Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

désherbage

Destruction de la végétation indésirable.


Dans de nombreuses circonstances, la présence de certaines plantes peut être indésirable et il est nécessaire de les détruire : par exemple, on est amené à lutter contre l’enherbement des voies de chemin de fer, contre les buissons envahissant les aérodromes ou les pentes skiables, contre les plantes aquatiques des rivières et canaux, etc.

On peut envisager soit de détruire la totalité de la végétation, soit d’en conserver une fraction utile. C’est cette dernière activité qui sera évoquée ici.


Le problème des mauvaises herbes

Différentes propriétés permettent de caractériser une mauvaise herbe.


Principales propriétés écologiques

Une culture est la superposition d’un cycle biologique et d’un cycle cultural. Un champ de Betteraves est par exemple travaillé en mars et semé en avril. La plante croît peu à peu et couvre la totalité du sol dans le courant du mois de juin ; elle est récoltée en octobre. Les caractères écologiques de la parcelle auront évolué avec la croissance de la plante cultivée et le climat. Les conditions écologiques d’une adventice dépendent donc du milieu physique (sol, climat), de la région mais aussi des cultures pratiquées et des techniques culturales. La présence d’une adventice est caractéristique d’un système de culture ; il n’est donc guère possible de considérer une espèce comme « indicatrice de propriétés du milieu ».


Principales propriétés biologiques

a) Une adventice présente une forte capacité de multiplication ou de propagation. Ce sont des graines ou des bourgeons qui assurent la permanence d’une espèce. La germination d’un bourgeon est affectée par la profondeur à laquelle il se trouve, par la dominance apicale, par les réserves de la plante, enfin par le milieu (aération, humidité...). Un bourgeon peut survivre quelques années, et la multiplication se fait par taches.

Les graines présentent des caractéristiques similaires, auxquelles il faut ajouter une possibilité de dissémination beaucoup plus grande (vent, eaux, animaux, matériel...) et une très grande capacité de survie.

b) Une mauvaise herbe a une forte capacité de croissance avec, en général, un cycle plus court que la plante cultivée ; elle a une forte capacité de concurrence à l’égard de la plante cultivée ; enfin, elle a une forte aptitude à utiliser les éléments fertilisants.


Évolution des populations adventices

a) Une culture est habituellement accompagnée d’un « cortège » d’adventices défini par le milieu qu’elle crée en interaction avec le sol, le climat, les techniques de lutte employées. Ainsi, le Maïs a gagné en quinze ans les régions nord-ouest de la France, mais ses adventices l’ont en partie accompagné (Digitaria sp., Setaria sp...) aux dépens des plantes initialement présentes.

b) Les techniques de désherbage peuvent favoriser telle espèce ou telle variété dans une espèce. Cependant, on ne connaît pas actuellement d’exemples importants d’acquisition de caractères de résistance, tels qu’ils sont apparus chez certains Insectes traités aux insecticides.

c) Les espèces voisines de la plante cultivée dans la systématique générale sont souvent des adventices importantes : Graminacées panicacées dans les parcelles de Riz et de Maïs ; Agropyrum repens dans les champs de Blé ; Avena fatua dans les Avoines et les céréales.


Classifications techniques

On peut envisager de multiples classifications techniques des mauvaises herbes en les fondant sur des caractéristiques qui permettent de définir des moyens de lutte. On les classe par exemple d’après le mode de multiplication (par graine [destruction par fauchaison] ou végétative [destruction par travail du sol]) ou d’après la largeur des feuilles (efficacité des traitements sur les feuilles).


Rapports entre les plantes cultivées et les plantes adventices


Concurrence des plantes cultivées

Il y a concurrence quand un facteur de production est insuffisant pour satisfaire totalement les exigences de deux plantes. Cette concurrence existe surtout pour la lumière, l’eau et les éléments minéraux, secondairement pour l’espace ou les gaz. La concurrence est d’autant plus intense que le nombre de plantes, cultivées ou non, par unité de surface (densité) est plus grand et que chaque plante est plus grosse (croissance).


Autres actions sur les plantes cultivées

a) Certaines adventices parasitent des plantes cultivées. Les plus connues en France sont les Orobanches et les Cuscutes, qui parasitent les Légumineuses (Luzerne, Trèfle). Elles affaiblissent la plante hôte en prélevant ses éléments nutritifs, en la concurrençant pour la lumière et, semble-t-il, en sécrétant certains produits toxiques.

b) Certaines mauvaises herbes sécrètent, par leurs feuilles ou leurs racines, des toxines qui ralentissent la croissance des plantes cultivées : c’est le phénomène d’antibiose. On peut citer les Camelina sp. dans le Lin, les Graminacées panicacées dans les cultures de Légumineuses.

c) Enfin, on signale parfois des actions de stimulation des cultures par des adventices.


Les adventices et les techniques culturales

La récolte et la conservation (verse, fermentations, etc.) sont souvent gênées par des quantités importantes d’adventices.


Les adventices hôtes de parasites

La végétation spontanée peut être hôte secondaire de parasites ou avoir des parasites en commun avec une plante cultivée ; elle joue alors un rôle de conservation du parasite.


Autres effets

Il faut enfin mentionner la présence de plantes toxiques pour le bétail. Hors du secteur agricole, les adventices peuvent avoir un effet direct ou non sur l’Homme : les Moustiques vecteurs du paludisme sont abrités dans des végétations particulières, et le rhume des foins est une allergie au pollen de Graminacée.

Ainsi, l’action de nuisance des mauvaises herbes est très variée dans ses modalités et dans ses conséquences.