Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

distribution statistique (suite)

variance, moyenne des carrés des écarts par rapport à la moyenne

L’écart moyen, l’écart type et la variance satisfont aux six conditions sous réserve de l’influence due au choix des classes.
Ces diverses caractéristiques, dont les deux plus employées sont la moyenne et l’écart type, ne suffisent évidemment pas à définir complètement une distribution. On utilise aussi, plus rarement, des coefficients caractéristiques de la forme de la distribution (asymétrie, aplatissement), proposés par sir Ronald Aylmer Fisher (1890-1962). Ce sont des coefficients sans dimension, invariants dans un changement d’origine et d’unité, calculés en fonction des moments de la distribution.
Le coefficient caractérise l’asymétrie. Le coefficient caractérise l’aplatissement plus ou moins accentué de la distribution. Dans ces formules, m2, m3 et m4 désignent les moments centrés :

diurétiques

Médicaments destinés à augmenter la sécrétion urinaire, c’est-à-dire le volume de l’eau et la quantité des substances organiques ou minérales normalement présentes dans l’urine.



Mécanisme de la sécrétion urinaire

Le rein* est constitué par un ensemble d’unités élémentaires, ou néphrons. Le néphron comprend une extrémité sphérique, le glomérule, prolongée par un tube divisé en trois régions : le tube proximal, l’anse de Henlé, le tube distal. Par filtration au niveau du glomérule, le sang abandonne une solution aqueuse renfermant des substances organiques (urée, acides aminés, glucose) et des substances minérales, ou électrolytes (ions sodium Na+, potassium K+, chlore Cl, bicarbonate CO3H, phosphate ). Au niveau du tube proximal, on assiste au retour dans le sang (réabsorption) :
a) des substances organiques, soit en totalité (glucose), soit en presque totalité (acides aminés), ou encore partiellement (urée) ;
b) partiellement de l’eau (85 p. 100) et des ions Na+ (85 p. 100), en presque totalité des ions Cl, CO3H et en totalité des ions K+.

Le filtrat ainsi épuré parcourt l’anse de Henlé et gagne le tube distal, où il se trouve de nouveau modifié par le rejet de 14 p. 100 de l’eau et des ions Na+ restants, en même temps que se trouvent réintroduits dans l’urine quelques ions CO3H et et surtout des ions K+, l’échange s’opérant à égalité d’ions avec les ions Na+ réabsorbés. Ainsi se trouve réalisé l’équilibre acido-basique* de l’organisme, qui dépend donc de l’excrétion du sodium et en partie de celle du potassium. On voit que la production d’un millilitre d’urine est le résultat de la filtration de 100 ml de sang environ, ce qui équivaut, pour une diurèse de 1,5 litre par 24 heures, au traitement, par les glomérules, de 150 litres de sang.

La production de l’urine est sous la dépendance de divers facteurs : physiques (équilibre des ions K+ et Na+ au niveau des membranes cellulaires et du tube distal), enzymatiques (anhydrase carbonique en particulier) et hormonaux (l’aldostérone, hormone corticostéroïde, possède une action frénatrice sur la diurèse et semble être le facteur essentiel de réabsorption de l’ion Na+).


Les médicaments diurétiques

On peut les classer selon leur action aux différents niveaux du néphron — glomérule, tube proximal, tube distal —, encore que cette action s’exerce souvent, à des degrés divers, dans les différentes régions de cet organisme.


Diurétiques glomérulaires

Ils augmentent le débit rénal : les colloïdes, gélatine, dextran, plasma, grâce à l’accroissement du volume sanguin, ou volémie ; les digitaliques, la caféine, la théobromine, grâce à l’amélioration du débit cardiaque. Les corticoïdes, en diminuant l’excrétion pathologique des protides, accroissent leur taux sanguin, favorisent les transports d’eau au niveau des parois cellulaires, par antagonisme avec l’aldostérone.


Diurétiques proximaux

Leur action tend à entraver ou à bloquer la réabsorption du sodium. Ce sont :
1o les diurétiques mercuriels, substances organométalliques dans lesquelles une importante quantité de mercure se trouve chimiquement dissimulée (mersalyl, mercudéramide, mercaptomérine, meralluride) ;
2o les dérivés du noyau benzothiadiazine du type chlorothiazide, dont l’action serait due à un mécanisme enzymatique encore inconnu.


Diurétiques distaux

Ce sont :
1o l’eau, qui accroît le débit du tube distal ;
2o les sels de potassium, qui interfèrent dans les échanges H+ Na+ ;
3o les spirolactones et le triamtérène, qui tendent à neutraliser l’action de l’aldostérone.


Diurétiques à actions proximale et distale

On peut classer dans cette catégorie :
1o les digitaliques (outre leur action glomérulaire) ;
2o les acidifiants, chlorures de calcium, ammonium, qui sont métabolisés par le foie en acide chlorhydrique, d’où surabondance d’ions Cl et entraînement supplémentaire d’ions Na+ dans l’urine primitive ;
3o les dérivés sulfamides autres que ceux dérivés de la benzothiadiazine, qui interfèrent avec l’anhydrase carbonique par similitude du groupement sulfamide SO3H avec l’ion bicarbonate CO3H : acétazolamide, éthoxyzolamide.

Le diurétique idéal serait celui qui bloque la réabsorption de Na+ au niveau des tubes proximal et distal tout en s’opposant au retour de K+ au niveau du tube distal et en assurant une irrigation glomérulaire intense. On donne aux médicaments qui agissent dans ce sens le nom de salidiurétiques ou de salurétiques. On contrôle l’action des diurétiques en cours de traitement par les ionogrammes sanguin et urinaire (élimination des sels minéraux), par les dosages de l’hématocrite et de la protidémie (concentration sanguine) et par la mesure de la réserve alcaline (équilibre acido-basique).

Utilisée depuis l’Antiquité sous forme de remèdes végétaux aujourd’hui presque abandonnés (tisanes de queues de cerise, orthosiphon ou thé de Java, adonis, cynara) dans le traitement des maladies rénales, la médication diurétique s’est aujourd’hui considérablement développée. Elle permet de drainer tous les œdèmes, où qu’ils soient localisés, elle s’est étendue notamment au traitement des cardiopathies, des cirrhoses, des œdèmes gravidiques et du syndrome prémenstruel, des obésités, de l’hypertension.

R. D.

 R. Tricot et J.-P. Maurat, les Diurétiques (Baillière, 1961). / G. De Stevens, Diuretics (New York, 1963).