Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alger (suite)

Le Grand Alger constitue une vaste agglomération qui s’étend sur une dizaine de communes. Les quartiers du centre de l’ancienne ville européenne se distinguent par l’importance de la fonction tertiaire (administrations, commerces, sociétés industrielles, etc.). Ils sont cernés par des zones à fort entassement, soit anciens comme la Casbah, soit récents comme le Hamma ou Belcourt, construits à l’époque coloniale, soit même très récents comme les cités de « recasement » destinées à abriter la population des anciens bidonvilles.

Les hauteurs qui dominent la ville et la rade ont toujours accueilli les résidences les plus luxueuses : les villas des dignitaires turcs, les maisons des plus riches familles françaises, maintenant les ambassades. Les quartiers industriels s’allongent surtout au sud-est de l’agglomération, vers Hussein-Dey et El-Harrach.

A. F.

Algérie

En ar. Barr al-Djazā’ir, État de l’Afrique du Nord-Ouest, sur la Méditerranée. Capit. Alger.



Les milieux naturels

Située au cœur du Maghreb, entre le Maroc et la Tunisie, l’Algérie se trouve au contact de deux grands domaines géographiques. Méditerranéenne au nord, elle est saharienne vers le sud. Le pays est quatre fois plus vaste que la France. Une distance de 1 500 à 2 000 km sépare Alger des frontières du Sud, aux confins sahariens de la Mauritanie, du Mali, du Niger et de la Libye. Mais l’espace algérien n’offre aucune homogénéité. Profondément dissymétrique, il oppose de vastes étendues monotones et désertiques, les territoires sahariens du Sud (plus de 2 millions de kilomètres carrés), aux milieux plus variés et parfois très contrastés des régions maghrébines du Nord (environ 250 000 km2).


Le climat et le relief

Le climat détermine les principales oppositions zonales. Au sud de l’Atlas saharien, les régions sahariennes restent sous l’influence permanente de masses d’air anticycloniques. Les températures y sont élevées toute l’année, et les précipitations très faibles (moins de 150 mm par an). C’est le désert. Sur le littoral méditerranéen et dans les régions voisines, seul l’été, de juin à septembre environ, jouit de telles conditions, déterminées par la remontée en latitude des hautes pressions sahariennes. Mais le temps s’altère à partir de l’automne et jusqu’au printemps : la déviation, vers le sud de la Méditerranée, du flux tourbillonnaire tempéré ou la progression en altitude de coulées ou de gouttes d’air polaire provoquent sur l’Algérie des types de temps perturbés, porteurs de pluie. Parallèlement, la température se trouve refroidie. Naturellement, ces conditions évoluent selon la situation, en fonction de la latitude (les précipitations diminuent de 800-1 000 mm sur le littoral à moins de 100 mm au sud de l’Atlas saharien), de l’altitude (sur les principaux massifs, les précipitations augmentent et les températures diminuent) et de la position (mieux abrité, l’Oranais est nettement plus sec que l’Algérois et le Constantinois).

Le compartimentage du relief tend à accentuer les oppositions climatiques. Au sud, le Sahara offre de vastes contrastes entre les étendues monotones de plateaux couverts de pierraille (hamadas du Draa), les cuvettes ourlées de dunes (Grand Erg occidental, Grand Erg oriental) et les reliefs imposants des massifs montagneux de l’extrême Sud, centrés sur le Hoggar, qui culmine vers 3 000 m. Au nord, dans le Maghreb proprement dit, deux bourrelets montagneux aux formes vigoureuses encadrent les Hautes Plaines intérieures, où quelques djebels (montagnes) isolés dominent de vastes cuvettes, dont le fond est souvent occupé par des sebkhas (lacs d’eau saumâtre, réduits en été à une pellicule de sel). Dans le Tell, des plaines littorales ou sublittorales de petite dimension (Mitidja) alternent avec des massifs montagneux relativement peu élevés, mais aux reliefs très escarpés, qui juxtaposent des éléments de massifs anciens (Grande Kabylie) et des morceaux de couverture sédimentaire (calcaires, marnes, grès, flysch) violemment plissés, failles et redressés, en plusieurs phases, à l’ère tertiaire. Au sud des Hautes Plaines et au contact du Sahara, un deuxième bourrelet montagneux, l’Atlas saharien, élève les formes plus lourdes de plissements plus réguliers dans un matériel à base de calcaires et de marnes.


Les régions et les paysages

La combinaison du relief et du climat détermine des milieux de vie souvent contrastés et assez variés. Ceux-ci se dégradent de plus en plus vers le sud, expliquant en grande partie la dissymétrie profonde de l’espace algérien.

La bordure tellienne, au contact immédiat des rivages méditerranéens, apparaît comme la zone la plus favorisée : de belles montagnes humides y dominent de leurs versants escarpés et boisés des plaines étroites et marécageuses à l’état naturel. La végétation y est celle du milieu méditerranéen, groupée en forêts de chênes verts, de chênes-lièges et de pins d’Alep ou dégradée en maquis et en garrigues. Une érosion violente, au cours de la période hivernale, ravine les versants lorsqu’ils se trouvent dénudés. Cependant, les conditions ne sont pas exactement semblables d’est en ouest.

Les montagnes de Grande et de Petite Kabylie dominent le Tell oriental, ne laissant qu’une place très réduite à de petites plaines littorales (Bejaia, Djidjelli, Skikda, Annaba) ou à des bassins intérieurs resserrés derrière des défilés escarpés (oueds Soummam, Rummel, el-Kebir, Seybouse). Des noyaux de massifs anciens, redressés et profondément disséqués par l’érosion, tombent en corniche sur la mer (Grande Kabylie, Collo, Edough) et sont enveloppés vers le sud par les puissantes « sierras » calcaires du Djurdjura, des Bibans et des Babors qui portent à plus de 2 000 m les sommets les plus élevés. Cette région, la plus densément montagneuse de toute l’Algérie, est aussi la plus humide. Des lames d’eau de 1 à 2 m tombent annuellement sur ces djebels, souvent sous forme de neige. Des forêts de cèdres occupent les plus hauts sommets, mais c’est la futaie de chênes-lièges, encombrée d’un épais sous-bois broussailleux, qui couvre les pentes humides et siliceuses de la Grande Kabylie et des péninsules de Collo et d’Edough. C’est ici, par excellence, l’Algérie des grands djebels, humides et boisés.