Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Degas (Edgar) (suite)

 G. Rivière, Monsieur Degas, bourgeois de Paris (Floury, 1935). / P. Valéry, Degas, danse, dessin (Gallimard, 1938 ; nouv. éd., 1965). / P. Jamot, Degas (Skira, 1939). / J. Adhémar, Essai de catalogue des monotypes de Degas (Bibliothèque nationale, 1942). / J. Rewald, l’Œuvre sculpté de Degas (New York, 1944). / D. Rouart, Degas à la recherche de sa technique (Floury, 1946). / P.-A. Lemoisne, Degas et son œuvre (Arts et métiers graphiques, 1949-50 ; 4 vol.). / D. Cooper, Pastels d’Edgar Degas (Weber, 1954). / P. Cabanne, Edgar Degas (Tisné, 1958). / J. Bouret, Degas (Somogy, 1965). / J.-P. Crespelle, Degas et son monde (Presses de la Cité, 1972). / Tout l’œuvre peint et sculpté de Degas (Flammarion, 1974).

De Gasperi (Alcide)

Homme d’État italien (Pieve Tesino, Trentin, 1881 - Sella di Valsugana 1954).



Une première carrière politique

Il naît sujet autrichien dans ce Trentin dont tout Italien, avant 1914, porte le deuil. Étudiant en lettres à l’université de Vienne, ce fils de la vieille bourgeoisie italienne appuie le mouvement irrédentiste. Poursuivant des études supérieures de droit à Innsbruck, il est arrêté, en 1904, pour avoir participé à un meeting d’étudiants réclamant la création d’une université italienne en Autriche. L’année suivante, De Gasperi devient membre militant de l’Union politique populaire et, en 1906, directeur du journal Il Trentino, qui lutte pour faire triompher les intérêts des Italiens soumis aux Habsbourg.

Élu député du district de Fiemme au Reichsrat de Vienne (1911), il prend position en faveur de l’autonomie tridentine. Et, tout naturellement, il est de ceux qui, le 25 octobre 1918, proclament la volonté du Trentin d’être réuni à l’Italie. Cette annexion étant devenue un fait à la suite du traité de Saint-Germain-en-Laye (10 sept. 1919), De Gasperi se signale comme l’un des membres les plus en vue du jeune parti populaire italien (Partito popolare italiano, PPI) que vient de fonder don Luigi Sturzo et qui se réclame de la démocratie chrétienne. Il préside même, à Bologne, le premier congrès du PPI. Élu député de Trente en 1921, il joue, auprès de don Sturzo, le rôle de conseiller pour les affaires germaniques, rôle que lui permet de tenir sa parfaite connaissance de la langue allemande.

Président du groupe parlementaire du PPI, il est bientôt en butte à la persécution fasciste. Au lendemain du meurtre de Matteotti (10 juin 1924), De Gasperi, qui remplace don Sturzo, démissionnaire (1923), comme secrétaire général du PPI, refuse de siéger au Parlement et se retire dans le nord du pays. Mais, au cours de l’année 1925, les ultimes libertés qui subsistent en Italie sont foulées au pied par Mussolini. Le 9 novembre 1926, le Duce fait prononcer la déchéance de tous les députés opposés au fascisme ; De Gasperi est jeté en prison pour quatre ans.

Relâché après seize mois, il vit vingt ans dans l’ombre du Vatican, qui le protège : Pie XI le fait nommer fonctionnaire à la Bibliothèque vaticane.


Le chef de la démocratie chrétienne en Italie

Après la chute du régime fasciste, la démocratie chrétienne s’impose comme l’une des principales forces politiques. Alcide De Gasperi s’affirme très vite comme son chef. Dès 1944, dans Il Popolo clandestin, où il signe sous le pseudonyme de « Démophile », il a tracé son programme économique et social. Pour De Gasperi, le but de l’État est de procurer à tous du travail : la participation des travailleurs à l’entreprise, le contrôle des monopoles, la socialisation des industries d’intérêt public, la disparition du prolétariat rural sont, à ses yeux, les principales étapes fixées à l’action des hommes de son parti. Sur le plan constitutionnel, il préconise une transformation du Sénat en un Haut Conseil des professions. Ce programme hardi et novateur est substantiellement identique à celui dont se réclament alors les socialistes et les communistes.

Dès la libération de Rome (1944), De Gasperi se jette dans l’action directe. Avec d’anciens membres du PPI et de jeunes éléments, il fonde le parti démocrate-chrétien (Partito della Democrazia cristiana, PDC), dont il est élu secrétaire général. Lorsque le comité de libération nationale, présidé par le socialiste Bonomi, forme un ministère dit « de l’hexarchie » (il groupe les six partis issus de la Résistance), De Gasperi accepte un poste de ministre sans portefeuille (18 juin - 10 déc. 1944). La netteté de sa pensée, jointe à une habileté diplomatique manifestée dès l’entrée des Alliés à Rome, le fait désigner comme ministre des Affaires étrangères, charge qu’il assume au sein du second cabinet Bonomi et du cabinet Parri (déc. 1944 - nov. 1945).

Sa position est délicate, car, adversaire du fascisme, il représente un pays ruiné par la faute du fascisme, une Italie qui a été entraînée dans le désastre par son alliée, l’Allemagne nazie, et à qui les vainqueurs veulent faire payer le prix de sa défaite.

Lors de la conférence de Londres de septembre 1945, De Gasperi, qui trouve partiellement appui auprès d’un autre démocrate-chrétien, Georges Bidault, déploie de telles qualités diplomatiques que, tout naturellement, c’est vers lui que les partis au pouvoir se tournent quand le cabinet Parri tombe à la suite de la démission des députés libéraux hostiles à un développement de l’épuration.


Un président du Conseil inamovible

C’est le 10 décembre 1945 qu’Alcide De Gasperi devient président du Conseil à la tête d’un cabinet comprenant, outre des démocrates-chrétiens, des communistes, des socialistes et des républicains. Il garde, par ailleurs le portefeuille des Affaires étrangères, portefeuille dont il sera titulaire jusqu’en février 1947, puis de 1951 à 1953.

Le 2 juin 1946, lors des élections constituantes, le PDC obtient 35,2 p. 100 des suffrages ; le référendum organisé le même jour fait triompher la république sur la monarchie, solution que le premier congrès du PDC a préconisée. L’audience des démocrates-chrétiens est renforcée par les fissures qui s’élargissent dans le bloc formé par les deux autres partis de masse — communistes et socialistes de toute obédience —, encore que, dans ces années qui suivent la fin de la guerre, De Gasperi maintienne des rapports cordiaux avec Togliatti et Saragat.