Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

détention (suite)

• La semi-liberté comporte le placement du détenu dans les conditions ordinaires du salarié libre ou lui permet une activité professionnelle à son compte. Il doit toutefois réintégrer la prison chaque jour et y passer les jours chômés. On accorde ce régime aux détenus parvenus à moins de 6 mois d’une libération conditionnelle ou à ceux auxquels le temps de détention restant à subir n’excède pas 1 an. Ce bénéfice leur est retiré, s’il y a lieu, par le tribunal de grande instance du lieu de la détention et, en cas d’urgence, par le juge de l’application des peines.

• La tutelle pénale a été substituée à la relégation par la loi du 17 juillet 1970. Elle a pour objet de protéger la société contre les agissements de multirécidivistes, mais offre à ceux-ci la possibilité d’un reclassement.

Elle est ordonnée par le jugement qui prononce la dernière peine et elle dure 10 ans. Mais on ne prend en compte que les condamnations prononcées après l’âge de 21 ans ; avant le prononcé, il doit être procédé à une enquête de personnalité.

À l’expiration de la peine qui a entraîné cette mesure, le condamné est placé dans un établissement aménagé à cet effet. Il peut toutefois être admis au bénéfice de la libération conditionnelle et, en tout cas, sa situation sur ce point doit être réexaminée chaque année. Si, dans les 5 ans, le condamné a satisfait aux obligations imposées, la juridiction qui a prononcé la tutelle pénale peut décider de mettre fin à celle-ci.

M. L. C.

➙ Instruction judiciaire / Pénologie / Prison.

 J. Boucly et M. Le Clère, Code de procédure pénale commentée (Éd. « Police-revue », 1958 ; nouv. éd., 1972). / Détention provisoire, contrôle judiciaire et garde à vue (P. U. F., 1971). / R. Merle et A. Vitu, Traité de droit criminel (Cujas, 1967).

détergent

Produit capable de séparer de leur support et de mettre en solution ou en suspension des souillures ou des salissures qui adhèrent à des surfaces.



Introduction

Les détergents modernes sont pratiquement nés de la Seconde Guerre mondiale. Appelés tout d’abord à remplacer l’un d’entre eux, le savon, dont la production souffrait de la pénurie de matières grasses naturelles, ils ont rapidement pris une importance considérable en raison de leurs qualités propres. Initialement peu nombreux, leurs formules se sont peu à peu multipliées, et les produits finis comportent aujourd’hui un nombre important de constituants, fournis dans une certaine proportion par la grande industrie chimique, tant minérale qu’organique. En effet, certains détergents sont des produits naturels d’animaux ou de végétaux (bile, bois de Panamá, marron d’Inde, saponaires, etc.).

Les détergents sont engagés dans une spécialisation de plus en plus étroite, leur composition étant liée aux usages auxquels ils sont destinés ; toilette, vaisselle, lavage de tissus délicats, grosse lessive, surfaces. Ils se présentent soit sous forme liquide, soit sous forme pulvérulente, ou encore sous forme solide, en barres.

L’industrie des détergents opère la synthèse des agents tensio-actifs proprement dits, qui représentent la part la plus importante du produit fini. Elle fabrique aussi, depuis une dizaine d’années, les enzymes introduites dans les compositions.


Agents tensio-actifs

Le plus ancien agent de cette nature est le savon, constitué par un mélange de sels sodiques d’acides gras naturels. En solution aqueuse, il se dissocie en radical acide organique (ion négatif) et en reste métallique alcalin (ion positif). Lorsqu’il est dissous dans une eau dure, un échange ionique se produit entre le savon sodique et les sels de calcium ou de magnésium, ce qui provoque la précipitation de savon calcique ou magnésien en atteignant ainsi le pouvoir moussant, qui s’atténue ou même disparaît. Cela explique que, malgré l’abondance actuelle de matières premières oléagineuses, le savon cède aujourd’hui largement le pas aux agents tensio-actifs de synthèse.


Classification des détergents

Les détergents sont dits « ioniques » — « anioniques » ou « cationiques » — lorsque, en solution aqueuse, la partie active de la molécule, qui est chargée soit négativement, soit positivement, se déplace vers l’anode ou vers la cathode.

Les détergents non ioniques correspondent aux composés dont les solutions aqueuses ne sont pas ionisées.


Détergents anioniques

Les détergents anioniques, auxquels appartient le savon, comportent un groupement acide dont les sels alcalino-terreux sont solubles dans l’eau dans les conditions de concentration de leur emploi. De tels composés sont nombreux ; ils se divisent en trois groupes :

• Le groupe des alcoylarylsulfonates, dont les représentants résultent de l’association d’une chaîne aliphatique droite ou ramifiée et d’un noyau cyclique (benzène ou naphtalène), auxquels s’adjoint un groupement sulfonique. Les hydrocarbures aliphatiques et aromatiques sont fournis par l’industrie du pétrole, la copulation peut être opérée suivant la réaction de Charles Friedel (1832-1899) et de James Mason Crafts (1839-1917) en présence de chlorure d’aluminium comme catalyseur. Dans ces conditions, l’extrémité de la chaîne est fixée au noyau aromatique. Mais, si on remplace le chlorure d’aluminium par l’acide fluorhydrique, la structure du composé est différente, puisque la chaîne aliphatique est fixée au noyau par son milieu. Dans la seconde partie de la réaction, les composés obtenus sont sulfonés, les éléments de l’acide sulfurique se fixant sur les liaisons éthyléniques.

• Le second groupe est celui des alcoylsulfates ou esters sulfuriques d’alcools aliphatiques. L’estérification est obtenue de manière classique au moyen d’acide sulfurique, d’oléum ou d’anhydride sulfurique. L’alcool gras lui-même peut être d’origine naturelle ou, plus généralement, synthétique. Les alcools gras naturels sont des alcools primaires à chaîne droite. Ils existent sous forme d’esters d’acides gras à longue chaîne dans les huiles d’animaux marins et dans les cires animales ou végétales. On les libère alors, après avoir saponifié la matière première au moyen d’une lessive alcaline, par l’épuisement du milieu réactionnel au moyen d’un solvant approprié (peu soluble dans la solution alcaline). On peut aussi les obtenir par des transformations chimiques des huiles et des graisses animales ou végétales. La méthode la plus directe consiste à réduire les esters glycéridiques dont le mélange constitue la matière première en les soumettant à l’hydrogénation catalytique à 300 °C sous 200 à 300 bars en présence de catalyseurs spéciaux à base d’oxyde et de chromate de cuivre pour respecter les liaisons éthyléniques, le plus souvent présentes dans les chaînes. Mais les conditions de température et de pression doivent être définies pour chaque cas particulier et soigneusement contrôlées. La méthode classique de Bouveault et de Blanc permet de transformer un ester d’acide gras en alcool aliphatique sans risque d’hydrogénation des liaisons éthyléniques. La réaction est pratiquée en milieu alcoolique par l’addition de sodium ou d’alcoolate de sodium. Cependant on peut transformer directement une huile en alcools gras en opérant dans une seule chambre de réaction sans avoir alors à séparer l’ester aliphatique intermédiaire et utiliser pour cette fabrication des matières premières diverses impropres à des usages plus nobles (alimentation en particulier) : suifs d’équarrissage, pâtes de neutralisation, huiles de grignons d’olive, etc. Actuellement, les alcools d’origine synthétique sont obtenus soit par le procédé Oxo, soit par le procédé Ziegler. Dans le premier cas, on part d’un mélange d’oléfines à longues chaînes, fournies par l’industrie pétrolière, d’hydrogène et d’oxyde de carbone que l’on porte à la température de 150 °C sous une pression de 200 bars en présence d’un catalyseur au cobalt. Le mélange d’aldéhydes obtenu est ensuite réduit en alcools ; ceux-ci sont généralement ramifiés. Le second procédé utilise, au départ, de l’éthylène, de l’hydrogène et de l’hydrure d’aluminium, qui se conjuguent aussi bien avec les oléfines qu’avec les groupements carbonyle. Le triisobutylaluminium est préparé en une seule étape, dans laquelle le métal réagit sur l’isobutylène et l’hydrogène liquide à la température de 100 °C sous la pression de 200 bars, grâce à une petite quantité du complexe triisobutylaluminium précédemment formé. On obtient des chaînes carbonées plus longues, encore plus facilement par chauffage avec des oléfines dont les molécules viennent s’insérer dans les liaisons Al—H du dérivé trialcoylé. L’oxydation du produit, obtenue par l’oxygène moléculaire, conduit aux alcools dont la structure est linéaire, correspondant à une moyenne de 14 atomes de carbone. Généralement, par distillation, on fractionne le produit brut en fractions légères (10 à 12 atomes de carbone) — réservées à la fabrication des produits liquides — et en fractions lourdes.

Si, au lieu d’alcools, on a besoin d’oléfines terminales, on poursuit la croissance jusqu’à la longueur moyenne désirée, puis on ajoute du nickel pour catalyser la réaction d’élimination.

• À côté de l’estérification sulfurique, les alcools aliphatiques éthyléniques peuvent encore porter des groupements sulfonés obtenus par les procédés généraux de sulfonation, les groupes acides étant neutralisés par de la soude.