Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dent (suite)

La croissance des dents

Tous les Mammifères ont deux dentitions, la première dite lactéale et la seconde permanente : ils sont qualifiés de diphyodontes.

La croissance des dents est variable. Elle peut être limitée. La dent, par la fermeture précoce de sa racine, n’est plus alimentée convenablement et cesse de se développer. Cela se produit chez la plupart des Mammifères aux dents à basse couronne. C’est le cas des Primates, des Carnassiers, des Insectivores et de certains Rongeurs : Marmottes, Écureuils, Loirs.

La croissance est prolongée chez les espèces à mouvements des mâchoires très développés. Les dents s’usent alors très vite, il faut une compensation à cette usure. C’est le cas des Ruminants, des Éléphants et de certains Rongeurs. La racine de la dent reste alors ouverte assez longtemps. La couronne est très haute.

La croissance est continue quand la racine est ouverte en permanence. La dent est alors constamment alimentée ; elle s’accroît sans arrêt en longueur, mais l’usure limite cette longueur. C’est le cas des incisives énormes des Lagomorphes et des Rongeurs, qui s’usent l’une l’autre, si bien que, lorsqu’une d’entre elles est cassée, celle qui lui est opposée se développe énormément, empêchant ainsi l’animal de manger. Les défenses des Éléphants, celle du Narval mâle, les canines de certains Suidés (Phacochères, Babiroussas) et les molaires de certains Rongeurs se développent durant toute la vie.


Le remplacement des dents

Il se fait chez les Vertébrés inférieurs suivant un mode latéral. À la face interne de la dent se trouvent d’autres dents de remplacement, qui occuperont à tour de rôle la place de la dent usée. Cela a lieu chez les Poissons et chez certains Reptiles : Lézards et Serpents.

Chez les Mammifères, c’est sur le mode vertical que le remplacement se produit. Sous la dent fonctionnelle se forme le germe de la dent de remplacement, qui monte à la place de la précédente. Ce sont ces deux modes combinés que l’on constate chez les molaires de l’Éléphant : cela est très probablement dû aux maxillaires très courts de cet animal. Le germe de la dent de remplacement se trouve vers la face interne de la dent à remplacer, s’engage un peu plus tard sous cette dent, puis pénètre dans la cavité pulpaire pour la chasser de son alvéole de bas en haut.

Quand toutes les dents d’adulte sont en place, les Mammifères ont leur denture définitive. Cependant, il y a des exceptions. Certains Mammifères n’ont qu’une seule dentition, soit que leur dentition lactéale persiste toute l’existence (Cétacés, Odontocètes, Éléphants) — car la dentition permanente est apparue de plus en plus tardivement et finalement s’est trouvée éliminée —, soit qu’elle avorte avant qu’elle ne soit fonctionnelle (Paresseux, Phoques, Otaries). Ils sont alors dits monophyodontes. Quand les dents du Mammifère adulte sont toutes en place, on dit que la denture est complète.


La denture des animaux


Vertébrés inférieurs

Les Poissons ont des dents nombreuses (ils sont dits polyodontes), simples (haplodontes), en général toutes semblables entre elles (homodontes). Cette denture ne sert qu’à attraper et à retenir les proies. Cependant, des régimes alimentaires variés arrivent à modifier le profil des dents, qui, naturellement coniques et pointues, peuvent présenter parfois trois pointes ou même une couronne du type broyeur et se diversifier (v. Dorade).

Les Reptiles ont également une denture à dents nombreuses et semblables, mais celles-ci varient de taille d’avant en arrière chez les Ophidiens (Dendrophis oligodon). Chez les Reptiles non venimeux, une ou deux dents peuvent prendre un développement énorme. Ce sont les crochets, dont certains sont postérieurs et d’autres antérieurs. Chez les Reptiles venimeux, le crochet se déprime pour former une gouttière à venin, ou même possède un canalicule par lequel s’écoule le venin provenant d’une glande ; cet appareillage se comporte comme une seringue à injection hypodermique (v. Serpent).

Les Chéloniens (Tortues) ont perdu leurs dents, remplacées par un bec corné épais engainant le bord des mâchoires.

Chez les Oiseaux, on ne trouve des dents que chez les formes fossiles du Jurassique et du Crétacé : Archœopteryx et Ichthyornis (dents coniques). Les Oiseaux actuels n’en ont plus, les denticules du bec et de la langue des Ansériformes (Oie) étant purement épidermiques.


Mammifères

C’est dans la classe des Mammifères que l’on trouve un vrai système dentaire avec des dents différenciées. Ces animaux mastiquent leurs aliments avant de les avaler.

Pour identifier leur denture d’une façon précise et pratique, on a trouvé un moyen abréviatif : la « formule dentaire ». Comme les dents se répètent symétriquement de part et d’autre d’un plan médian, on simplifie la formule en écrivant le nombre des dents d’un seul côté.

Par exemple, l’Homme a une denture de 32 dents : 4 incisives, 2 canines, 4 prémolaires et 6 molaires à chaque mâchoire ; sa formule dentaire s’écrit

On a l’habitude de simplifier en écrivant la formule unilatérale

c’est-à-dire celle de la demi-mâchoire.

Les Mammifères aplacentaires (Ornithorynques et Échidnés) n’ont pas de dents. L’Ornithorynque jeune a des dents lactéales qui tombent rapidement ; elles sont cependant fonctionnelles :

elles sont remplacées chez l’adulte par des plaques cornées.

Chez les Marsupiaux, Opossums et Sarigues ont les incisives tranchantes ; leurs canines sont de simples crocs, denture curieuse dans laquelle seule la dernière prémolaire est soumise à remplacement. Les Kangourous ont 32 dents : 6 incisives supérieures, 2 inférieures, pas de canines, 8 prémolaires, 16 molaires.

Les Carnassiers terrestres (Fissipèdes) ont à l’origine une formule dentaire fondamentale :

que l’on trouve chez les Créodontes de l’ère tertiaire. Tous dérivent de ce type primitif, mais dans l’ensemble de l’ordre se manifeste une réduction du nombre des molaires : Ursidés et Canidés ont Viverridés et Procyonidés Mustélidés et les plus spécialisés, les Félidés,

Les Félidés ont une denture de 30 dents. Ils ont des carnassières extrêmement puissantes, mais ce sont les Hyénidés qui ont les plus fortes. Ils peuvent broyer les os les plus durs avec facilité ; ils en font la plus grande partie de leur régime alimentaire.

Pour les Canidés, voir l’article Chien.

Les Mustélidés ont, suivant les genres auxquels ils appartiennent, des formules variables : de 2 à 4 prémolaires, 1 molaire supérieure et 1 ou 2 molaires inférieures.

Les Ursidés, s’ils ont des canines très puissantes, ont une réduction des prémolaires ; toutes les dents jugales perdent leur caractère tranchant et deviennent broyeuses.

Les Carnivores Pinnipèdes (Otaries, Phoques, Morses) ont des canines fortes ; chez le Morse, celles-ci sont dirigées vers le bas et sont devenues de véritables défenses, mais elles servent surtout à fouiller au fond de la mer pour trouver des coquillages, que cet animal broie avec ses molaires, qui ont des tubercules arrondis.

Ces Carnivores ont des prémolaires et des molaires qui se ressemblent toutes et sont tricuspidées. De plus, ils n’ont qu’une seule dentition fonctionnelle, car leurs dents de lait avortent avant même d’avoir effectué leur percée.

Les Cétacés Odontocètes (Dauphins, Marsouins, Cachalots) ont des dents nombreuses : 260 chez le Dauphin, 50 chez le Cachalot (et à la mâchoire inférieure seulement). La grande incisive (2 m de long) du Narval mâle peut être considérée comme un caractère sexuel secondaire. Chez ces animaux, c’est la dentition d’adulte qui a disparu ; la dentition serait uniquement lactéale.