose est de 2 R/h signifie que, si l’on reste une heure dans ce milieu, et en admettant que la décroissance ne joue pas, on absorbera une dose de 2 R. On mesure une dose avec un dosimètre et un débit de dose avec un débitmètre.


Quelques résultats à retenir

Sous l’influence de différents facteurs de la radio-activité naturelle, nous absorbons, au niveau de la mer, dans nos régions,

Aux termes de la réglementation actuelle, un travailleur ne doit pas dépasser en moyenne 100 mrem par semaine ; en 1931, on estimait qu’un homme pouvait recevoir sans danger 1,4 rem par semaine ; la conférence de Zurich, en 1934, avait abaissé cette dose à 1 et la conférence de Londres, en 1950, à 0,3.

Ph. R.

➙ Activité / Décroissance radio-active / Nucléaire (énergie) / Protection civile / Radio-activité / Radio-élément / Rayonnement / Retombées radioactives.

Dos Passos (John Roderigo)

Écrivain américain (Chicago 1896 - Baltimore 1970).


Contemporain de Fitzgerald* et de Hemingway*, le romancier Dos Passos apprit comme eux à écrire dans le Montparnasse des années folles. Mais sa réputation de « romancier social » le rattache plutôt à la crise économique des années 30 qu’à l’« âge du jazz » des années 20. Avec lui, au désenchantement de la « génération perdue » succède un roman engagé et au lyrisme désespéré des héros solitaires de Hemingway et de Fitzgerald une épopée de l’aliénation sociale, où les destins individuels se confondent dans une catastrophe collective.

Descendant d’immigrants portugais, fils d’un self-made man, Dos Passos fait des études à Harvard. Il s’engage en 1917 dans le corps sanitaire ; ses débuts littéraires sont ceux d’un esthète qui revient de guerre aussi écœuré que Hemingway. Son premier roman, l’Initiation d’un homme (1920), est l’autobiographie d’un artiste déçu par la guerre. Son second roman, Trois Soldats (1921), reprend le même thème des désillusions des « engagés ». Malgré des aspects plus réalistes, c’est encore un livre d’esthète. Engagé comme Dos Passos pour « trouver dans la camaraderie des combats un sens à la vie », le héros, un compositeur, est bientôt écœuré par l’armée, symbole de l’absurdité et de la tyrannie de la société : il déserte. Comme le héros de l’Adieu aux armes de Hemingway, il « signe sa paix séparée ».

Après la guerre, Dos Passos voyage comme reporter en France, en Espagne, au Mexique, au Moyen-Orient (Voyages entre deux guerres, 1938). La révolte esthétique de l’artiste contre le monde prend peu à peu une coloration politique. Avec Manhattan Transfer (1925), le conflit romantique entre le moi et le monde tourne à la lutte de classes, et cette œuvre trouve la forme, le style et les thèmes qui feront classer son auteur comme « le premier grand romancier collectiviste américain ». Odyssée réaliste de New York, c’est un roman réaliste unanimiste, où l’entrelacs des récits réduit les destinées individuelles au commun dénominateur de l’aliénation sociale. Les personnages, issus de milieux différents, sont également dévorés par une « metropolis » qui rappelle les villes de Dreiser. Le style de Dos Passos se fait plus prosaïque et tire ses effets d’une sorte de populisme.

L’affaire Sacco-Vanzetti est le tournant décisif qui mène Dos Passos à s’engager dans le combat socialiste. Militant activement pour sauver les deux anarchistes italiens de la chaise électrique (Facing the Chair, 1927), il collabore à la revue communiste New Masses. Composés de 1930 à 1936, en pleine crise économique, quand l’idéal libéral américain semble vaciller, les trois volumes de la trilogie U. S. A. — le Quarante-Deuxième Parallèle (1930), 1919 (1932) et la Grosse Galette (1936) — se veulent une dénonciation de la société américaine de 1900 à 1930. Reprenant la manière unanimiste de Manhattan Transfer, Dos Passos applique cette fois au roman les techniques des arts plastiques, collage et montage, pour fondre les destins individuels dans une fresque épique impersonnelle. Les récits proprement dits sont entrecoupés d’« actualités », montages de titres de journaux et de refrains à la mode, de « biographies » d’hommes représentatifs de la période et de monologues intérieurs poétiques (« camera eye ») qui sont comme le chœur de la tragédie. Cette technique de découpage et de montage, très admirée à l’époque et imitée par Sartre par exemple, a vieilli. Plus que la technique, c’est la puissance et le rythme de l’ensemble qui font de la trilogie U. S. A. un grand roman épique. La satire y devient involontairement une comédie humaine à la taille du gigantisme américain. Au rythme haletant d’une machine emballée, la trilogie écrase comme un bulldozer aussi bien les espoirs de Mary French, qui croyait au socialisme, que ceux de Charley Anderson, qui croyait à la « grosse galette ». Épopée de l’échec plutôt que fresque socialiste, U. S. A. s’achève sur un vagabond anonyme marchant sur une route qui ne mène nulle part. Sur cette image anarchiste se termine un roman qui est non seulement la plus grande œuvre, peut-être la seule durable, de Dos Passos, mais aussi le testament d’une génération flouée par la guerre et par le mirage socialiste.