Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Directoire (suite)

Une minorité de députés des Cinq-Cents et la plupart des Anciens organisent le soir même le Consulat provisoire, qui, confié à Sieyès, à Ducos et à Bonaparte, donne à ceux-ci tout le pouvoir directorial. Deux commissions substituées aux Conseils prépareront la réforme de la Constitution. Ainsi s’effondre un régime que la bourgeoisie a voulu, en 1795, électif et libéral, pour renouer avec sa première tentative de 1789. Mais le 18-Brumaire, qui y met fin, continue d’une autre manière la Révolution française. Ce sont encore les bourgeois qui, avec Bonaparte, organiseront les cadres de la société et du gouvernement ; ils perdront la liberté qu’ils voulaient conserver pour eux seuls, mais la société née de la Révolution de 89 sortira en définitive consolidée du dernier coup d’État du Directoire.

J.-P. B.

➙ Convention nationale / Napoléon Ier / Révolution française.

 G. Lefebvre, le Directoire (A. Colin, 1946 ; rééd., 1971). / J. Godechot, la Pensée révolutionnaire en France et en Europe, 1789-1799 (A. Colin, 1964). / A. Soboul, le Directoire et le Consulat (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1972). / I. Woloch, Jacobin Legacy : the Democratic Movement under the Directory (Princeton, 1970). / J. R. Surateau, les Élections de l’an VI et le coup d’État du 22 floréal, 11 mai 1798 (Les Belles Lettres, 1972).

discours (parties du)

Catégories grammaticales.



Grammaire et parties du discours

La classification des mots en parties du discours occupe une place importante dans la grammaire traditionnelle. Elle est née vers le iiie s. av. J.-C., dans le prolongement de la réflexion grecque sur le langage. Plus philosophique que linguistique, cette réflexion s’engage avec Platon, Aristote et les stoïciens sur la question des relations, naturelles ou conventionnelles, qui unissent le mot et la chose désignée par le mot. Elle s’est poursuivie sous la forme d’une controverse entre analogistes et anomalistes, les premiers affirmant la régularité des principes et des règles œuvrant dans la langue, tandis que les seconds insistent sur son aspect irrationnel et illogique. Les grammairiens alexandrins ont également participé à cette controverse. Ils ont d’autre part conçu l’étude de la langue comme moyen de conserver et d’expliquer les textes anciens. En dépit des renouvellements dus à son développement dans des contextes culturels et linguistiques différents, les traces de cette double filiation (philosophique/philologique) n’ont cessé de marquer la grammaire occidentale jusqu’au xxe s. Au niveau le plus général, celle-ci est dépendante de la philosophie et de la logique classique, où l’héritage aristotélicien est particulièrement fort. En tant qu’analyse de la langue, elle s’appuie sur la langue écrite, en privilégiant les « bons auteurs ».

Entre autres conséquences, ces deux sources conjuguées ont eu pour effet de centrer l’intérêt sur le mot, ou, plus exactement, sur l’étude étymologique du mot. Cet intérêt a contribué à faire du mot l’unité fondamentale de la grammaire traditionnelle, en même temps que la réflexion s’orientait vers le problème du sens du mot et de ses modes de signification, au détriment de l’étude de sa forme et de ses relations avec les autres mots. D’autre part, l’analyse de la phrase, deuxième unité centrale de la grammaire traditionnelle, se situe d’emblée, et pour des siècles, dans le cadre de la logique, par son identification (en tant que phrase simple) à la proposition logique, c’est-à-dire à l’énoncé d’un jugement. La classification des parties du discours, élaborée entre le ive et le iie s. av. J.-C., fixée par les alexandrins en étroite relation avec les catégories logiques de la prédication, s’est transmise jusqu’au xxe s. Sont apparues alors des tentatives nouvelles de description des parties du discours dans le cadre de la linguistique moderne.


L’histoire des parties du discours

C’est à Platon que l’on attribue la reconnaissance des deux classes fondamentales du nom et du verbe. Celles-ci sont définies dans une perspective fonctionnelle fondée sur la distinction logique du sujet (ce dont on dit quelque chose) et du prédicat (ce qui est dit de quelque chose) à l’intérieur de la proposition. Les noms sont les termes susceptibles de constituer un sujet ; les verbes sont les termes susceptibles d’être les constituants du prédicat ; ces derniers comprenant les adjectifs. Cette distinction, qui fonde à la fois la syntaxe et la logique, est reprise par Aristote, qui ajoute à ces deux classes principales celle des « conjonctions », qui comprend l’ensemble des éléments autres que les noms et les verbes. De plus, Aristote retient la distinction des genres grecs (déjà perçue par Protagoras au ve s. av. J.-C.), relève la notion de temps comme caractéristique du verbe et remarque (encore confusément) les modifications casuelles. Dans ses définitions, il reprend la distinction du sujet et du prédicat, mais il s’appuie en outre sur la signification du mot et insiste sur son unité (en tant que notion).

Les stoïciens, puis les alexandrins poursuivent et complètent la classification des parties du discours, qui prend une forme à peu près définitive vers le iie s. av. J.-C. Les stoïciens définissent la classe de l’article et distinguent le nom propre du nom commun, tandis que l’adjectif est considéré comme appartenant à la classe du nom. Cette différence de répartition s’explique par l’attention que les stoïciens accordent aux corrélations existant entre le temps, la personne, l’aspect, la voix et le verbe, d’une part, et le genre, le nombre, le cas et le nom, d’autre part. Le critère fonctionnel (sujet-prédicat) relatif à la distinction entre noms et verbes est en conflit avec la déclinaison de l’adjectif qui se rapproche de celle du nom. Les alexandrins formulent ces corrélations dans des paradigmes de déclinaison et de conjugaison, destinés à illustrer la régularité des règles de construction des mots de la langue. Ils aboutissent avec Denys de Thrace (v. 170 - v. 90 av. J.-C.), auteur de la première grammaire recouvrant l’ensemble des catégories grammaticales du grec, à la reconnaissance de huit parties du discours : l’article, le nom (nom commun, nom propre, adjectif), le pronom, le verbe, le participe, l’adverbe, la préposition et la conjonction.