Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dermatoses (suite)

L’eczéma*

C’est la plus fréquente des dermatoses.


Les eczématides

Encore dénommées parakératoses, séborrhéides, eczéma séborrhéique, ce sont des dermatoses érythémato-squameuses (rougeur et squames), très proches de l’eczéma. Les eczématides figurées sont faites de taches rosées et squameuses peu ou non prurigineuses, siégeant sur les régions séborrhéiques. Sur le tronc, elles correspondent à l’eczéma flanellaire ; sur le sternum, elles réalisent la dermite médio-thoracique de Brocq, et au front la « corona seborrheica ». Les formes étendues, éruptives, pityriasiques, psoriasiformes, folliculaires sont en rapport avec un foyer microbien ou mycosique. Les formes localisées sont considérées tantôt comme une pyodermite, tantôt comme un eczéma infectieux. Les plaques érythémato-pigmentées de Brocq sont des macules rondes, rouges, cuisantes, apparues soudainement après l’ingestion d’une médication. Régressant vite, elles laissent un disque pigmenté pouvant durer plusieurs semaines. Une nouvelle réingestion du médicament en cause (le plus souvent dérivé de l’amidopytine ou de la phénolphtaléine) provoque la réapparition au même siège d’une macule rouge congestive.


L’urticaire, l’œdème de Quincke

V. urticaire.


Les allergides nodulaires

L’érythème noueux est fait de nodules saillants, rouges ou violacés ; il siège sur les cuisses, les jambes, les avant-bras et atteint les enfants, les adolescents, les adultes jeunes. Un peu douloureux à la pression, il évolue par poussées de deux à quatre semaines. Il est souvent dû, chez l’enfant, à la primo-infection tuberculeuse, mais d’autres infections en sont parfois la cause (streptococcie, typhoïde, brucellose, lèpre) et certaines médications (thiazolés) peuvent également le produire.

Les allergides dermiques de Gougerot associent des nodules dermiques, des lésions huileuses (v. bulle), purpuriques ou érythémateuses.

Dermatoses révélatrices

L’examen de la peau permet souvent le diagnostic d’affections générales ou viscérales : éruptions diverses des maladies infectieuses, furoncles et lésions génitales du diabète, pâleur, sécheresse cutanée et prurit de l’urémie, ictère des hépatiques, pigmentation bronzée des addisoniens, teinte pourprée de l’érythrémie, cyanose des cardiaques, macroglossie de la maladie de Kahler, vitiligo ou pelade des hyperthyroïdiens.

Certaines dermatoses doivent faire craindre et rechercher l’existence d’une tumeur profonde ou d’une réticulose. De toutes les dermatoses paranéoplasiques, c’est l’Acanthosis nigricans la plus classique et la plus anciennement connue (v. pigment). L’ichtyose acquise généralisée, ou plus rarement localisée, peut être révélatrice d’une maladie de Hodgkin. La dermatomyosite est dans 20 p. 100 des cas associée à un cancer profond. La dermatose acromélique paranéoplasique (syndrome de Bazex) comporte des lésions psoriasiformes du nez et des oreilles, une hyperkératose importante des phalanges distales et des orteils, et correspond toujours à un cancer du carrefour aérodigestif (le pharynx).


Dermatoses microbiennes

Nombreux sont les agents infectieux qui, soit directement, soit par voie sanguine, peuvent infecter la peau. Mis à part la virulence du germe causal, divers facteurs (fléchissement des défenses de l’organisme, obésité, diabète, avitaminose) en modifient les modalités cliniques.


Dermites staphylococciques

• Les folliculites superficielles. D’abord simples élevures rouges autour des poils, puis pustulettes, elles guérissent sans cicatrices. Groupées et croûteuses, elles réalisent l’impétigo de Bockhart. Profondes, elles produisent un abcès « en bouton de chemise ». Le vocable sycosis désigne les folliculites profondes chroniques de l’adulte. La barbe en est le siège d’élection. Le sycosis sous-narinaire est rebelle ; aux paupières, il cause les orgelets, et au cuir chevelu, l’acné décalvante.

• Le pemphigus épidémique des nouveau-nés est dû au staphylocoque (v. bulle). Les pyodermites végétantes localisées ou généralisées (pyodermite végétante d’Hallopeau) sont faites de placards suintants fétides, parfois cerclés d’un halo inflammatoire.

• Le botryomycome est une tumeur molle, rouge vif, pédiculée à sa base et saignant facilement.

• Le furoncle est une folliculite profonde avec périfolliculite nécrosante. Les hidrosadénites sont des abcès staphylococciques des glandes sudoripares (v. staphylocoque).


Dermites streptococciques

• Dartre volante (impétigo sec). C’est la manifestation minimale de la streptococcie cutanée, fréquente sur le visage des enfants. Faites de taches rosées, un peu farineuses, les dartres cèdent facilement au traitement, mais récidivent facilement. Après l’exposition prolongée au soleil, des taches blanches (leucodermie) peuvent leur succéder.

• Impétigo*. C’est la plus fréquente des streptococcies.

• Ecthyma. Comme l’impétigo, il débute par une pustule, mais la croûte qui s’ensuit est plus épaisse et plus foncée et sa chute découvre une ulcération profonde à fond suppurant. Siégeant de préférence aux jambes, il atteint surtout les diabétiques, les éthyliques et les cachectiques.

• Perlèche. C’est une lésion érosive douloureuse des commissures labiales. Ses récidives fréquentes sont parfois conditionnées par un dentier ou par une infection dentaire ou gingivale.

• Intertrigo. V. ce mot.

• Erysipèle. C’est une dermo-hypodermite streptococcique aiguë, très contagieuse. Atteignant la face de préférence, son début est brutal, hautement fébrile. Il est caractérisé par un placard rouge, infiltré, que limite un bourrelet saillant douloureux à la pression. L’évolution s’opère en cinq ou six jours vers la guérison. Son pronostic, autrefois réservé chez les vieillards et les diabétiques, a été transformé par les antibiotiques.