Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Diptères (suite)

Reproduction

Les Diptères sont des animaux à sexes séparés, à part le Termitoxenia, parasite des Termites, qui est hermaphrodite (ce phénomène est rarissime chez les Insectes). Le dimorphisme sexuel s’exprime de différentes manières : chez les Nématocères, les antennes des mâles sont plumeuses ; chez les Bibionidés, les yeux du mâle peuvent couvrir presque toute la tête et même se dédoubler. Chez les espèces hématophages, seules les femelles piquent et absorbent du sang ; on a montré, dans plusieurs cas, qu’elles ne peuvent effectuer la maturation des œufs ou la ponte qu’après avoir fait au moins un repas de sang.

L’accouplement est souvent très bref, comme chez la Mouche domestique ; il s’accomplit au sol ou en plein vol. Parfois, des parades sexuelles le précèdent, en particulier chez les Dolichopodidés. Dans la famille des Empididés, le mâle capture un Insecte, l’emballe quelquefois dans un cocon et l’offre à la femelle, qui dévore la proie pendant l’accouplement ; dans certains cas, le « cadeau » est un pétale de fleur ou un cocon vide. Chez certains Cératopogonidés, la femelle mange le mâle après la copulation.

La plupart des Diptères sont ovipares. Les Anophèles pondent leurs œufs isolément, les Culex les réunissent en radeaux flottants, les Chironomes les entourent d’un cordon gélatineux, les Taons les fixent en masse sur les plantes. On connaît quelques cas de ponte collective : ainsi, les femelles d’Atherix ibis accumulent leurs œufs sur une même plante proche de l’eau et leurs propres cadavres restent fixés à la masse. La fécondité des Diptères est bien connue ; jointe à la rapidité du développement, elle explique la pullulation de certaines espèces ; des régions entières en deviennent inhabitables pour l’Homme et les animaux domestiques, quand il s’agit de formes piqueuses. Le rassemblement fréquent des adultes en un même lieu de ponte accroît encore la densité de la descendance : par milliers, les Chironomes déposent leurs œufs dans la même mare, où, quelques jours plus tard, les larves, appelées vers de vase, surabonderont.

La viviparité existe dans quelques familles, par exemple les Tachinidés, et dans le groupe des Pupipares ; chez ceux-ci, le développement se déroule entièrement dans l’utérus maternel, et c’est une larve prête à se nymphoser qui est pondue. Chez les Glossines, la larve reste également dans les voies génitales de la femelle et y reçoit une sécrétion nutritive particulière.

Le genre Miastor présente un curieux cas de développement : les adultes sexués s’accouplent et donnent une génération de larves munies d’ovaires fonctionnels ; les œufs qu’ils fournissent se développent sans fécondation, et chaque larve libère des larves filles (pédogenèse) ; plusieurs générations larvaires se succèdent ainsi avant que des métamorphoses complètes conduisent à de nouveaux adultes sexués.


Larves et nymphes

Toujours très différentes des adultes, tant au point de vue morphologique que dans leur mode de vie, les larves des Diptères n’ont aucun appendice locomoteur différencié ; des contractions du corps ou des ondulations assurent leur déplacement, qu’elles soient aquatiques ou terrestres. Le développement relatif de la tête permet de distinguer deux types de larves. Les larves eucéphales se rencontrent surtout chez les Nématocères ; la tête, bien visible, porte deux antennes, des pièces masticatrices chitinisées et souvent des ocelles. Les larves acéphales (asticot) ont une tête réduite, dépourvue d’organe visuel, avec de minuscules antennes et, comme pièces buccales, deux crochets chitineux. Le corps est formé de onze segments très semblables. Les trachées s’ouvrent par deux stigmates postérieurs, auxquels s’ajoutent parfois deux stigmates prothoraciques ; certaines larves aquatiques (celles des Chironomes, les Simulies) ont une respiration cutanée. Le nombre de mues est généralement compris entre deux et cinq ; la souplesse du tégument permet une certaine croissance entre deux mues.

Les nymphes des Diptères offrent une grande variété morphologique. Dans plusieurs cas, elles sont actives et mobiles : nymphes aquatiques des Culicidés, nymphes terrestres des Bombyliidés. Quand la nymphe est immobile, elle peut être libre ou bien enfermée dans un cocon soyeux, ou encore incluse dans un puparium. Certaines espèces de Taons, les Simulies, quelques Cécidomyiidés fabriquent un cocon de soie lâche produite au niveau de la bouche. La pupe est une nymphe entourée d’un puparium, qui représente la dernière peau larvaire, décollée et durcie ; on la rencontre chez les Diptères supérieurs (Cycloraphes) et chez des Cécidomyiidés.

L’adulte se libère en faisant craquer le tégument nymphal et, éventuellement, le puparium ; la ligne de rupture est longitudinale et dorsale chez les Orthoraphes, circulaire et localisée au pôle céphalique chez les Cycloraphes ; dans ce dernier cas, l’ouverture résulte de la pression d’une ampoule membraneuse qui fait saillie sur le front de l’Insecte et qui se résorbera après l’éclosion. Quant aux nymphes aquatiques, elles se rapprochent si bien de la surface de l’eau que l’imago peut sortir directement à l’air.

Le déterminisme de la croissance et des métamorphoses est d’origine endocrinienne, comme chez tous les Insectes ; l’anneau de Weismann, qui entoure l’aorte des larves des Diptères supérieurs, est indispensable à la pupaison.


Habitat et régime alimentaire des Diptères adultes

Les Diptères se rencontrent dans tous les milieux sur l’ensemble des continents, mais la localisation et l’activité de chaque espèce répondent à des conditions écologiques déterminées : Anopheles maculipennis, par exemple, vit en Europe et en Afrique du Nord, reste à proximité des eaux stagnantes et ne vole que le soir et la nuit.

L’abondance et la simultanéité des éclosions, la recherche d’un même milieu entraînent des rassemblements massifs d’adultes de plusieurs espèces ; au printemps, la Mouche de la Saint-Marc (Bibio marci) se répand par milliards d’individus dans la campagne et jusque sur les chaussées et les trottoirs des grandes villes. Qui n’a rencontré ces nuages dansants, dans les lieux humides, où pullulent Chironomidés ou Culicidés ?