Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Decazes (Elie, duc) (suite)

Isolé, menacé, Decazes est abandonné par Louis XVIII. Le 17 février, il quitte le gouvernement. On lui offre en compensation le poste d’ambassadeur à Londres. Mais il ne demeure pas longtemps en exil. En décembre 1821, il résigne son poste pour participer à la lutte contre Villèle. Jusqu’à la fin de la Restauration, au sein de la Chambre haute, il ne cessera de combattre la faction ultra triomphante, puis il se ralliera à la monarchie de Juillet.

Il se consacrera désormais à l’exploitation de ses domaines girondins et à la création d’entreprises industrielles. La principale, la Compagnie des forges houillères de l’Aveyron, naîtra en 1826 dans une bourgade rurale, qui portera par la suite le nom de son fondateur (Decazeville).

J. L. Y.

➙ Restauration.

 E. Daudet, Louis XVIII et le duc Decazes (Plon, 1899). / P. de La Gorce, la Restauration. Louis XVIII (Plon, 1926). / G. de Bertier de Sauvigny, la Restauration (Flammarion, 1955 ; nouv. éd., 1963). / R. Langeron, Decazes ministre du roi (Hachette, 1960).

Deccan ou Dekkan

Région de l’Inde.


Le Deccan (Dekkan, Dakkhin ou Dakshin) est étymologiquement le Dakhshināpatha, ou « route de droite », c’est-à-dire la route du sud pour les Indo-Aryens de l’Inde ancienne. Géographiquement, c’est l’Inde centrale et péninsulaire, qui forme un ensemble assez différent de l’Inde septentrionale. Sa limite historique coïncide avec une limite topographique : la ligne de hauteurs des monts Vindhya et Kaimur.


Structure géologique

Si l’on excepte ses bordures sédimentaires et alluviales, le Deccan apparaît comme un fragment de l’ancien continent de Gondwānā. C’est un bouclier précambrien, constitué essentiellement par un socle de gneiss variés, qui font place localement à des paragneiss et des schistes cristallins, également variés, tels que les khondalites de l’Orissa (ainsi nommés d’après la tribu des Khonds). Sur ce socle fondamental reposent, par endroits, d’importantes formations sédimentaires. Le système du Dhārwār (approximativement Huronien) est constitué, en réalité, par une série de systèmes discordants, dont les caractères lithologiques sont très divers et qu’il est souvent difficile de distinguer des roches non sédimentaires ; ses formations, présentes depuis les Arāvalli jusqu’à Ceylan, sont particulièrement développées sur le plateau du Karnātak (région de la ville de Dhārwār) ; elles subsistent généralement sous la forme d’affleurements synclinaux, allongés et étroits. Plus tardifs sont les sédiments métamorphisés du système de Cuddapah (Kadapa) [Algonkien], composé de trois systèmes discordants reposant sur l’Archéen et le Dhārwār ; ses formations (schistes, quartzites, grès) sont développées dans l’est du Deccan, notamment dans la plaine de Chhattīsgarh, dans la région de Bastar et, plus au sud, dans les chaînes de Cuddapah (du nom de la ville de Cuddapah). Avec les intrusions locales de granité, avec les nombreux dykes de dolérites et surtout les importantes formations de charnockites, surgies plus tardivement le long de certains plans de cassure, se complète le tableau lithologique du vieux socle.

Ce socle est resté constamment émergé depuis l’époque primaire ; les transgressions marines ne l’ont affecté que sur une mince bordure. Aussi les dépôts qui l’ont recouvert sont-ils presque partout d’origine continentale. Ce sont d’abord les formations du système de Gondwānā (du nom de la tribu des Gonds), développées dans l’Inde centrale, et qui sont des schistes, grès, couches de houille, d’origine fluviatile et lacustre ; elles se sont conservées dans des auges de subsidence, les auges permiennes, dans lesquelles les rivières accumulaient leurs débris, notamment les zones de la Dāmodar (Bihār-Bengale), de la Mahānadi (Madhya Pradesh, Orissa), de la Godāvari (Andhra Pradesh). Par la suite, la couverture la plus importante est celle des laves du Deccan, épaisses couches de basalte, horizontales, qui s’étendent sur tout le nord-ouest du Deccan et la plus grande partie de la presqu’île de Kāthiāwār ; leur âge présumé se place du Crétacé supérieur à l’Éocène. Seules les marges littorales sont constituées de sédiments marins, jurassiques, crétacés, et surtout néogènes, les grès de Cuddalore (Gūdalūr), d’origine marine ou continentale, contenant des couches de lignites.


Relief

Dans sa topographie, le Deccan est caractérisé d’abord, comme les autres vieilles régions de bouclier, par des surfaces d’aplanissement étendues, d’âge jurassique, crétacé, tertiaire, qui ont évolué en pénéplaines ou en glacis suivant les circonstances locales. Il a été affecté de cassures, avec soulèvement et basculement de blocs, qui ont donné naissance aux reliefs de « ghāt » (un ghāt, dans le langage courant, est une série de degrés, un quai, une jetée et, par extension, le chemin qui escalade une montagne). Mais l’érosion a créé aussi des formes de relief rajeuni dans un style plus ou moins appalachien.


Les régions septentrionales

Le nord du Deccan a son architecture propre caractérisée par la direction dominante de ses reliefs. La chaîne des Arāvalli n’est qu’un vestige d’une chaîne puissante, née après le Dhārwār, et que l’on présume s’être étendue primitivement jusqu’à la zone actuelle de l’Himālaya ; à la suite de plusieurs pénéplanations, le relief actuel, d’altitude très modérée (1 000 à 1 200 m dans la partie la plus haute, 1 697 m au mont Abu), n’est que le résultat d’un rajeunissement de type appalachien. Partout ailleurs, le nord est constitué par des plateaux dans lesquels de grandes cassures est-ouest, accompagnées de basculement de blocs, ont dessiné les lignes fondamentales du relief : les grandes auges de la Narbadā et de la Sōn (affluent du Gange), de la Tāpti ; les alignements de collines basses (600 à 900 m), les Vindhya et les Kaimur, les Sātpurā et les Mahādeo, qui ne sont que des rebords de plateaux basculés. C’est la partie du Deccan où le drainage, par la Narbadā et la Tāpti, est dirigé vers l’ouest. Mais les épanchements basaltiques ont engendré un contraste entre l’est et l’ouest. Sur les plateaux orientaux, du Bundelkhanđ au Chotā Nāgpur, c’est le paysage des hautes surfaces cristallines, bosselées et disséquées. Au contraire, les plateaux occidentaux doivent à leur couverture de basalte des aspects tabulaires très réguliers (mesas limités par des corniches raides et des gradins). Ce type de relief s’étend jusqu’au Kāthiāwār, et même sur une frange du Katch, où il recouvre non plus le socle archéen, mais des roches secondaires.