discours (parties du) (suite)
Outre la définition des classes par leur distribution syntagmatique — qui vient d’être indiquée sommairement ici —, chaque classe peut être caractérisée par son propre système de marques (par exemple, le nombre pour le nom et le temps pour le verbe), en étudiant également la distribution des éléments tels que les suffixes (pluriel, singulier, présent...) par rapport aux éléments de base (racines).
Les linguistes — et parfois leurs détracteurs — ont fait remarquer qu’au moins en ce qui concerne les langues indo-européennes les catégories identifiées au moyen des méthodes formelles correspondaient généralement aux catégories identifiées par les grammairiens traditionnels. Cette concordance est généralement reconnue comme un indice des relations existant entre structure formelle et structure du contenu. Néanmoins, les structuralistes font également remarquer que les catégories définies sur des critères sémantiques par les anciens étaient nécessairement liées à des critères d’emploi des formes, restés non explicites (sinon, rien ne peut justifier l’intégration de termes tels que vérité, justice... à la classe de substantifs). Au cours des dernières années, le développement des grammaires transformationnelles a consacré la prédominance de la phrase comme point de départ et unité fondamentale de toute analyse grammaticale, tandis que bien peu de place est laissée à une réflexion sur les parties du discours. Ces grammaires semblent avoir retenu sans plus les catégories traditionnelles, précisées formellement par les études de type distributionnel. Néanmoins, certains aspects récents des grammaires transformationnelles permettent de penser que le problème des parties du discours risque d’être posé de nouveau dans le cadre de ces grammaires. Celles-ci insèrent dans leur composante de base un lexique dont les membres sont supposés définis à l’intérieur d’une matrice comportant des traits phonologiques, syntaxiques et sémantiques. Les traits syntaxiques de la matrice lexicale sont souvent proches des catégories traditionnelles. Mais le mode d’attribution de ces traits reste largement aprioristique. On peut penser que la nécessité de formuler plus rigoureusement les traits syntaxiques pourrait aboutir à une conception très nouvelle des parties du discours.
G. P.
➙ Linguistique.
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